Après 10 ans d’arrêt, D. Meffray renoue avec l’engraissement de taurillons
TNC le 27/09/2024 à 05:21
Convaincu par la hausse des prix des bovins finis, Dominique Meffray engraisse désormais l’intégralité de la suite de son troupeau de 70 vaches allaitantes sur la ferme, et achète même quelques broutards. Si pour lui, les prix ne permettent pas encore de justifier des investissements, ils encouragent à se détourner de la vente de bovins maigres.
Installé en 2010 dans la Sarthe, Dominique Meffray a rapidement délaissé l’engraissement de jeunes bovins au profit des grandes cultures et de l’atelier naisseur. « Il y a dix ans, les taurillons finis se vendaient à peine 500 € plus cher que les broutards. Ça ne valait pas le coup de s’embêter », raconte l’agriculteur, un peu amer en passant en revue le cours de la viande de ces dix dernières années.
« Je ne suis pas de ceux qui sont piqués à l’élevage. J’aime les bêtes, c’est sûr. Mais si elles sont encore là, c’est surtout pour faire quelque chose de ma soixantaine d’hectares de pâtures. Sans ça, j’aurais sûrement arrêté », explique Dominique, à la tête de 70 vêlages en races Charolaise et Rouge des Prés.
Il y a deux ans, la hausse du prix des bovins finis a changé la donne. Les hangars d’engraissement ont repris du service. Et l’éleveur achète même quelques broutards à l’extérieur. Son objectif : sortir une centaine de taurillons finis l’année prochaine.
Le delta de prix entre le maigre et le bovin fini a permis à l’engraissement de gagner en rentabilité. Comptez dans les 1 200 € pour un broutard de 300 kg, pour des prix de sortie autour des 2 200 € à 430 kg vifs sur le dernier exercice. « On est grosso modo à un prix de vente de 5,20 € du kilo. Tout l’enjeu reste de trouver des broutards à un tarif accessible », tranche l’éleveur.
400 € de marge sur coût alimentaire par broutard
Le niveau de prix a permis à Dominique de dégager une marge sur coût alimentaire de 400 € par broutard. « L’hiver, je nourris les animaux avec une ration à base d’ensilage de maïs que je complète avec de l’aliment du commerce. L’été, lorsque le silo est fermé, je passe en ration sèche. » Il faut compter 2,55 € par jour et par taurillon pour la ration hivernale, et 2,85 € pour la ration d’été. « La période estivale me coûte un petit peu plus cher, mais je n’ai pas suffisamment de taurillons pour faire avancer assez rapidement le front d’attaque du silo », estime l’agriculteur.
Chat échaudé craint l’eau froide. Dominique reste prudent : « je me suis lancé dans le taurillon parce que j’avais des hangars disponibles sur la ferme. S’ils n’étaient pas là, je ne pense pas que j’aurais eu assez confiance en la filière pour investir ». Pour l’éleveur, les niveaux de prix actuels ne permettent pas encore de supporter des investissements de fond. « On attend un vrai signal. On nous dit qu’il manque de viande, mais les bovins sont payés juste assez pour maintenir la filière à flot. Ça marche pour moi, mais je ne suis pas sûr que ça suffise à convaincre mes enfants de s’installer avec des bovins. »
Une ration différente l’été et l’hiver
Côté itinéraire d’engraissement, il mise sur un itinéraire simple, qui alourdit peu son travail quotidien.
« Les broutards entrent en bâtiment d’engraissement vers 8 mois, vaccinés contre les troubles respiratoires. » Si cela représente un coût supplémentaire d’une trentaine d’euros par bête, l’éleveur n’y voit que des avantages. « On est sur des animaux qui ont un certain coût. Le moindre décès représente une perte sèche à l’échelle de l’atelier, et tout le monde sait que les maladies n’aident pas à faire de bonnes croissances. »
Les jeunes bovins connaissent alors deux à trois semaines de transition, à l’herbe et à la paille, avant d’entamer l’engraissement. « Cela leur permet de passer la période d’acclimatation avec une ration qui ne coûte pas trop cher », résume Dominique. Après cette transition, les animaux passent aux rations d’engraissement évoquées en encadré.
Les taurillons quittent la ferme autour des 16 – 17 mois, avec un poids de sortie autour des 430 kg vifs. « Je les fais partir petit à petit à l’œil pour détasser les cases et bien finir les derniers. »
En rythme de croisière, l’atelier d’engraissement demande une heure et demie à l’éleveur par jour. « Je paille quotidiennement, je surveille un petit peu et je distribue la ration. » À cela s’ajoute le temps consacré au curage et cultures fourragères sur la ferme. Avant de conclure : « tant que je vois que je suis dans les 300 € de marge sur coût alimentaire par taurillon, je continue. En deçà, je ne suis pas sûr que l’astreinte vaille la rémunération permise ».