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Roger, cédant : « Pour y arriver, faut avoir l’envie de transmettre son élevage »


TNC le 17/01/2025 à 12:36
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« Mon rôle a été d'accompagner Cédric pour qu'il mène à bien ses projets », explique Roger Violant qui a passé le flambeau à son fils. (© Roger et Cédric Violant)

L'éleveur laitier du Finistère, à la retraite depuis presque un an, en est convaincu ! Pour que son fils s'épanouisse en s'installant sur l'exploitation, il a beaucoup échangé avec lui, écouté ses attentes et besoins, accompagné afin qu'il puisse mettre en œuvre ses projets, tout en le laissant prendre sa place sur la structure.

« Faut juste avoir envie de transmettre sa ferme. À partir de là, tout peut arriver ! », lance Roger Violant, éleveur laitier (85 VL et 100 ha en bio) à Plourin dans le Finistère, à la retraite depuis février 2024. Dans le cas contraire, « difficile d’y parvenir », estime-t-il. Pour autant, il a soigneusement préparé la transmission de l’exploitation, même si celle-ci s’effectue dans le cadre familial.

En 2014, son fils Cédric s’est installé sur la structure, où il était salarié depuis la fin de son BTS en 2007, d’abord à mi-temps jusqu’en 2011 (et à 50 % chez un voisin « afin de parfaire son expérience ») puis à temps plein. Ainsi, il a pu « se projeter » sur la ferme, c’est-à-dire « imaginer ses projets futurs », met en avant le retraité qui poursuit, via le salariat, son activité à mi-temps pendant deux ans « parce qu’on n’arrête pas comme ça un métier passion ».

Le plus important selon lui est « d’échanger », de savoir communiquer entre générations. Autrement dit : que l’un et l’autre puissent « partager » leurs attentes, objectifs, visions des choses, façons de faire, sur la conduite technique du troupeau et des cultures, la gestion économique, l’organisation du travail, etc. 

Laisser investir le rôle d’éleveur et de chef d’exploitation

Cela revient à « créer ce lien » essentiel entre un cédant et un repreneur, bien qu’il s’agisse d’un père et son fils, qui « se connaissent bien ». « Entretenir de bonnes relations avec son successeur, même avant de lui passer le relais, est crucial », appuie Roger. « Mon rôle a été d’accompagner Cédric pour qu’il mène à bien ses projets », poursuit-il, avant d’ajouter : « En lui laissant la main pour qu’il investisse pleinement le métier d’éleveur, et son statut de chef d’exploitation. »

Avoir envie aussi de faire confiance.

Pour cela, il faut « accepter et surtout avoir envie de faire confiance », pointe-t-il. Et veiller à ce que « le jeune puisse s’épanouir » : l’écouter, lui permettre d’être force de proposition sur le choix, par exemple, de nouveaux matériels ou bâtiments, lui donner la place qu’il doit prendre. 

Une méthode pour « optimiser le potentiel relationnel »

Pour faciliter les échanges, puisque lorsque Cédric a commencé à parler d’installation au sein de l’élevage Roger avait un associé, les membres du collectif de travail se sont formés à la méthode OPR (Optimisation du potentiel relationnel) qui définit notamment, à partir d’un questionnaire, le profil de chacun.

Comprendre la personnalité de chacun et trouver la bonne alchimie.

Le but : « comprendre les différentes personnalités, apprendre à communiquer et à s’écouter, en tenant compte des atouts et défauts/contraintes des uns et des autres, pour savoir si nous étions compatibles, avoir la communication la plus limpide possible et trouver la bonne alchimie entre nous », explique Roger.

L’écoute pour initier des projets et faire évoluer la ferme

« Pour pouvoir entendre, il faut de l’écoute », insiste l’ancien éleveur, venu témoigner au Space 2024 à la table ronde « Se comprendre entre générations et travailler ensemble » de l’Espace pour demain dédié au renouvellement des générations en élevage. Cette écoute est, en outre, indispensable pour « initier de nouveaux projets et faire évoluer la structure », fait-il encore observer.

Un moment et un lieu pour discuter.

L’une des décisions prises à l’issue de cette formation a été de séparer la ferme en deux EARL, une pour l’activité laitière et les cultures, pilotée par le père et le fils, une pour l’atelier porc gérée par le troisième associé. Un bureau a aussi été aménagé et agrandi pour « se retrouver tous les jours à 9 h autour d’un café et répartir le boulot même si chacun sait ce qu’il a à faire ».

« Il faut trouver un moment et un lieu pour discuter ensemble », argue Roger. Tout le monde fait le café, à tour de rôle, tout un symbole ! De plus, tous ont ainsi accès à l’informatique et peuvent se charger des tâches administratives, à tour de rôle également. À disposition par ailleurs : un coin cuisine, des toilettes et des douches. Ce qui a son importance pour accueillir des salariés et des stagiaires. 

Dès l’installation, veiller à la charge de travail

Roger met cependant en garde sur un point de vigilance à avoir en tête avant de reprendre une exploitation : la charge de travail, qui ne doit pas être trop lourde. D’où l’intérêt de savoir déléguer dès le départ, aux Cuma et ETA entre autres. « Et de faire des choix d’équipement et organisationnels qui simplifient le quotidien, ou du moins ne le compliquent pas. »

Savoir déléguer et faire les bons choix.

Il importe de « choisir le meilleur chemin, le plus rapide, pour atteindre son but », détaille-t-il. Et donc « d’éviter de se perdre dans une surcharge de travail ». Ainsi, on reste « objectif, pragmatique ». D’autant que les jeunes doivent souvent concilier l’élevage, prenant, et la vie de famille, avec de jeunes enfants. Pour lui, l’outil de production doit permettre à une personne de travailler seule deux-trois jours voire une semaine, l’autre associé pouvant alors s’absenter pour un engagement professionnel, ou une raison personnelle.