Accéder au contenu principal

Une baisse tendancielle des surfaces de céréales depuis 10 ans


TNC le 01/10/2024 à 09:30
ChampdeblEtendre

Depuis 2015, les surfaces de blé tendre ont connu un recul particulièrement marqué en 2020 et 2024. (© Mirosław i Joanna Bucholc/Pixabay)

Orientées à la hausse entre 1990 et 2015, les surfaces de céréales (notamment le blé et le maïs) connaissent une tendance à la baisse depuis, avec une forte variabilité annuelle et une sole de blé particulièrement faible en 2024. Le recul global des céréales est compensé en partie par la progression des oléoprotéagineux et d’autres grandes cultures. Des évolutions analogues sont observées dans les autres pays céréaliers de l’Union européenne.

Après un point haut en 2015, à plus de 5 millions d’ha, « la sole de blé tendre baisse tendanciellement depuis, avec deux années de recul particulièrement marqué en 2020 et 2024. Les précipitations des derniers trimestres 2019 et 2023 ont empêché les agriculteurs de semer les cultures d’hiver prévues. Les surfaces sont ainsi inférieures à 4,3 Mha en 2024, comme en 1993 avec le gel des terres dans le cadre de la Politique agricole commune (Pac) », indique le rapport Primeur Agreste de septembre 2024.

Moins de maïs grain, mais plus d’orge

« Depuis le milieu des années 1990, les surfaces d’orge ont, de leur côté, tendance à augmenter : atteignant désormais près de 2 Mha, elles sont devenues supérieures aux surfaces de maïs depuis 2015. Ces dernières ont quant à elles tendance à diminuer depuis le début des années 1990, malgré la hausse des surfaces consacrées aux semences et les rebonds conjoncturels de 2020 et de 2024. Cette dernière est par ailleurs atypique, avec une hausse de 21,4 % des surfaces de maïs par rapport à 2023, du fait de report de semis de cultures d’hiver vers des cultures de printemps. »

Le rapport souligne que « cette baisse des surfaces de maïs grain est surtout localisée en Nouvelle-Aquitaine, où se trouve plus d’un quart de la sole française. Cette région concentre néanmoins également près de la moitié des surfaces de maïs semences, qui augmentent depuis les années 2010. »

Des surfaces de blé dur divisées par 2 en 14 ans

« En hausse jusqu’en 2010, la sole de blé dur a diminué de moitié depuis, atteignant 240 000 ha en 2024. » Le service statistique du ministère de l’agriculture souligne « un rapport de prix insuffisamment élevé entre le blé dur et le blé tendre pour rendre la culture attractive certaines années. »

Historiquement concentrée dans quatre bassins (Centre, Pays de la Loire, Poitou-Charentes, Occitanie et Provence-Alpes-Côte-d’Azur), « la culture se diffuse néanmoins dans les territoires, en lien avec la diversification des cultures et dans certaines régions où le climat ne s’y prêtait pas auparavant ».

Surfaces de blé dur en 1990 et en 2024. (© Agreste – SAA (semi-définitive pour 2023) Estimation précoce de production au 1er août 2024)

« Comprises entre 140 000 et 180 000 ha au début des années 1990, les surfaces de triticale atteignent un point haut en 2012, à plus de 400 000 ha. Elles reculent depuis, mais restent à un niveau nettement supérieur à celui du début des années 1990, avec un rebond dans les années 2021-2023 (à plus de 325 000 ha). En revanche, les surfaces d’avoine ont diminué de moitié sur la période et les surfaces de seigle restent en dessous des 50 000 ha depuis 1993. Quant au sorgho, incorporé dans l’alimentation animale principalement, ses surfaces profitent, comme pour le maïs au demeurant, des reports liés aux diminutions des céréales d’hiver. »

Les surfaces d’oléagineux

« Les surfaces d’oléagineux connaissent globalement une hausse depuis 1990, et particulièrement en 2022 et 2023 (suite au déclenchement de la guerre en Ukraine). Estimées à 2,3 Mha, elles restent à un niveau historiquement élevé en 2024, dont 1,3 Mha de colza, principal oléagineux cultivé dans le contexte du développement des usages de l’huile de colza et de la filière biodiesel. Les surfaces de tournesol atteignent au moins les 0,8 Mha depuis 2022, une première depuis 1999. Quant à la sole de soja, elle augmente nettement à compter de 2015 et est supérieure à 150 000 ha depuis 2018. »

Ces dernières années, la hausse des surfaces d’oléagineux compense en partie le recul de celles de céréales.

« Cette culture ainsi que la culture des protéagineux (pois purs, mélanges, fèves et féveroles, lupin doux et autres protéagineux) ont bénéficié des aides mises en place dans le cadre des plans « protéines végétales » initiés en 2014 et 2020. Après avoir nettement diminué depuis 1990 où elles dépassaient les 700 000 ha, les surfaces se sont maintenues au-dessus des 200 000 ha depuis 2014, avec des fluctuations annuelles et un point haut à 330 000 ha en 2020 et 2021 », note Agreste.

La sole de légumes secs (lentilles, pois chiches, et haricots secs) suit une tendance à la hausse, passant de 10 000 ha au début des années 2000 à environ 60 000 ha sur les années récentes, après le point haut de 2019 à près de 80 000 ha.

Les cultures industrielles dans une dynamique de croissance

« Les surfaces de pommes de terre de conservation et demi-saison (frais et industrie) augmentent régulièrement, passant de 100 000 ha en 1990 à 178 000 ha en 2024, en lien avec une demande industrielle française et européenne de plus en plus importante. Après 475 000 ha en 1990, celles des betteraves industrielles semblent fluctuer autour des 400 000 ha depuis une quinzaine d’années. Elles ont toutefois connu une période de forte augmentation en 2017 et 2018, en lien avec la fin des quotas de production de sucre établis par l’Union européenne avant de se replier. »

Du côté des plantes à fibre (lin textile et chanvre principalement), « les surfaces connaissent une dynamique de forte croissance. Elles ont en effet dépassé les 100 000 ha en 2016, pour atteindre 160 000 ha en 2020, soit plus du double des niveaux observés au cours de la décennie 1990. »

Une tendance à la baisse des surfaces céréalières aussi dans les autres pays de l’UE

Dans les autres principaux pays céréaliers de l’Union européenne, le déclin de la sole céréalière a débuté depuis plus longtemps, observe le rapport Agreste.  « Entre 2008 et 2023, les surfaces diminuent de 16,4 % en Pologne, de 13,7 % en Allemagne et de 19,1 % en Espagne (contre — 9,3 % en France). En Pologne, cette baisse est en partie compensée par la forte hausse des oléagineux (+ 50,4 %). En Allemagne, les surfaces d’oléagineux repartent à la hausse depuis 2020, sans toutefois retrouver le niveau de 2008 (- 7,0 % entre 2008 et 2023) » .

« En Espagne, les surfaces d’oléagineux sont plutôt stables depuis 2008 (- 2,3 % entre 2008 et 2023). Pour la Roumanie, la situation diffère quelque peu : entre 2008 et 2023, si la sole céréalière est relativement stable (+ 0,6 % entre 2008 et 2023), les surfaces d’oléagineux ont quant à elles fortement augmenté (+ 54,5 % entre 2008 et 2023). »