Le retour de la pluie détend les prix mondiaux des céréales et du soja
AFP le 16/10/2024 à 21:48
Le retour de la pluie dans les plaines russes comme en Amérique latine a entraîné une détente sur les prix mondiaux du blé, du maïs et du soja, dans un marché des matières premières agricoles assez volatil.
Ces derniers jours, « l’arrivée de pluies bénéfiques pour les semis de blé en Russie, ceux du maïs en Argentine et du soja au Brésil contribuent à une détente des prix dans un marché qui reste toutefois volatil », résume Sébastien Poncelet, analyste chez Argus Media France.
De la Bourse de Chicago à celle de Paris, les cours ont baissé. Mercredi, la tonne de blé tendre s’échangeait autour de 227 euros sur Euronext et le maïs à 211 euros la tonne, en baisse d’environ 2 % sur une semaine.
« Pression de la récolte »
En dépit de bombardements réguliers en mer Noire et notamment lundi sur le port d’Odessa – débouché majeur pour les grains ukrainiens -, la météo et l’avancée des travaux agricoles est quasiment la seule boussole du marché, relèvent plusieurs courtiers et analystes.
« On a eu une grosse remontée des cours ces trois dernières semaines » pour le blé, le maïs et le soja, qui était surtout liée à la sécheresse au Brésil et à la retenue des producteurs américains, qui ont limité volontairement les quantités mises sur le marché, pour Jason Roose analyste pour US Commodities.
A l’inverse, le mouvement des derniers jours s’explique par « les bons semis et les précipitations au Brésil, et de meilleurs rendements que prévu pour le maïs et le soja aux Etats-Unis », indique-t-il.
En cette période, s’exerce traditionnellement une « pression de la récolte » sur les prix, qui baissent à mesure que gonflent les volumes de grain arrivant sur les marchés.
La situation du soja est très directement liée à la météo brésilienne : le prix de la graine oléagineuse souffre parce qu’ « il pleut au Brésil et que les fermiers sèment à un rythme soutenu » : « on attend une grosse récolte là-bas, qui va sérieusement concurrencer les Etats-Unis, en particulier vis-à-vis de la Chine », relève Jack Scoville de Price Futures Group.
« Retard historique » du tournesol français
Au 10 octobre, 8 % des surfaces brésiliennes dédiées au soja avaient été emblavées, soit quasiment le double de ce qui avait été constaté une semaine plus tôt, mais encore loin des 17 % plantés à la même époque l’an dernier, selon le cabinet brésilien AgRural.
Les semis restent ralentis dans l’Etat du Mato Grosso, où les producteurs attendent des pluies plus soutenues pour accélérer. Les Etats du Parana et du Rio Grande do Sul (29 % de la production de soja à eux deux) progressent rapidement, le premier affichant le rythme le plus rapide depuis six ans, selon la même source.
Pour Arlan Suderman, de la plateforme de courtage StoneX, « la faiblesse de l’économie chinoise » pèse aussi en faveur d’une baisse des cours, « dans un contexte de moindre demande de matières premières ».
Dans un marché où l’offre globale de grains est abondante, il demeure toutefois des facteurs de soutien des prix : le blé européen limite son repli du fait de « l’opacité » de la politique des prix pratiquée en Russie – qui entretient l’incertitude -, tandis que les cours des oléagineux sont soutenus par « le maintien d’une très grande fermeté de l’huile de palme » à la Bourse de Kuala Lumpur, « parce qu’il y a une grosse dynamique acheteuse en Inde », a relevé Sébastien Poncelet.
La situation la plus préoccupante du moment, pour le spécialiste des céréales, est celle de la France, première puissance agricole européenne.
Après une récolte de blé catastrophique, la France peine à moissonner ses tournesols – « la récolte accuse un retard historique » avec des tiges qui pourrissent dans l’eau – et pourrait avoir des difficultés pour les semis d’hiver, notamment le blé tendre et l’orge si les précipitations ne cessent pas, selon Sébastien Poncelet.
Mardi, le ministère français de l’agriculture a encore abaissé ses prévisions de récoltes de blé pour 2024, à 25,4 millions de tonnes (contre 35 Mt en 2023) mais aussi de tournesols, en baisse de près de 14 % sur un an à 1,8 Mt, et de – 10 % pour le colza, à 3,8 Mt.