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« Je dégage entre 40 et 50 k€ de CA avec des savons au lait de vache »


TNC le 07/11/2024 à 09:26
Atelierdutilleul

(© L'atelier du tilleul)

Après plusieurs années à s’exercer à l’art de la saponification, Laurie Poussier a rejoint officiellement son mari sur la ferme avec une savonnerie. Et le projet a fait mouche ! (Ou plutôt mousse ?) A mi-temps sur la structure, l’agricultrice se génère un complément de revenu via l’atelier de transformation.

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Depuis un peu plus d’un an, Laurie Poussier s’est installée avec son conjoint pour produire… du lait qui savonne ! Issue du monde du marketing, la jeune femme avait à cœur de rejoindre son compagnon sur la ferme, mais pas question d’arriver les mains vides. « Je voulais avoir mon propre projet », insiste Laurie.

Pour se diversifier, point de yaourts ni fromages mais plutôt des cosmétiques. « J’ai créé une savonnerie artisanale avant de m’installer », explique Laure Poussier, qui s’est prise au jeu des produits de beauté au lait de vache. « J’ai fait des formations sur les cosmétiques naturelles, sur l’herboristerie… Je suis allée me former en Provence à la saponification. Lorsque j’ai considéré que j’avais l’expérience pour le faire, j’ai commencé à travailler mes formules », résume l’agricultrice.

Le défi n’était pas des moindres. « Nous ne sommes qu’une dizaine en France à faire du savon au lait de vache. Il n’y a pas de formations spécifiques ».

Aujourd’hui, l’agricultrice propose une gamme complète qui ne s’arrête pas aux pains de savons. Shampoings, sérums huileux, baumes réparateurs et autres crèmes viennent compléter l’étal de l’Atelier du tilleul.

Je me tire un salaire, mais l’élevage reste moteur de la structure

Le pari est gagnant. Après trois ans d’activité, la savonnerie génère entre 40 000 et 50 000 € de chiffre d’affaires. « C’est dérisoire par rapport à l’activité laitière, mais ça me permet de payer mon temps », explique l’éleveuse qui passe un mi-temps dans la savonnerie, et un second mi-temps sur la ferme et ses 100 vaches laitières. « Nous avons embauché un mi-temps sur la ferme pour me permettre d’avoir du temps sur la savonnerie. C’est une activité dont je peux me tirer un salaire, sinon j’arrêterais. Mais j’insiste sur le fait que c’est une diversification, et ce qui me paye le plus, c’est l’atelier laitier et mes vaches ».

Et pour cause : le lait n’est qu’un élément parmi d’autres dans la composition des savons. Compter au maximum 30 % de lait de vache dans la formulation des produits.

Le parcours est peu commun. « J’ai fait mon plan d’installation toute seule », témoigne l’agricultrice. « Ça n’est pas toujours évident, on ne rentre pas dans les cases du système ». La création d’une SAS avec la savonnerie en amont de son installation lui a toutefois permis de gagner en crédibilité. « Les banques n’étaient pas un problème, car j’avais déjà un bilan comptable et une étude de marché qui montrait que le modèle était viable ».

Autre point bloquant : les assurances. « Il y a encore quelques flous. C’est assez compliqué de se faire assurer sur quelque chose qu’on connaît moins ». Pour le reste, les équipements ressemblent à ceux d’un laboratoire de transformation laitière traditionnel. « On travaille sur le même type de matériel qu’en alimentaire. Il y a beaucoup de parallèles ».

Une production d’aloe vera à la ferme

Comme en cuisine, la formulation des cosmétiques demande de la rigueur. Dosages, choix des produits… « J’avais à cœur de travailler exclusivement avec des produits français », confie Laurie. Et les composants naturels ne manquent pas. Huile d’olive, de chanvre, de noisette, de carthame… « La France regorge de producteurs », apprécie l’éleveuse.

L’agricultrice, qui mise sur les savons saponifiés à froid, pousse même le zèle un peu plus loin en produisant son propre aloe vera. « Je dois être la seule productrice transformatrice d’aloe vera en Ille-et-Vilaine, pour ne pas dire de Bretagne », plaisante la jeune femme, qui mise sur le fait maison pour bénéficier de produits de qualité.

L’éleveuse ne manque pas d’idée pour valoriser encore davantage sa diversification. Dans les tuyaux : l’agritourisme. « Je mets en place un gîte, pour offrir la possibilité de faire des séjours qui fassent le pont entre la cosmétique et l’agriculture ». De la grange à la savonnerie en passant par la serre d’aloe vera, l’éleveuse promet une immersion totale dans le monde de la cosmétique paysanne.