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Engraisser ou vendre les broutards ? Les calculs pour faire le bon choix


TNC le 20/11/2024 à 06:25
Engraissementdesbroutards

La ration humide, à base de maïs fourrage, est l'option qui permet la meilleure marge sur coût alimentaire. (© TNC)

À l’occasion d’un webinaire, Littoral Normand a étudié l’intérêt de l’engraissement de taurillons. Fluctuation du prix des animaux finis, hausse des prix des céréales… Les conseillers ont réalisé une matrice de prix assez complète pour anticiper les évolutions de marché. Résultat, l’engraissement des broutards en base fourrage apparaît l’option la plus sécurisante.

Entre juin 2022 et mars 2024, le prix du blé a été divisé par deux. Dans le même temps, le cours du broutard est en hausse constante. Compter + 15 % depuis juin 2022. Il est vrai que la hausse du taurillon fini est plus contenue que celle du maigre. « Depuis juin 2022, on observe une progression de 5 % du prix du kilo de carcasse », détaille Vincent Lecoq, conseiller bovin croissance chez Littoral Normand. Alors que faire : vendre du maigre ou engraisser ?

Littoral Normand a sorti la calculatrice. Et l’engraissement reste rentable, surtout pour les éleveurs qui disposent de fourrage. « Nous avons calculé des marges sur coût alimentaire, avec une ration sèche fermière, une ration humide fermière, ainsi qu’un aliment du commerce », détaille le conseiller.

Privilégier les rations humides

C’est bel et bien la ration humide qui tire son épingle du jeu. « La ration base maïs est celle qui a la meilleure marge sur coût alimentaire », décrypte Vincent Lecoq. Compter 715 € de MCA sur des broutards légers. « Nous avons fait les calculs avec des animaux achetés dans les 1 260 € à 300 kg, et vendus 2 592 € à 480 kg », précise le conseiller. La ration maison n’est peut-être pas la plus performante, avec un temps de présence sur la ferme de 10 mois et des GMS autour de 1 500 g, mais elle « assure de très bonnes marges », estime le conseiller.

Sur la seconde marche du podium figure la ration sèche fermière. Dans un même contexte de prix, elle permet d’atteindre une marge sur coût alimentaire de 526 €. « Nous sommes dans les 2,86 € par jour, portés par le prix des concentrés et céréales ». Le GMQ, autour des 1 700 g permet certes une croissance plus rapide, mais ne permet pas de rattraper les économies réalisées avec la ration humide.

La ration du commerce assure quant à elle une marge sur coût alimentaire à 257 € par taurillon. « Nous sommes sur une ration autour de 4 € par jour, pour 1 800 g de GMQ », détaille le conseiller.

Le prix du taurillon est le facteur le plus impactant

« Nous avons réalisé les simulations avec un prix de vente de 5,40 €/kg cc. On se rend compte que c’est le prix carcasse du taurillon qui est le plus grand facteur de rentabilité », explique Vincent Lecoq. « Une baisse du prix de 10 centimes du kilo carcasse a presque deux fois plus d’impact qu’une hausse du coût de l’aliment de 20 €/t ».

Dans ce contexte, les regards se tournent vers les marchés de la viande. « Ce qui explique la hausse du cours du broutard, c’est l’augmentation générale du cours du maigre du fait de la baisse du cheptel », poursuit le conseiller. Sur les huit premiers mois de 2024, la France a fait naître 5 % de veaux allaitant de moins qu’à la même période l’année dernière.

Le cours du bovin fini est lui aussi porté par la décapitalisation, mais la production de jeunes bovins n’est pas forcément le produit le plus plébiscité en boucherie. À voir s’il saura séduire les consommateurs français. En tout cas, de plus en plus d’éleveurs en font le pari : « L’engraissement a tendance à se développer. Si on compare avril 2024 à avril 2022, on voit qu’il y a 7,7 % de mâles de 16 à 22 mois qui sont engraissés en plus ».

Étudier l’impact de l’atelier à l’échelle de la structure

L’étude de la marge sur coût alimentaire ne peut déterminer à elle seule l’intérêt de l’engraissement sur l’exploitation. Main-d’œuvre, charge de structure sont également à intégrer. Eau d’abreuvement, mécanisation, paillage… Nombre de postes sont à prendre en compte, et tous ne sont pas forcément négatifs : « il faut aussi penser à l’azote disponible, aux éventuelles primes ABA permises par la PAC… », rappelle Vincent Lecoq.

« Je pense qu’on peut dire qu’il est intéressant d’engraisser, mais sous condition. Avoir des fourrages sécurise l’atelier, et le sanitaire est très important. Si l’on perd un taurillon de 18 mois, on mange la marge de 5 taurillons », avertit Vincent Lecoq. « Les simulations montrent que même si le taurillon perd 20 centimes du kilo carcasse, et que l’aliment prend 20 €/t, les jeunes bovins engraissés en ration humide affichent toujours une marge sur coût alimentaire de 600 € par animal ».