Accéder au contenu principal

Préfectures, Inrae, OFB… ces institutions cibles de la colère agricole


AFP le 29/11/2024 à 10:36

Préfectures, institut de recherche agronomique, police de l'environnement, agence de sécurité sanitaire... certains syndicats agricoles ont décidé de s'en prendre à ce qu'ils considèrent comme des « entraves » à leur secteur.

Jeudi matin, ce sont notamment l’Inrae et l’Anses qui ont été visés par l’alliance syndicale majoritaire FNSEA-JA. Leurs entrées ont été symboliquement bloquées.

Inrae : « trouver des solutions aux enjeux » de l’agriculture

L’Institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement a accompagné dès son origine en 1946 la transformation profonde de l’agriculture de l’après-guerre.

Accusé aujourd’hui par des manifestants de les conduire à « la décroissance », l’Inrae rappelle, par la voix de son PDG, qu’il mène des recherches pour trouver des solutions aux producteurs contraints aujourd’hui de se passer de produits phytosanitaires : betteraviers, producteurs de cerise…

« Ce n’est pas Inrae qui produit la réglementation », a souligné Philippe Mauguin jeudi, après la manifestation contre son établissement. En revanche, l’institut « a pour mission de trouver des solutions qui réconcilient les enjeux » de l’agriculture, l’environnement et la santé, a-t-il relevé.

L’Inrae travaille notamment à aider l’agriculture à faire face au réchauffement climatique, au manque d’eau. Sur le projet d’accord de libre-échange UE-Mercosur, dénoncé par tous les syndicats agricoles, ce sont aussi des chercheurs de l’Inrae qui, en 2020, avaient remis au gouvernement un rapport caractérisant les risques d’un tel pacte.

Anses : évaluation des phytos et AMM

Autre établissement public, cette agence de sécurité sanitaire est mandatée, depuis 2015, non seulement pour évaluer les pesticides, mais aussi pour autoriser ou non leur mise sur le marché.

Ces dernières années, l’agence a interdit ou restreint l’usage de pesticides, parfois en anticipant un retrait de molécules au niveau européen comme pour l’herbicide S-métolachlore. La raison d’un retrait peut être liée à la dangerosité d’une substance ou simplement à l’absence de nouvelle demande d’autorisation de mise sur le marché (AMM) d’un fabricant.

Des militants de la FNSEA ont déposé jeudi des boîtes en carton devant le siège de l’Anses pour l’inviter « à déménager à Bruxelles ». La direction de l’établissement a dit avoir reçu une délégation des manifestants.

La FNSEA, comme la Coordination rurale (CR), réclame la réautorisation d’insecticides néonicotinoïdes, interdits en France sur décision du gouvernement en 2016, et encore autorisés dans le reste de l’UE. La FNSEA demande aussi que le gouvernement puisse suspendre, dans certaines conditions, les décisions de l’Anses en matière d’homologation de produits phytopharmaceutiques.

OFB : réglementations pour entretenir les haies, cours d’eau et fossés…

Depuis des semaines, l’Office de la biodiversité est dans le viseur, particulièrement de la Coordination rurale. Un agent de l’Office a eu une roue de sa voiture sabotée, des locaux ont été saccagés. Le duo FNSEA-JA a organisé jeudi des actions contre la police de l’environnement, dénonçant des « réglementations trop contraignantes pour l’entretien des haies, cours d’eau et fossés ».

L’OFB sert de « bouc émissaire », estime Guillaume Rulin, coordinateur du syndicat EFA-CGC de cet établissement. Il y a « une volonté d’empêcher les contrôles, pourtant garants d’une équité » entre les agriculteurs, ajoute-t-il. La ministre de l’Agriculture Annie Genevard a promis un « contrôle administratif unique », pour limiter les visites à une par an et par exploitation.

Or selon un rapport interministériel, à peine plus de 10 % des exploitations agricoles ont fait l’objet d’un contrôle en 2023. Et ce n’est pas l’OFB qui mène la plupart des inspections, confiées, selon leur objet, à d’autres structures.

Les agences de l’eau : préserver l’eau et les milieux aquatiques

La mission des six agences régionales consiste à préserver l’eau et les milieux aquatiques, affectés par les pollutions (industrielles, agricoles…) et sous forte pression du changement climatique.

Fin 2023, la FNSEA avait déjà obtenu du gouvernement l’abandon de la hausse de taxes destinées à limiter l’usage des pesticides et les prélèvements d’eau, taxe devant notamment servir à financer les agences de l’eau.

Les préfectures : les représentants de l’État

Cibles traditionnelles des agriculteurs, les préfectures, représentant l’État, ont reçu qui du fumier à Nice, qui la visite d’ovins dans l’Aveyron ou ont vu leur entrée parée d’un mur de parpaings à Nantes. Les cités administratives aussi ont été visées, à Toulouse ou Strasbourg, sur le thème « trop de paperasse ».

La ministre doit recevoir vendredi CR, FNSEA et JA pour « avancer sur des mesures concrètes qui visent à simplifier le quotidien » des agriculteurs, selon le ministère. La Confédération paysanne, qui mène aussi la contestation pour un meilleur revenu agricole sans toutefois contester les normes et leur contrôle, sera reçue « dans les prochains jours ».