Avec Pheno3D, le pointage bovin passe à l’ère numérique
TNC le 13/11/2024 à 11:11
Avec le Pheno3D, l’Institut de l’élevage entraîne l’intelligence artificielle au pointage des bovins. Une manière d’objectiver et de simplifier l’acquisition de données.
Pheno3D vise à faire entrer le pointage des bovins à l’ère du numérique. Encore réalisé à l’œil, le pointage a le gros défaut d’être gourmand en main-d’œuvre, tout en restant relativement subjectif. « Il y a une vraie demande de la profession, qui a des difficultés à entretenir son réseau de professionnels » résume Adrien Lebreton, responsable de projet agriculture de précision à l’Idele à l’occasion du Sommet de l’élevage.
Pour évaluer un veau limousin, le pointeur doit disposer d’un agrément pour la race limousine et l’entretenir. S’il veut en plus pointer des Gasconnes, il devra passer la formation dispensée par la race. Si bien que selon les régions, les pointeurs se retrouvent à entretenir des compétences pour un large panel de races, parfois pour des cas isolés.
Une arche équipée de caméras 3D
Pour simplifier l’opération, Pheno3D propose de faire passer les bovins sous un portique doté de caméra 3D. Une intelligence artificielle, formée à l’interprétation des images, propose une note de pointage. « L’équipe de recherche a proposé quantité d’images à l’IA auxquelles sont associées les notes des meilleurs pointeurs de France », explique Adrien Lebreton. Une manière de fournir de la donnée pour affûter son modèle de prédiction.
L’intelligence artificielle fait ses preuves en race charolaise. « Nous avons gardé 20 % du jeu de données pour l’évaluer ». Résultat, le scanner permet d’estimer le poids de l’animal avec une erreur de 4 %, et fait au moins aussi bien que le pointeur pour ce qui est de l’évaluation du développement musculaire et squelettique. « On est sur un outil qui a une bonne répétabilité, et qui est moins influencé par l’allure globale du lot d’animaux », estime Adrien Lebreton.
Développer le dispositif sur 10 races
L’équipe travaille maintenant à améliorer les prédictions de poids vif, ainsi qu’à déployer la technologie sur d’autres races. « L’objectif, c’est de proposer une solution pour les 10 grandes races pointées. » Un travail porte également sur la manière dont l’animal arrive sous le capteur. « Pour bien interpréter la morphologie de la bête, elle doit marcher le plus normalement possible sous l’arche. »
Côté pratique, le scanner est relativement compact. « Il tient dans un coffre de camionnette », sourit Adrien Lebreton. « L’objectif, c’est d’avoir quelque chose de facilement déployable dans les cours de ferme dans les années qui viennent. »