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Aïssatou Faye a monté sa ferme laitière au Sénégal


TNC le 15/11/2024 à 12:00
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(© Aïssatou Faye)

À 30 ans, Aïssatou Faye est à la tête d’une exploitation agricole et d’une entreprise de transformation laitière au Sénégal. Cette jeune entrepreneuse s’est lancée dans l’agriculture avec un but en tête : développer l’agriculture de son pays pour réduire la dépendance aux importations.

Après des études de finance aux États-Unis, Aïssatou Faye est revenue au Sénégal en 2017 avec beaucoup de projets en tête pour son pays. « Cette année-là, mes parents ont acheté 10 génisses gestantes via le programme de l’ANIPL (association nationale pour l’intensification de la production laitière au Sénégal) qui prévoyait d’importer 1200 vaches européennes. » Et alors qu’elle n’était pas destinée à l’agriculture, Aïssatou est tombée amoureuse des vaches en se rendant au Space à Rennes cette même année. « De retour au Sénégal, j’ai repris en main le projet de mes parents avec l’idée de le développer. »

Réduire les importations de lait au Sénégal

D’une idée de traire quelques vaches pour la consommation familiale à petite échelle, Aïssatou en a fait un vrai projet professionnel, « pour en faire du business » comme elle dit. Et cela correspond tout à fait aux ambitions du pays qui importe énormément de poudre de lait. « On a la présence de quelques laiteries et de fermes intensives depuis les années 90, comme celle de Wayembam qui a d’ailleurs été la première à importer des vaches européennes. Mais dans le même temps, on a aussi beaucoup d’éleveurs locaux qui ont quelques vaches par tradition. »

Sans structuration de la filière, difficile de développer la production laitière du pays. C’est le travail de l’ANIPL, dont le programme est subventionné par l’État, d’accompagner la création d’exploitations comme celle d’Aïssatou.

Présente au Sommet mondial du lait à Paris, la jeune éleveuse est venue pour s’inspirer d’autres cultures. « Le Sénégal a rejoint cette année la fédération internationale du lait. Cela va nous donner de nouvelles opportunités, comme d’échanger avec le Japon, les États-Unis ou encore l’Inde sur leurs pratiques de développement de la filière laitière. »

La ferme Imaan et la laiterie Diaary

L’exploitation, nommée la ferme Imaan, se situe à Saint-Louis, à 300 km au nord de Dakar. Il y fait très chaud, Aïssatou a donc opté pour une étable isolée où les animaux restent toute l’année (pas de pâturage dans cette zone aride). Elle y élève une trentaine de vaches laitières de races Holstein, Normande, Montbéliarde et Jersiaise. L’exploitation produit du panicum, une graminée tropicale, mais le reste de la ration est acheté : ensilage de maïs, ensilage de sorgho, son de riz, tourteaux d’arachides, concentrés, vitamines et CMV. Les vaches tournent à 15 litres/jour de moyenne.

Actuellement, la majorité des aliments sont importés mais Aïssatou espère pouvoir acquérir de la surface pour produire ses propres fourrages. (© Ferme Imaan)

Il a aussi fallu créer un laboratoire de transformation : « Au début, on n’avait personne pour collecter le lait. On a donc créé la laiterie Diaary et maintenant on sort du lait pasteurisé et fermenté qu’on vend sur les marchés à Saint-Louis et à Dakar. » Et la demande est si forte que l’entreprise collecte aussi le lait d’autres agriculteurs qui jusqu’à présent n’avaient aucun débouché.

« On ne satisfait pas encore la demande, ça montre qu’il y a du potentiel à exploiter », explique Aïssatou. Car son objectif à plus long terme, c’est d’agrandir la laiterie pour collecter et transformer plus de lait avec le développement d’autres exploitations comme la sienne. « Sur la ferme, on veut aussi améliorer la productivité des vaches et acheter de la surface agricole pour produire plus de fourrages. »

L’exploitation et la laiterie emploient 6 salariés à plein temps. (© Ferme Imaan)

Côté finances, le projet d’Aïssatou a été principalement autofinancé et a bénéficié de subventions de l’État. « On n’était pas rentables au début car je n’y connaissais rien aux vaches. Il a fallu tout apprendre sur la gestion du cheptel et l’alimentation. Mais aujourd’hui on l’est, bien qu’on ait encore beaucoup à faire pour s’améliorer ! »