Les cours du maïs soutenus par la baisse de rendement aux Etats-Unis
AFP le 15/01/2025 à 18:15
Les prix du soja et surtout du maïs ont trouvé du soutien dans les dernières estimations de production américaines, revues à la baisse alors que les Etats-Unis sont à cette période de l'année le premier fournisseur de grain jaune.
Si les cours commençaient à se rééquilibrer mercredi, ces derniers jours ont vu un net rebond des prix du maïs et du soja à la Bourse de Chicago.
Bien que clôturant mardi en très léger recul (- 0,42%), le grain jaune américain restait proche de ses niveaux les plus hauts depuis près d’un an.
Sur le marché européen, le maïs a clôturé mardi à près de 216 euros la tonne, en hausse de plus de 2 % en une semaine et au plus haut depuis la mi-octobre.
En parallèle du soja américain, le colza continuait de progresser sur Euronext, frôlant les 540 euros la tonne : un niveau très élevé, favorisé par la remontée des prix du pétrole, la baisse de l’euro face au dollar et la hausse du prix de l’huile de palme du fait de la baisse des stocks en Asie.
Vendredi, le ministère américain de l’Agriculture (USDA) a revu en baisse ses estimations de la production de maïs, à 377,6 millions de tonnes (Mt) pour 2024-25, soit 7 Mt de moins qu’annoncé lors de la précédente projection en décembre dans son rapport mensuel Wasde (World agricultural supply and demand estimates).
Les estimations pour le soja américain ont aussi été abaissées de 2,58 millions de tonnes. La production est désormais estimée à 118,8 Mt.
Offre mondiale de maïs limitée
« Le maïs et le soja (américains) se sont appréciés en raison de la baisse inattendue des (…) rendements et de la production » après une fin de cycle marquée par un temps sec, selon Dewey Strickler, d’Ag Watch Market Advisors.
« Psychologiquement, voir le stock de maïs de fin de campagne aux États-Unis affiché en dessous des 40 millions de tonnes, c’est un signal de tension, qui conforte les fonds dans leur logique acheteuse à Chicago », a relevé Sébastien Poncelet, analyste chez Argus Media France.
Cette tension est d’autant plus visible que l’offre mondiale est relativement limitée hors des Etats-Unis, les récoltes des autres grands exportateurs n’étant pas attendues dans l’immédiat : il faudra patienter jusqu’en avril pour le maïs argentin et jusqu’en juillet pour la plus importante récolte brésilienne, celle de la safrinha, a-t-il rappelé.
Mais passée la surprise, les effets du rapport Wasde commencent à se dissiper. Pour Dewey Strickler, le marché commence à comprendre « que les stocks de maïs sont encore largement suffisants » et que « l’offre de soja est toujours excédentaire » au niveau mondial.
La production de soja est en effet attendue en hausse au Brésil. L’institut public brésilien Conab table sur une production de 166,33 millions de tonnes, tandis que l’USDA, encore plus optimiste, avance le chiffre record de 169 Mt.
Concernant les échanges commerciaux, les ventes américaines de maïs sont toujours solides et l’USDA a confirmé mardi la vente de 198 000 tonnes de soja américain pour livraison à la Chine en 2024-2025.
Prudence chinoise
Toutefois, les analystes américains estiment que les achats de partenaires commerciaux comme la Chine, le Japon ou la Corée du Sud devraient diminuer lors de la deuxième partie de la campagne 2024-2025.
Dans son dernier rapport, l’USDA a d’ailleurs « diminué les chiffres chinois d’importations d’1 million de tonnes pour le maïs », a relevé Damien Vercambre, du cabinet Inter-Courtage.
Par ailleurs, il se demande comment interpréter les achats massifs de soja américain par la Chine ces derniers mois : est-ce le « signe d’une reprise » de consommation en Chine, ou de « prudence en prévision de l’arrivée de Donald Trump » et d’un possible retour de barrières douanières ?
Pour Arlan Suderman, de la plateforme de courtage StoneX, l’importance de la récolte de soja attendue au Brésil devrait aboutir à une baisse des cours, avec « pour conséquence que la Chine déplacera ses activités vers le Brésil, ce qu’elle a déjà commencé à faire ».
Selon lui, la Chine se serait de toute façon tournée vers les approvisionnements brésiliens, moins chers que les américains du fait des taux de change.
« Les droits de douane n’ont donc aucune importance, du moins jusqu’à ce que les stocks de la nouvelle récolte brésilienne soient épuisés à la fin de l’année et que la Chine doive se tourner vers (les Etats-Unis) pour compléter ses approvisionnements », estime-t-il.