L’Unifa s’inquiète de la dépendance française aux engrais russes
TNC le 29/01/2025 à 16:00
Les industriels de la fertilisation pointent « une dépendance alarmante » de la France aux engrais russes, dont les importations se sont envolées ces dernières années et fragilisent les industries locales.
L’Union des industries de la fertilisation (Unifa) alerte dans un communiqué sur la forte hausse des importations françaises d’engrais russes, « menace croissante pour la souveraineté industrielle et alimentaire française » : ces imports sont passés de 402 000 tonnes en 2021 à 750 000 t en 2023 selon les douanes, soit un bond de plus de 85 %.
« Cette tendance qui s’est poursuivie en 2024 place l’agriculture française sous une dépendance croissante vis-à-vis de la Russie, qui fournit désormais un jour sur sept les besoins en nutriments du secteur agricole français », chiffre l’Unifa.
Le communiqué souligne « les coûts de production bien inférieurs en Russie », liés à un accès privilégié au gaz naturel et entraînant « une distorsion économique qui contraint les industriels français de la fertilisation à réduire leur activité, à restructurer leurs sites, mettant en péril des centaines d’emplois ».
L’Unifa appelle donc à mettre en place rapidement plusieurs mesures, sans pour autant perturber l’approvisionnement des agriculteurs : protéger efficacement les industriels des importations d’engrais venus de Russie et de Biélorussie, leur permettre de « continuer à innover au service de la nutrition des plantes et la santé des sols » en soutenant leur compétitivité, « promouvoir l’efficience et la technicité des produits européens et français ».
Une information tombée mardi 28 janvier pourrait répondre en partie aux inquiétudes de l’Unifa : la Commission européenne, qui avait déjà instauré à l’été 2024 des droits de douane prohibitifs sur les imports de céréales et oléagineux russes en Europe, prévoit d’imposer des taxes sur de nouveaux produits agricoles et sur les engrais importés en UE depuis la Russie, afin de l’affaiblir dans sa guerre contre l’Ukraine « tout en réduisant les dépendances de l’UE ».
Suite à l’invasion de l’Ukraine en 2022, la crise du gaz a mené l’UE à accroître de 57 % ses importations d’engrais azotés entre 2021 et 2022, détaille FranceAgriMer dans une étude consacrée au marché des engrais. La Russie est devenue le deuxième fournisseur de l’UE, avec une part de marché en hausse de 21 % à 24 % entre 2020 et 2023, derrière l’Égypte (27 %).
Pour les engrais phosphatés, la Russie a gagné des parts de marché grâce à des prix cassés et reste le deuxième fournisseur de l’UE derrière le Maroc, avec 24 % de l’approvisionnement en 2023.
L’UE a fortement réorganisé ses sources d’approvisionnement du côté des engrais potassiques, « en lien avec des décisions d’acteurs privés et de certains États Membres en réponse à l’invasion de l’Ukraine » : la Biélorussie est sortie de l’équation et la Russie est passée de premier à troisième fournisseur (15 %), au profit du Canada (39 % en 2023).