Accéder au contenu principal

Dans l’Aisne, un taureau sur cinq est testé infertile après le passage de la FCO


TNC le 28/01/2025 à 05:12
5d8107900000000000000000

Il est conseillé de tester ses taureaux en amont de la saison de reproduction pour éviter les mauvaises surprises. (© TNC)

Le passage de la Fièvre catarrhale ovine (FCO) provoque des conséquences en cascade dans les exploitations, avec dans le lot, une altération de la fertilité des mâles reproducteurs. Dans l’Aisne, 21 % des taureaux testés début janvier sont considérés comme temporairement stériles.

Alors que le début de la période de reproduction approche, la FCO vient jouer les troubles fêtes. Même sans symptômes, la maladie peut entraîner une baisse de la fertilité des mâles reproducteurs.

Les montées en températures sont à incriminer. « Avec la fièvre, on perd un certain pourcentage de spermatozoïdes », explique Ludovic Baumel, technicien inséminateur, et testeur de taureaux pour Coopelia-Pierry. Dans la plupart des cas, la stérilité est temporaire : compter entre 6 et 8 semaines pour retrouver une fertilité normale, le temps nécessaire à la production de nouveaux spermatozoïdes. D’autres hypothèses attribuent à la maladie des lésions vasculaires au sein des testicules, qui viendraient altérer la fertilité, mais ces mécanismes sont encore difficiles à décrypter.

Ce qui est certain, c’est que les taureaux stériles n’ont pas forcément été vus malades par leurs propriétaires. « Bien souvent, les éleveurs sont étonnés du résultat. C’est pour ça qu’il est important de tester les taureaux ».

Entre 20 et 25 % de taureaux testés infertiles

« Ce sont les échographies sur brebis qui nous ont mis la puce à l’oreille l’été dernier », précise Ludovic. « Il y avait énormément d’animaux vides, alors nous avons commencé à regarder du côté des béliers, et il y avait bel et bien un problème de fertilité. On a aussi regardé les taureaux, la FCO-8 avait déjà eu des conséquences sur la reproduction il y a 15 ans ». Et qui s’y frotte s’y pique : « sur 76 taureaux testés dans l’Aisne, 21 % ressortaient infertiles début janvier », constate Christian Guibier, conseiller bovin viande pour la Chambre d’agriculture de l’Aisne. « Les mêmes opérations ont été menées dans les Ardennes, la Marne et la Meurthe-et-Moselle et l’on tourne autour des 23 % d’infertilité ». En bref, entre un taureau sur quatre et un taureau sur cinq est écarté à l’issue du testage. Les chiffres étaient encore plus impressionnants en décembre « nous tournions autour des 27 % », ajoute le conseiller.

Pour Mathieu Canon, éleveur allaitant dans le nord de l’Aisne, le testage s’imposait. « Je ne peux pas faire grand-chose pour valider la fertilité de la voie femelle, alors il faut faire en sorte d’être certain que la voie mâle soit bonne », estime l’agriculteur dont le troupeau a été touché par la FCO. « J’ai fait analyser quatre taureaux, trois de mon élevage et un animal en cours d’achat ». Un reproducteur s’est révélé négatif. « J’ai avisé en inversant mes lots d’animaux », poursuit Matthieu.

À défaut de testage de semence, les échographies sont également conseillées pour les saillies d’automne. « Je suis allé chez un éleveur faire des échos en janvier, seules les vaches mises à l’IA étaient pleines. Le taureau était stérile », raconte Ludovic Baumel.

Tester deux semaines avant la mise à la repro

« Il faut tester les taureaux 10 à 15 jours avant le début de la saison de reproduction », estime Christian. « Ça ne sert à rien de le faire trop en amont. Un taureau peut être infertile à un moment donné et revenir positif quelques semaines plus tard », précise Ludovic. Mieux vaut toutefois anticiper le rendez-vous : les testeurs sont actuellement très demandés, et la bande passante se fait rare. Une fois sur place, le technicien est en mesure de poser le diagnostic en direct. Selon les résultats, l’éleveur pourra au choix miser sur d’autres taureaux, réaliser de la monte en main ou opter pour l’insémination artificielle.

Pour réaliser les tests, il est nécessaire de mettre les taureaux au repos quelques jours en amont. Mieux vaut également avoir un minimum de contention sur la ferme. « Le top, c’est d’avoir une cage de contention avec un accès au fourreau, ou un couloir de contention. S’il n’y en a pas, on peut se débrouiller avec un cornadis et une barrière à césarienne », précise le technicien. « Les éleveurs sont souvent inquiets. Ils n’ont pas l’habitude de manipuler les taureaux de la sorte ». Et pour cause : d’après un sondage réalisé sur Web-agri entre le 14 et le 21 janvier 2024, seuls 13 % des éleveurs en monte naturelle testent leurs taureaux en amont de la saison de reproduction (388 votes, échantillon non redressé). Mais pour Ludovic, le testage vaut le coup « dans nos régions, les éleveurs aiment bien avoir fini leurs vêlages avant Noël. Si l’on veut passer un réveillon tranquille, c’est maintenant que ça se joue ».

« Pensez également au pédiluve et au respect de la biosécurité », rappelle Christian Guibier « il ne s’agirait pas de ramener la FCO dans la ferme avec le test ».

Des aides régionales attribuées pour le testage

Côté prix, compter autour de 150 € pour tester un animal. Dans les Hauts-de-France et la région Grand-Est, des aides ont été octroyées pour le testage des taureaux. Le conseil régional prend en charge 70 % des frais liés aux tests de fertilité dans les élevages officiellement reconnus comme touchés par la FCO-3. Le reste à charge approche généralement les 40 à 50 €, et pour Christian Guibier, cela mérite vraiment de s’y frotter : « il y a déjà beaucoup de pertes de veaux, certaines exploitations ont des vaches en moins, il ne s’agirait pas d’avoir des conséquences sur plusieurs campagnes avec une saison de reproduction manquée ».