Les marchés des grains incertains avant la trêve des confiseurs
AFP le 24/12/2024 à 15:30
Les oléagineux étaient orientés à la baisse tandis que blé et maïs affichaient des cours volatils cette semaine des deux côtés de l'Atlantique, dans un volume d'opérations réduit sur cette période écourtée par la pause de Noël.
A Chicago, le cours du soja américain a reculé lundi de 0,31 %, plombé notamment par la perspective de récoltes importantes en Amérique du Sud l’année prochaine.
« Le soja doit relever de vrais défis », selon Arlan Suderman, analyste pour la plateforme de courtage StoneX : « une récolte arrive le mois prochain au Brésil » qui « devrait être une récolte record, avec des conditions de croissance presque idéales ».
Selon lui, le soja est aussi lesté par un manque de visibilité quant au positionnement du futur gouvernement américain à l’égard des biocarburants : « Nous pensons que nous pourrions assister à une réduction de 60 % de la production du biodiesel si nous n’avons pas de lignes directrices précises dans les semaines à venir ».
Et « la Chine s’intéresse désormais au Brésil », laissant présager d’importants achats de soja dans ce pays plutôt qu’aux Etats-Unis, complète son confrère Dewey Strickler, d’Ag Watch Market Advisors.
Globalement, les oléagineux connaissent un repli dans la foulée de l’huile de palme à la Bourse de Kuala Lumpur.
C’est notamment ce qui s’est passé sur Euronext pour le colza européen qui, cette semaine, s’est replié immédiatement après avoir connu un pic, souligne Gautier Le Molgat, d’Argus Media France.
Résolution d’un contentieux sur le maïs OGM
Du côté des céréales, à Chicago le cours du maïs américain a progressé de 0,28 % lundi, atteignant son plus haut de six mois, tiré notamment par des mouvements spéculatifs, notent les analystes.
Le grain jaune américain profite aussi de la résolution d’un contentieux sur l’utilisation du maïs OGM : un groupe d’experts missionné dans le cadre du nouvel accord de libre-échange AEUMC (Accord entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique) a donné raison vendredi aux Etats-Unis contre le Mexique, premier importateur du maïs américain, qui souhaitait en interdire les variétés transgéniques dès 2025 du fait des risques potentiels en matière de santé publique.
Mais foncièrement, le cours du maïs reste « hésitant » aux Etats-Unis, note Gautier Le Molgat.
Le blé quant à lui a gagné lundi à Chicago 1,87 %, tandis que sur Euronext, il s’est un peu replié après avoir atteint la semaine dernière un sommet depuis fin octobre.
« Le blé d’hiver américain devient plus compétitif sur le marché mondial », relève Arlan Suderman, de StoneX : « l’offre en provenance de la mer Noire commence à se contracter, et va se restreindre de manière significative à partir de la mi-février, la Russie ayant abaissé son quota d’exportations pour la dernière partie de la campagne de commercialisation ».
Du côté européen, « sur le blé, on ne s’attend pas à de grandes nouvelles, mais dans un marché avec peu d’activité, il peut y avoir de belles amplitudes, » souligne pour sa part l’expert d’Argus Media France.
Grandes attentes en janvier
Lundi matin par exemple, l’Algérie a lancé un appel d’offres pour l’importation de 50 000 tonnes.
Les opérateurs surveillent également l’impact du recul de l’euro par rapport au dollar, en théorie favorable aux marchandises européennes, mais aussi les positions que les fonds peuvent prendre aux Etats-Unis pour la fin de l’année.
Beaucoup de coopératives et organismes collecteurs seront fermés cette semaine, de même que la Bourse de Chicago mercredi 25, et Euronext de mardi après-midi à jeudi inclus.
De manière générale, « on ne s’attend pas à un gros volume d’affaires, même si dans ce contexte quelques mouvements peuvent avoir des effets », résume Gautier Le Molgat. « Il peut y avoir des mouvements erratiques, mais à confirmer à la reprise du marché » début janvier.
Le mois prochain, plusieurs échéances sont en effet très attendues par les marchés : le rapport mensuel du département américain de l’Agriculture (USDA) sur les prévisions de production et de stocks.
Enfin et surtout l’investiture de Donald Trump et ses éventuelles annonces sur de possibles taxes à l’export ou à l’import, comme il l’avait promis pendant sa campagne.