Face à une campagne 2024/25 difficile, Nord céréales table sur la diversification
TNC le 28/11/2024 à 10:30
Après une campagne de commercialisation 2023/24 satisfaisante, Nord céréales affronte les conséquences de la moisson catastrophique et de la faible compétitivité des céréales françaises : les exports depuis le port de Dunkerque s’annoncent en chute libre sur 2024/25. Plus que jamais, la Sica parie sur la diversification, et entend développer ses marchés d’importation.
Réunie le 5 novembre en assemblée générale, la Sica Nord céréales revient dans un communiqué sur le « contexte difficile » et les « nombreux défis économiques et climatiques » auxquels elle est confrontée.
La campagne de commercialisation 2023/24 a été « globalement satisfaisante » après une moisson 2023 marquée par des « rendements corrects », qui ont permis à l’entreprise de « stabiliser ses exportations vers plusieurs marchés stratégiques ».
Plus en détails, les exports céréaliers au départ du port de Dunkerque ont atteint 2,07 Mt sur l’ensemble de la campagne – contre 2,2 Mt sur 2022/23 -, dont 1,6 Mt de blé et environ 460 000 t d’orge.
Ces exportations sont jugées « dynamiques malgré un environnement compétitif » : la concurrence des pays de la mer Noire a fait rage. « Nord céréales a consolidé ses positions sur les marchés asiatiques et africains […] grâce à une qualité stable et une logistique performante », indique le communiqué.
77 % des exports vers la Chine
Client principal de Nord céréales depuis cinq ans, la Chine est montée en puissance : 1,6 Mt de grains ont été expédiés depuis Dunkerque vers l’Empire du milieu sur 2023/24. Cela représente 77 % des exports de la Sica, contre 35 % sur 2022/23.
7 % des exports ont été dirigés vers le Maroc et 12,4 % vers l’Égypte, contre respectivement 20 % et 23 % la campagne passée. Notons aussi que les importations algériennes ont été divisées par six par rapport à 2022/23, à 30 000 t, tandis que celles des pays de l’UE ont plus que triplé, à 21 000 t.
« L’Égypte a toujours été un marché stratégique pour nous, et il est essentiel de continuer à y être présent. Notre capacité à charger de gros bateaux, comme les Panamax, nous donne un avantage compétitif », précise Laurent Bué, le président de la Sica.
« C’est aussi grâce à cette capacité que nous avons pu maintenir nos exportations vers la Chine […]. Les ports avec moins de profondeur d’eau, comme ceux utilisés pour l’Algérie et le Maroc, n’ont pas pu absorber ce volume », ajoute son directeur général, Joël Ratel.
Suivant sa stratégie de diversification engagée en 2018 pour sécuriser ses activités, Nord céréales a continué à son activité d’importation. Après avoir atteint 260 000 t sur 2022/23, les imports ont représenté 135 000 t sur 2023/24, dont 60 800 t de pellets de bois et 74 800 t de maïs.
La campagne a permis d’obtenir un résultat net de 1,46 million d’euros pour l’année 2023/24 (contre 2 M€ en 2022/23), « reflétant une gestion rigoureuse des coûts malgré les difficultés » et un chiffre d’affaires de 15,2 M€, « en légère hausse par rapport à l’année précédente, illustrant la robustesse de l’entreprise face à des conditions de marché volatiles. »
Une campagne 2024/25 morose
La situation est beaucoup plus préoccupante pour la campagne 2024/25, commencée dans la morosité : la moisson catastrophe de 2024 s’illustre par des pertes de rendement estimées entre 25 et 30 % par rapport à 2023, et par une qualité en berne.
À cela s’ajoute la forte concurrence des céréales venues de la mer Noire, qui rend les céréales françaises peu compétitives. Si bien que la Sica s’attend à une forte baisse de ses exportations cette campagne, potentiellement en dessous du million de tonnes.
Dans ce contexte, elle a engagé une « stratégie de réduction des coûts à tous les niveaux », qui passe notamment par la mise en place du chômage partiel de ses équipes depuis début octobre.
Pour relever la tête, Nord céréales entend continuer à réduire sa dépendance aux exports : « La diversification est la clé. Nous travaillons actuellement sur des pistes pour développer des marchés d’importation […] Cette polyvalence sera cruciale pour notre survie à long terme », avance Joël Ratel.
« L’adaptation devient vitale, abonde Laurent Bué. Nous devons être capables de réagir rapidement aux conditions changeantes. Cela passe par des investissements continus dans nos infrastructures, comme le nouveau silo qui sera opérationnel début 2025 ».
Annoncé depuis plusieurs années, ce Silo 9 fera passer la capacité de stockage de Nord céréales de 300 000 t à 330 000 t, et devrait permettre de travailler « des marchandises plus délicates, qui ne seraient pas des céréales, comme des tourteaux de tournesol, de la pulpe sèche, des pois protéagineux… ».
Sa tour est « dimensionnée pour recevoir jusqu’à 105 000 t de marchandises, permettant d’anticiper des évolutions à venir », ajoute la Sica. D’un coût de 23 M€, cette infrastructure vise à « renforcer sa flexibilité opérationnelle et sa compétitivité sur le marché mondial ».