Accéder au contenu principal

La traite deviendra-t-elle LE point sensible de la filière laitière ?


TNC le 23/01/2025 à 11:53
traite

Salle de traite ou robot ? A chacun ses préférences, l'important c'est qu'animaux et trayeurs se sentent bien ! (© TNC)

La traite est LA principale tâche d’astreinte en élevage laitier. Elle impacte fortement les résultats de l’exploitation, conditionne de travail de l’éleveur et la santé de ses vaches. État des lieux et perspectives d’évolution avec le projet Ergotraite.

« Les structures d’élevage et le contexte sont en perpétuelles évolutions. Côté installations de traite et pratiques quotidiennes, on observe de grosses variations entre exploitations », constate Jean-Louis Poulet, responsable de projets R & D traite à l’Institut de l’élevage.

Pour lui, la traite pourrait devenir « LE point sensible de la filière » de par sa pénibilité. D’où la nécessite de s’y pencher sérieusement pour améliorer son attractivité globale. Premiers éléments de réponse du projet Casdar Ergotraite qui « vise à améliorer durablement la traite conventionnelle, en intégrant des aspects fonctionnels et ergonomiques ».

Des TMS identifiées dans 1 élevage sur 2

D’après les données collectées dans le cadre du projet, il y aurait dans un élevage sur deux des cas de TMS (troubles musculosquelettiques) diagnostiqués pour au moins un des membres du collectif. Un chiffre important alors que 70 % des trayeurs disent apprécier ce moment avec leurs animaux, malgré une pénibilité sous-jacente (nettoyage des surfaces, circulation, transport du lait pour les veaux…).

« En observant les animaux, on se rend compte que leur taille accentue les risques de TMS. » Jean-Louis Poulet poursuit ses explications : « Le format des vaches a augmenté ces dernières années. En d’autres termes, elles ont grandi. On a donc parfois des situations de trayons extrêmes, c’est-à-dire trop hauts et loin pour le trayeur. » D’où l’importance de prendre en compte la dimension des animaux dans la conception d’une installation de traite.

Autre facteur : la durée de traite. Celle-ci ne devrait pas dépasser 1h30 pour un bon confort de l’éleveur. Malheureusement, ce n’est pas le cas partout.

70 % des nouvelles installations sont en robot de traite

Le robot de traite gagne du terrain en France : l’Axema (le syndicat des machines agricoles) estime que 30 % des élevages laitiers en seront équipés d’ici 2030. Déjà aujourd’hui, 70 % des Certitraites (contrôles de mise en route d’une nouvelle installation de traite) se font en robots. « Leur développement est très variable en régions, détaille Jean-Louis Poulet. Ils sont par exemple au point mort en zone fromagère à cause des cahiers des charges. »

Et l’expert traite a un avis tempéré sur le sujet : « Le robot de traite est une possibilité pour beaucoup d’éleveurs, mais pas toujours une solution… Avant de franchir le pas, il faut évaluer le lien avec la qualité de vie recherchée, la charge mentale, les projets éventuels d’agrandissement, le ressenti de tous les membres du collectif… Car ce qui se trame un peu partout, c’est la saturation des robots avec une volonté de produire plus. »

C’est là que ça peut devenir bloquant. Pour lui donc, la traite « conventionnelle » doit rester une possibilité réaliste et attractive pour ceux qui le souhaitent (en complément bien sûr du développement des robots).

Une bonne coopération vache/trayeur

Le projet Ergotraite livre ses premières conclusions et des mesures sur les fermes laitières expérimentales tentent de confirmer les liens entre qualité de traite et comportement des animaux. « La traite, c’est un triptyque d’intervenants : animal, trayeur et machine. Tout n’est pas mécanique. Une bonne traite se fait d’une part grâce au matériel, mais aussi et surtout grâce à une bonne coopération entre les vaches et leur trayeur. » D’où l’importance de prendre en compte la particularité des animaux.