Les acteurs de l’agrivoltaïsme se tournent vers le portage de foncier
TNC le 06/11/2024 à 05:04
Sur le plateau de la Space TV, Photosol a annoncé se lancer dans le portage de foncier pour mettre en place des projets agrivoltaïques. Akuo, autre acteur du secteur, a également présenté ses modalités d’accès au foncier.
Plus qu’un complément de revenu, les installateurs de panneaux photovoltaïques voient dans l’agrivoltaïsme une manière de faciliter l’installation des jeunes. Leur solution : le portage de foncier. « L’objectif, c’est de faire levier sur l’installation », estime Olivier Kenardel, responsable portage foncier chez Photosol sur le plateau de la SpaceTV. Acteur du solaire depuis 2018, Photosol s’est spécialisée dans les centrales au sol. « Nous allons identifier de la surface agricole, des fermes à céder sur des secteurs qui ne vont pas bien, je pense par exemple aux filières d’élevage, pour déployer des projets », poursuit l’expert.
Acheter des parcelles pour installer des jeunes
Concrètement, l’entreprise prévoit d’acheter des surfaces pour des agriculteurs ayant des projets d’installation. « Une fois qu’on a acheté les parcelles, on va déployer notre projet agrivoltaïque sur 4 ou 5 ans. L’agriculteur aura accès gratuitement au foncier sur cette période », décrypte Olivier Kenardel. « À l’issue de cette phase, on lui proposera s’il le souhaite, un crédit vendeur qui permettra le transfert de propriété ». Une manière de délester le jeune installé de la phase de gestion de projet, et de devenir propriétaire une fois le dispositif en place. « Un calendrier d’annuités, sur 15, 20 ou 25 ans qui équivaudra à la valeur du fermage sera mis en place pour l’acquisition de la parcelle ». Les panneaux restent la propriété de l’exploitant agrivoltaïque.
Un bail emphytéotique à long terme lie le propriétaire des terres à l’exploitant des panneaux sur une durée à déterminer. L’entreprise s’engage à démanteler l’installation à l’issue du bail.
Pour l’entreprise, l’agrivoltaïsme est une aubaine pour l’installation. Sans parler du revenu supplémentaire permis par la mise à disposition du terrain au gestionnaire des panneaux. « Le fait qu’il y ait un projet agrivoltaïque dans le dossier de portage a de nombreux avantages. Il y a la rémunération de l’agriculteur qui sécurise l’installation, mais aussi des plus-values agronomiques », complète Gabriel Brezet, codirecteur business développement chez Photosol.
Des fonds d’investissement dédiés à l’agrivoltaïsme
Photosol n’est pas la seule entreprise du secteur à s’essayer au portage. Akuo, spécialisé dans la production d’énergie renouvelable a également ses stratégies de mise à disposition de foncier. « Nous avons créé le fond Maïf transition, conjointement avec l’assureur du même nom, pour accompagner les agriculteurs dans une transition énergétique », décrypte Justine Abgrall, cheffe de projet chez Akuo Ouest.
Concrètement, le fond d’investissement achète des terres sur lesquelles seront installés des panneaux solaires conjointement à un projet agricole. « Nous avons plusieurs projets en France », explique Justine Abgrall. « Dans le Cher, la Maïf a acheté un terrain pour installer un exploitant avec un parcours de porc en plein air. Les truies sont protégées dans le parc extérieur par des ombrières agrivoltaïques ».
Travailler conjointement avec les acteurs du territoire
Les porteurs de projets tiennent à rassurer les agriculteurs. « Nous sommes obligés de passer par les Safer dès qu’on parle de foncier, par les Chambres d’agriculture parce que ce sont elles qui accompagnent les projets. Les interlocuteurs sont les mêmes que lors d’une installation classique », détaille Juliette Bouche d’Agriterra, partenaire agricole d’Akuo.
Même discours chez Photosol : « Nous essayons de nous insérer sur le territoire sans déstabiliser les marchés fonciers », confirme Gabriel Brezet. « Quand on se positionne pour acheter une ferme, on contacte systématiquement la Safer ». Une manière d’avoir un avis sur les prix proposés. « Comme on achète une parcelle 5 ans avant que le projet agri PV sorte de terre, on veut payer le juste prix ». Pas question également d’acheter des terres sans agriculteurs : « on achètera la parcelle pour de bon que si l’on trouve un agriculteur ou une agricultrice prêt à s’installer ».