Transition agroécologique : quels freins identifiés par les agriculteurs ?
TNC le 13/12/2024 à 16:26
Si l’environnement, l’énergie ou les conséquences pour la santé de l’utilisation de produits phytosanitaires constituent une source d’inquiétude pour plus des trois quarts des agriculteurs ayant répondu à la grande consultation de The Shift Project, le contexte n’aide pas à accélérer la transition en agriculture, constate le think tank fondé par Jean-Marc Jancovici.
Un métier de plus en plus complexe (fluctuation des marchés, aléas climatiques, poids de l’administratif…) et de moins en moins rémunérateur, c’est ce qu’ont exprimé les agriculteurs ayant répondu à l’enquête de The Shift Project. Premier constat de cette « grande consultation » qui a permis de recueillir l’avis de plus de 7 700 agriculteurs, « le contexte est a priori peu propice à la transition » dans le secteur agricole.
Des agriculteurs inquiets pour l’avenir
Ce n’est pas pour autant que les agriculteurs se satisfont de la situation actuelle, loin de là. Ainsi, 86 % des répondants s’inquiètent d’abord du climat, avant de redouter les épizooties, le manque d’eau ou le coût des énergies fossiles. L’utilisation des produits phytosanitaires constitue également une source de stress, pour la santé des agriculteurs en premier lieu (75 %) et pour l’environnement (72 %).
La plupart des répondants déplore également la dépendance énergétique : 77 % s’inquiètent de la hausse des prix et 71 % sont préoccupés par leur dépendance aux énergies fossiles.
Un manque d’accompagnement et de financement
Malgré l’envie de changement, les conditions ne sont pas réunies pour accélérer la transition. 81 % des agriculteurs estiment ainsi que le financement est un frein à l’adoption de nouvelles pratiques, et 87 % posent une condition financière pour s’engager ou accélérer leur transition. Seuls 7 % déclarent ne pas vouloir s’engager dans la transition, quelles que soient les conditions.
Ils demandent également un accompagnement plus soutenu de la part des politiques publiques, notamment pour protéger les agriculteurs de la concurrence internationale (77 %) mais aussi clarifier les objectifs nationaux en matière de politique agricole (70 %). Si ces attentes reposent en majorité sur le ministre de l’agriculture (52 %), les agriculteurs souhaitent également davantage de soutien de la part des collectivités (à 46 %), des groupements d’agriculteurs (42 %) et des filières et interprofessions (42 %). Cependant, les attentes sont relativement fortes également en ce qui concerne le rôle de la société civile.
À noter également que 77 % souhaitent une mise en œuvre décentralisée qui permette de prendre en compte les spécificités régionales.
« Réenchanter une trajectoire durable et bénéfique pour tous »
Fort de ces constats, The Shift Project souhaite « réenchanter une trajectoire durable et bénéfique pour tous » en soutenant les initiatives collectives qui fonctionnent, et en valorisant les savoir-faire des agriculteurs.
Il s’agit, concrètement, de renforcer l’attractivité du métier, « notamment auprès des jeunes et des femmes » avec un travail sur la rémunération, l’organisation du temps de travail, etc., mais aussi de mettre en place des indicateurs de durabilité, et de contribuer au financement de la transition pour réduire l’impact des produits phytosanitaires (à travers la sollicitation d’acteurs ayant un intérêt à réduire l’impact des phytosanitaires, parallèlement à des aides et outils financiers conditionnés à des changements de pratiques).