Arnaud Rousseau déplore « les méthodes lamentables » de la Coordination rurale

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a dénoncé vendredi les « méthodes lamentables » et les « menaces pas acceptables » de représentants du syndicat agricole concurrent de la Coordination rurale, qui ont perturbé son déplacement à Agen (Lot-et-Garonne), dans une déclaration à l'AFP.

« Je rappelle que la FNSEA et les Jeunes agriculteurs sont majoritaires dans 95 % des chambres (d’agriculture) et que pour ma part, jamais je n’accepterai que la présidente de la Coordination rurale ne puisse pas aller dans un département, qu’elle soit menacée physiquement », a déclaré Arnaud Rousseau.

Il a dû être escorté par des policiers pour quitter le congrès national des producteurs de légumes, organisé par une association spécialisée de la FNSEA et où il venait d’intervenir.

Après sa prise de parole, une cinquantaine de militants de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne, fief historique de la CR, se sont massés devant les grilles du parc des expositions d’Agen, protégés par une trentaine de CRS casqués. Le président de la chambre d’agriculture locale et figure de la CR, Serge Bousquet-Cassagne, avait dit vouloir « empêcher de partir » le patron de la FNSEA.

« C’est juste des méthodes que je trouve absolument lamentables. Je me réserve le droit de porter plainte, mais à ce stade je ne l’ai pas fait », a déclaré Arnaud Rousseau, précisant être sorti « à la demande du préfet ».

« Que la FNSEA soit ciblée, ce n’est pas la première fois, mais là, que ce soit par des agriculteurs, ça m’interroge parce que ça ne fait pas avancer le projet agricole », a-t-il estimé, soulignant qu’il continuerait « évidement » à se rendre « dans tous les territoires » en France.

La situation se tend sur le terrain à l’approche des élections professionnelles agricoles. La Coordination rurale, dont les bonnets jaunes ont gagné en visibilité depuis l’hiver dernier en multipliant les actions coup de poing, espère ravir entre 15 et 20 chambres à l’alliance majoritaire FNSEA-JA.

« Ca cherche l’escalade, le buzz. Ces gens ne travaillent pas à chercher des solutions », a-t-il affirmé.

Ciblé sur les réseaux

« La Coordination rurale, dans le cadre de son congrès (mardi et mercredi) n’a eu qu’un objectif, c’est de cibler la FNSEA. Moi ça ne me gène pas dans le cadre des élections de chambres (en janvier), mais ce n’est pas un projet pour l’agriculture, et le chaos non plus », a-t-il insisté.

En congrès, les cadres de la Coordination rurale ont appelé à « renverser le pouvoir de la FNSEA », désigné comme l’ennemi et cible d’attaques virulentes sur les réseaux sociaux.

Le groupe Avril, dont Arnaud Rousseau est président, est ainsi accusé d’investir dans une usine d’huile de ricin au Brésil pour « être prêt » avant l’accord UE-Mercosur.

« C’est parfaitement transparent. Avril a investi dans une petite entreprise familiale qui travaille l’huile de ricin, qui est une huile qu’on ne trouve pas en France en proportion importante » pour développer « l’oléochimie », a expliqué Arnaud Rousseau. Cette chimie à base d’huile végétale « va remplacer la pétrochimie et nous permettre de décarboner notre industrie », a-t-il affirmé.

Egalement attaqué sur des importations de « colza OGM du Canada », un oléagineux largement utilisé en France dans l’alimentation animale et pour fabriquer du biocarburant, Arnaud Rousseau a expliqué que la baisse de surfaces cultivées de colza avait conduit à « quelques importations » pour « éviter de fermer une des usines de trituration » (presse des graines) du groupe.

« Le bon sens paysan, c’est de conserver les outils industriels (…) et d’importer un peu en attendant que la production française remonte », a-t-il justifié.