Accéder au contenu principal

Comment sélectionner des vaches qui résistent aux coups de chaud ?


TNC le 03/12/2024 à 08:57
Vachesbrumisation

La génétique peut permettre d'atténuer les conséquences du changement climatique, sans pour autant les éviter totalement. (© TNC)

La hausse des températures va de pair avec baisse de production. Si la génétique ne peut pas de miracle, elle peut aider à sélectionner des bovins résistant mieux au stress thermique. Et bonne nouvelle, les meilleures productrices à THI 50 sont généralement les meilleures productrices à THI 70 !

Aujourd’hui, la valeur génétique des bovins est estimée selon leurs performances individuelles et leur pedigree. « Mais la valeur génétique d’un animal n’est pas forcément la même selon les conditions du milieu », remarque Aurélie Vinet, ingénieure d’étude à l’Inrae à l’occasion d’un webinaire de l’UMT ebis. Et pour cause : la plupart des animaux sélectionnés dans l’hexagone le sont à THI 50 (entre 5°C et 13°C), mais quid du changement climatique ?

Les écarts de niveau de production s’estompent en cas de coup de chaud

L’UMT ebis a entrepris des travaux pour savoir si une bonne productrice à THI 50 restait également une bonne productrice à THI 70. Résultat : tout dépend des caractères observés. Côté production, « on observe des effets d’échelle, et les meilleurs animaux sont les plus pénalisés ». Les reclassements sont rares, mais une forme d’uniformisation des performances des animaux est constatée. Ainsi, une grosse productrice perd davantage de lait qu’une vache lambda, mais reste sensiblement meilleure.

« Le THI qui a le plus d’effet sur nos performances, c’est la moyenne des THI des trois jours précédant le contrôle », précise Aurélie Vinet. Il y a donc un effet cumulatif des jours chauds, qui vient affecter le volume au tank. Passer ce THI moyen à un THI de 70 se traduit, dans les trois races par une perte de production laitière entre 1 et 1,5 kg de lait par jour, soit une perte de 5 à 6 %, quels que soient la race et le rang de lactation.

En ce qui concerne les quantités de matières, la perte est plus importante. Compter – 10 à – 12 % entre THI 50 et THI 70.

Un point de rupture à THI 60 pour la fertilité

« Pour la fertilité, le THI qui a le plus d’effet sur les performances, c’est la moyenne des THI des 8 jours après l’IA », poursuit la chercheuse. Quelle que soit la race, l’impact reste faible jusqu’à THI 60. À partir de ce point, la courbe de taux de conception à la première IA chute. « Cela va de – 2 points du taux de réussite en Normande, à – 3 points en Montbéliarde et – 8 points en Holstein à THI 70. »

De plus, l’écart se creuse entre les bons et les autres. « Les moins bonnes vaches à THI 50 sont encore moins bonnes à THI 70 », résume Aurélie Vinet.

De nouveaux indicateurs dans les tuyaux

Alors comment sélectionner les vaches de demain ? « Ce qui est positif, c’est que la sélection réalisée aujourd’hui permet déjà d’anticiper les fortes chaleurs, notamment sur la fertilité et les scores de cellules somatiques. » Et pour cause : les reclassements sont rares en fonction des évolutions de THI.

Des marges de manœuvre existent. « Avec les valeurs génétiques, on peut définir de nouveaux caractères, comme le niveau génétique à THI 70, ou encore identifier la tendance des valeurs génétiques de l’animal selon les évolutions de THI ». Autant d’indicateurs qui permettraient d’avoir une information sur la résistance des animaux aux coups de chaud.

Mais pour la chercheuse, si la génétique peut aider à adapter le troupeau au changement climatique, elle ne pourra pas faire de miracle. « Nous avons peu de valeurs à THI très élevés, mais on peut imaginer qu’il y ait des points de rupture. » La vache reste un ruminant, et la baisse de production laitière peut résulter d’un mécanisme de protections. Dans ce contexte, difficile de ne pas imaginer de baisse de production en cas de hausse des températures, même avec des vaches de haute valeur génétique.