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90 % des concessionnaires agricoles ne s’estiment pas aidés par les constructeurs


TNC le 13/12/2024 à 17:05
REparationTracteur

Le chiffre d'affaires des prestations à l'atelier a progressé en 2024. (© Adobe Stock)

Arrivée d’acteurs venus de l’automobile, stocks toujours importants, incertitude politique… Les distributeurs font face à de fortes turbulences. Pour passer l’orage, ils peuvent compter sur les pièces, l’atelier et un réseau de formation efficace.

Dans les concessions agricoles, les prises de commande s’effilochent, avec une baisse moyenne entre 10 et 11 %, et tous les secteurs, du tracteur au matériel d’élevage, sont touchés. Les résultats de l’enquête menée par le Sedima, le syndicat national des entreprises de service et distribution, auprès de ses adhérents entre le 27 septembre et le 14 octobre 2024, dévoilent plus de graphiques en rouge, parfois foncé, qu’en vert. Il va falloir faire le dos rond : seulement 7 % des concessions envisagent une reprise pour le premier semestre 2025.

Les prises de commandes restent la préoccupation majeure pour 26 % des distributeurs, devant la gestion des stocks pour 25 % et la trésorerie pour 22 %. La trésorerie est aisée pour… 2 % des concessionnaires. 69 % l’estiment difficile ou très difficile. Si les stocks de matériel neuf se stabilisent tout doucement, ceux de matériel d’occasion grimpent dangereusement.

L’argent sort vite et rentre plus tard

« Tout le monde s’est concentré sur le stock neuf pour faire rentrer de la trésorerie. Du coup, les commandes vers les constructeurs ont baissé. Pour compenser, on a repris de l’occasion un peu plus cher que la normale », analyse le président du Sedima, Alexandre Mortier.

Les distributeurs ne se sentent pas accompagnés par leurs partenaires. « 90 % déclarent ne pas bénéficier de mesures de compensation de la part de leur constructeur pour faire face au niveau élevé de financement des stocks de matériels », souligne le Sedima.

Au contraire, l’argent sort vite et met plus du temps à rentrer. « Le délai de remboursement des fournisseurs se réduit tandis que celui des agriculteurs, qui attendent le paiement de primes reportées, s’allonge. Cela rajoute des difficultés », constate le président du Sedima, Alexandre Mortier.

De nouveaux concurrents aux moyens démesurés

Parmi les préoccupations des concessionnaires, « l’intensité concurrentielle » fait son apparition pour 7 % d’entre eux. « D’autres acteurs arrivent dans le secteur, avec une autre idée de la liquidation des stocks », explique Alexandre Mortier. Une allusion à la récente expansion tonitruante dans l’agricole de géants de la distribution automobile, comme Gueudet ou Emil Frey France.

Ce tableau pessimiste doit être nuancé par plusieurs indicateurs au vert. Le chiffre d’affaires des pièces reste stable et celui des prestations à l’atelier progresse légèrement, entre 2 et 3 %. Ces deux postes de revenus devraient résister, voire augmenter, en 2025, selon les concessionnaires. Certaines régions, principalement le nord de la France, sont relativement épargnées, grâce au lin et à la pomme de terre.

L’alternance, un filon de main d’œuvre

L’emploi se porte plutôt bien. « Les entreprises adhérentes du Sedima regroupent aujourd’hui 42 000 salariés. Il y a eu une forte progression ces dernières années », se réjouit Anne Fradier, conseillère de la présidence du Sedima. 72 % des distributeurs de machines agricoles ont recruté de nouveaux collaborateurs en 2024 dont 40 % en alternance, un filon de main d’œuvre qui a fait, et va continuer à faire, l’objet d’une communication ciblée.

Alexandre Mortier, qui passera la main en avril 2025, veut y croire : « Il y a toujours de la demande. Il faut concrétiser les devis ». « Nous sommes comme beaucoup d’entreprises, nous attendons aussi plus de certitudes de la part du monde politique », conclut Anne Fradier.