Prosulfocarbe : la Fnab alerte sur les contaminations croissantes à l’herbicide
TNC le 27/11/2024 à 10:45
Utilisé pour le désherbage sur les céréales d’hiver, le prosulfocarbe, très volatil, contamine régulièrement des cultures non cibles, comme le sarrasin, généralement récolté à la même période. Pour les producteurs concernés, principalement en bio, la destruction de la récolte est obligatoire, ce qui entraîne des pertes importantes et non indemnisées, dénonce la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab).
Producteurs de sarrasin, mais aussi quinoa, de chia, ou de pommes, ils sont de plus en plus nombreux depuis 2020 à déplorer des contaminations au prosulfocarbe, avec un dépassement du seuil autorisé qui les contraint à détruire la récolte.
Deuxième herbicide le plus utilisé en France, le prosulfocarbe est utile aux agriculteurs conventionnels pour protéger les céréales d’hiver, mais sa grande volatilité pose problème, explique la Fnab. Fin 2023, de nouvelles obligations ont été mises en place : les doses d’homologation ont été revues à la baisse, et des distances de sécurité vis-à-vis des riverains rendues obligatoires.
Pour autant, les contaminations ne seront pas moindres en 2024, déplore la Fnab, car « la moitié du sarrasin bio n’était pas récoltée en octobre 2024 à cause de la pluie, alors que l’essentiel des traitements au prosulfocarbe avait déjà eu lieu ».
Pas d’indemnisations à ce jour
« Depuis 2018, plus de 400 récoltes biologiques ont été contaminées par du prosulfocarbe. Sur les cinq organismes collecteurs enquêtés on comptabilise entre 2020 et 2022 140 fermes touchées pour plus de 550 tonnes de sarrasin et une perte estimée à 550 000 euros », indique la Fnab. Or, il est aujourd’hui impossible, pour les producteurs concernés, d’être indemnisés.
« On nous avait promis l’an dernier une indemnisation avec la hausse des taxes sur les pesticides et finalement tout a disparu avec les mobilisations agricoles. On nous balade depuis quatre ans, ça ne peut plus durer », déplore Philippe Camburet, président de la Fnab, producteur bourguignon de sarrasin contaminé.
Il est par ailleurs difficile de compter sur les assurances pour faire jouer la responsabilité civile, l’origine de la contamination et donc la responsabilité juridique étant difficile à prouver.
La Fnab, qui milite pour l’interdiction de la molécule, demande une plus grande communication sur les données de contamination de la part des collecteurs, d’autant que les cultures traditionnelles ne doivent pas être épargnées. Simplement, les contrôles sont moindres qu’en bio et ces contaminations sont moins souvent détectées. En attendant, une cagnotte en ligne a été mise en place pour financer l’action juridique en vue de faire interdire le prosulfocarbe.