Accéder au contenu principal

Au chevet des éleveurs, premières annonces agricoles pour le gouvernement


AFP le 04/10/2024 à 15:27

« Des prêts garantis », « 75 millions d'euros » contre la fièvre ovine et du bon sens : Michel Barnier a réservé aux éleveurs ses premières annonces vendredi au Sommet de l'élevage en Auvergne, se disant à l'écoute des « inquiétudes » du secteur sans « raconter d'histoires ».

Le Premier ministre a annoncé « une enveloppe de 75 millions d’euros » pour « faire face à la FCO (fièvre catarrhale ovine) de sérotype 3 », considérée comme une nouvelle épizootie alors que des FCO de sérotype 4 et 8 sont présentes en France depuis plusieurs années.

Michel Barnier, ancien ministre de l’agriculture, a expliqué vouloir cibler cette maladie émergente « pas pris(e) en compte » dans les systèmes d’indemnisation existants, pour soulager immédiatement les élevages concernés.

Apparue dans le nord de la France début août, cette épizootie, qui n’est pas transmissible à l’homme, fait rage en Europe et progresse rapidement sur le territoire : 4 644 foyers étaient recensés au 3 octobre, selon le dernier bilan officiel.

Face à cette flambée, la ministre de l’agriculture Annie Genevard a annoncé jeudi l’extension de la vaccination contre la FCO 3 – qui a débuté le 12 août dans le nord du pays – « à toute la France pour la filière ovine » , la plus touchée par cette maladie qui affecte également les bovins.

« Besoin d’oxygène »

Dans les allées du salon, à Cournon-d’Auvergne, les éleveurs ont salué ces mesures concernant la FCO 3 mais nombre d’entre-eux attendaient un geste plus large dans une région frappée par la FCO 8.

« Ici c’est la FCO 8 monsieur le Premier ministre » , lui a rappelé Michèle Baudoin, présidente de la Fédération nationale ovine (FNO), section spécialisée du syndicat majoritaire FNSEA. « On a 4 800 foyers sur la région Auvergne-Rhône-Alpes. On a de 20 à 60 % de mortalité dans certaines fermes. Moi j’ai perdu 75 brebis sur 500 » , lui a-t-elle dit, relayant l’appel de l’ensemble des syndicats à une prise en charge globale des vaccins pour ces fièvres ovines.

La FNSEA estime que l’épizootie de FCO nécessiterait entre « 100 et 150 millions d’euros » d’indemnisations pour les éleveurs de brebis.

Prudent, le Premier ministre a dit qu’il n’oublierait pas les agriculteurs mais qu’il ne voulait « pas raconter d’histoire » , eu égard au budget contraint qui s’annonce.

Alors que d’autres secteurs agricoles ont vécu une année difficile, dans la vigne ou les plaines céréalières où la moisson 2024 est la pire en 40 ans, Michel Barnier a annoncé un soutien aux « exploitations qui sont touchées par des difficultés graves actuellement et qui ont besoin d’oxygène ».

« Avec les banques disponibles, il y en a beaucoup qui sont partenaires du monde agricole, nous allons organiser ce dispositif de prêts à taux garantis par l’Etat pour les exploitations qui en ont besoin », a-t-il affirmé, répondant à une demande répétée de la FNSEA.

Toujours sur les questions d’urgence, il a voulu apporter une première réponse aux « contradictions » de « réglementations qui tombent d’en haut, parfois de Bruxelles, parfois de Paris, et qui ne sont pas adaptées au terrain » .

« Moment clé » 

Ainsi, il a annoncé le report du 1er octobre au 15 novembre du délai fixé « pour l’ensemble des travaux d’épandage dans les exploitations agricoles » : une mesure présentée comme de bon sens alors que les champs sont actuellement « gorgés d’eau » , empêchant les travaux dans de nombreux départements.

Conscient des attentes depuis l’hiver dernier, le chef du gouvernement a réaffirmé que la loi d’orientation agricole, votée en mai à l’Assemblée nationale, poursuivrait son chemin au Sénat, où elle sera « inscrite à l’ordre du jour du mois de janvier, le plus tôt possible après le budget ».

Très attendue par le secteur, cette loi d’orientation pour la souveraineté en matière agricole et le renouvellement des générations en agriculture (LOA) doit mettre en oeuvre de nombreuses revendications exprimées en janvier et février dernier.

Le texte notamment place l’agriculture au rang d’intérêt général majeur, met en place un guichet unique pour l’installation de nouveaux agriculteurs, facilite la construction de bâtiments d’élevage ou de réserves d’eau.

Plusieurs fois interpellé sur la menace du loup sur les troupeaux, le Premier ministre a estimé qu’une nouvelle évaluation officielle du nombre de loups en France mi-décembre représenterait un possible « moment clé » pour augmenter les abattages.