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« La robotisation en grandes cultures demeure au stade de prototype »


TNC le 04/02/2025 à 18:12
ArvalisNaIo

Le porte-outil Orio de Naïo, équipé d'outils Sky, a été utilisé par Arvalis pour une expérimentation sur les robots en grandes cultures. (© Arvalis)

Le salon mondial de la robotique, le World Fira 2025, qui se déroule jusqu’au jeudi 6 février près de Toulouse, ne salue pas d'avancées majeures pour les céréaliers. Des tests réalisés par Arvalis montrent les lacunes des robots au niveau économique et même… du temps de travail.

Alors que l’édition 2024 du Fira, le salon mondial de la robotique, avait mis les grandes cultures en avant, il fait cette année la part belle à la vigne, aux vergers et au maraîchage. La destinée des céréales, pommes de terre et autres betteraves ne sera pas, du moins à court terme, assurée par des machines automatisées, intelligentes et autonomes.

Dans le même temps, Arvalis a publié fin janvier les résultats de tests de semis et de binage menés en 2023/2024 dans une parcelle de blé de 3 ha sur sa ferme expérimentale de Lorraine par un robot Orio, un porte-outil développé par le constructeur français Naïo.

« Les résultats confirment que la robotisation en grandes cultures demeure au stade de prototype », avance l’institut technique agricole.

36 vulpins par m²

Lors de l’expérimentation, l’évolution dans les champs du robot Orio a été perturbée par les conditions climatiques exceptionnellement humides cette année. Le porte-outil n’a pu réaliser que deux binages, à l’automne et au printemps, pour une pression finale de 36 vulpins par mètre carré.

Une parcelle comparative, menée en mixant chimie en prélevée et désherbage mécanique à l’automne (un seul passage à cause des intempéries) avec tracteur classique, a enregistré le même résultat. « Quelle que soit la modalité, l’efficacité du désherbage s’est avérée insuffisante », tranche Arvalis.

Un temps de travail… supérieur

L’institut technique a également simulé, grâce à l’outil Systerre, les performances globales, et notamment économiques, de cette solution robotique à l’échelle de toute l’exploitation, le porte-outil assurant « les opérations de semis et de binage sur l’ensemble des cultures, hors prairies, couvrant ainsi une surface déployée de 180,5 ha par an ».

Les résultats, comparés à une conduite classique, sont sans appel. Le robot nécessite paradoxalement plus de temps de travail : 3,7 h/ha contre 3,5 h/ha. « Le temps habituellement consacré à la conduite du tracteur se transforme en temps de manutention et de logistique, par exemple pour le déplacement du robot entre les parcelles », constate l’étude.

Une marge nette qui s’effondre

Les coûts d’investissement du robot sont très loin d’être compensés par les économies réalisées sur la consommation d’herbicide. Ils font s’effondrer la marge nette avec aides : elle plafonne à 34 €/ha contre 167 €/ha, soit une différence colossale de 133 €/ha !

Autre enseignement : les émissions de gaz à effet de serre (GES) et la consommation en énergie primaire totale « demeurent du même ordre ».

La route des robots vers les vastes plaines céréalières demeure encore longue. « Une augmentation de la largeur ou du débit de chantier et une meilleure valorisation des batteries pourraient jouer un rôle clé pour que la robotique s’adapte davantage aux grandes cultures », conclut Arvalis.