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Manger local dans les collèges de Seine-et-Marne


AFP le 25/11/2024 à 10:15

En pleine mobilisation des agriculteurs français, la Seine-et-Marne s'emploie à concrétiser une grande ambition : approvisionner les cantines de tous ses collèges en produits locaux ou régionaux, fermiers ou bio, grâce à un nouvel outil agro-industriel financé sur fonds publics.

A l’écart du centre-ville de Provins et de ses fortifications médiévales classées au Patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco, d’immenses bâtiments neufs s’élèvent dans une zone d’aménagement concerté.

A l’entrée du site Approv-Halles fraîchement inauguré, à 90 km au sud-est de Paris, une pancarte affiche le montant de l’investissement public, 48 millions d’euros, et le slogan des financeurs. « Ici la région Ile-de-France et le département de Seine-et-Marne s’engagent pour une alimentation de proximité ».

Depuis septembre, 119 des 132 collèges du département reçoivent des produits passés par cette plateforme d’approvisionnement alimentaire. Y entrent des tonnes de fruits et légumes, volailles et produits laitiers, qui repartiront – pour certains découpés, stérilisés, conditionnés sous vide ou surgelés – vers les cantines.

L’AFP a pu voir fonctionner un seul des ateliers, lors d’une visite de presse. « Ce que vous entendez, ici, c’est le bruit des frites surgelées qui tombent », commente le directeur, Patrick Tondat, dans le fracas d’une immense machinerie.

« Mes pommes de terre ressortent sous forme de frites… pour des élèves », s’amuse à relever François-Xavier Létang, du groupe Létang agriculture et énergie, fournisseur à l’année de « 700 tonnes » de tubercules produites à 10 kilomètres de là.

« La démarche est assez géniale : des circuits courts et une filière de transformation, avec des contrats de plusieurs années qui sécurisent nos investissements et nos emplois », vante ce chef d’entreprise, très satisfait des prix d’achat « totalement rémunérateurs ».

Une autre ligne de production, à l’arrêt, a été présentée comme capable de découper « trois tonnes de volailles par jour », notamment pour en faire des « nuggets ».

« Circuit vertueux »

La Seine-et-Marne assure être le premier département français à disposer d’un tel outil public transformant à la fois volailles, fruits et légumes.

Au moment où les agriculteurs manifestent leur opposition à un accord de libre-échange avec les pays latino-américains du Mercosur, le président LR du Conseil départemental, Jean-François Parigi, présente cet investissement comme « un acte fort ». « On favorise le bien manger auprès des jeunes, on fait travailler nos agriculteurs, et on crée une soixantaine d’emplois » à terme, dit-il à l’AFP, « c’est un circuit vertueux ».

« Depuis fin août, 250 tonnes de produits locaux ont été transformés ici », assure le président de la Société publique locale Approv-Halles, Olivier Lavenka, également maire LR de Provins (12 000 habitants) et vice-président du Département en charge de l’agriculture. Mais l’objectif que plus de 80 % des produits soient issus d’exploitations locales ou franciliennes, et de saison, reste encore une aspiration.

« La tomate, par exemple, a suscité des heures de débat », admet M. Parigi. « Les chefs (des cantines) en cuisinent un peu toute l’année, mais quand nos maraîchers n’en produisent pas, on va devoir aller en chercher via un appel d’offres hors de notre région ».

Des responsables du projet ont concédé que les premiers mois d’activité avaient donné lieu à des « couacs » et « résistances ». M. Parigi a évoqué « un début d’aventure super mais un peu chaotique ». Pas si simple de « calibrer les rondelles d’aubergines » ni de « déterminer le grammage des nuggets », glisse M. Lavenka, en relevant qu’au début, « les salades avaient été un peu trop réfrigérées… »

Pour faire manger des blettes ou du poireau aux collégiens, la structure mise à présent sur « l’éducation au goût » et au « bien manger ». « C’est un engagement qu’on a pris d’aller dans les collèges expliquer comment on élabore nos yaourts et nos fromages blancs, très gourmands, avec le lait de nos troupeaux, sans additif ni poudre de lait », témoigne Baptiste Carrouché, 31 ans, directeur général de la Ferme agroécologique de la Tremblaye (Yvelines).

En 2025 ou 2026, la plateforme ambitionne d’élargir ses livraisons aux lycées de Seine-et-Marne et à ceux de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne.