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Vu au Québec : des veaux laitiers élevés avec leur mère en stabulation libre


TNC le 06/02/2025 à 09:45
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(© Craaq)

La traite robotisée n’empêche pas la S.A. DuLait de tester d’autres manières d’élever les veaux laitiers. Dans une vidéo du Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (Craaq), le couple explique comment il élève ses futures génisses avec leurs mères, en stabulation libre.

Éleveurs laitiers au Canada, Mariane Amar et Mathieu Savoie expérimentent l’élevage des veaux sous la mère en stabulation libre depuis maintenant deux ans, et le couple ne reviendrait pas en arrière. Avec 80 vaches à la traite en système robotisé, l’exploitation affiche un niveau de production de 115 kg de matière grasse par jour. Car au Canada, la production s’exprime en quantité de matière utile plutôt qu’en volume. Pour se repérer, 115 kg de matière grasse, c’est à peu près 2 800 l de lait à 4 % de matière grasse. En bref, un niveau de production tout à fait honorable.

Évaluer au cas par cas

Sur l’exploitation, les vêlages se déroulent dans une case dédiée. Après le vêlage, le couple avise au cas par cas : « on laisse autant que possible les mères avec leur veau pour créer un lien », explique Mathieu, avant de tempérer : « tout dépend du nombre de vaches prêtes à vêler que l’on a. Si elles sont 6, je suis obligé d’enlever le veau. Le lien mère/veau ne peut pas se faire s’il y a trop de monde. Mais si elles sont seules, ou avec une ou deux autres vaches, je laisse le veau ».

Les vaches bénéficient alors de 24 à 48 h d’isolement avec la future génisse. Pendant ce temps, les éleveurs guettent le comportement de la mère, « on fait beaucoup en fonction des observations terrain, et du comportement observé aux caméras », poursuit l’éleveuse canadienne. Si le lien se crée entre les deux animaux, le veau restera avec sa mère dans la stabulation. Sinon, il ira en pouponnière. Le couple prend également soin d’amener les vaches au robot pendant cette période d’isolement, afin de réapprendre à l’animal la routine de la traite.

Un sevrage à trois mois

Pour tester, l’éleveur conseille d’y aller pas à pas. « J’ai démarré par un ou deux veaux, puis je suis monté à 6 ou 7 dans le troupeau. C’est une pratique qui demande d’avoir le goût d’observer ses animaux, et de voir comment les vaches réagissent ». Mathieu n’y voit que des avantages : « on a des vaches qui délivrent mieux, mangent mieux, repartent mieux… C’est un grand bienfait ».

À tel point que l’impact de la séparation est d’autant plus important ! « Si on enlève le veau avant deux mois, la vache trouve ça excessivement difficile », constate l’agriculteur. Son astuce : attendre les trois mois de la génisse. « La vache commence à être tannée de son petit marmot qui vient téter trois, quatre, cinq fois par jour ».

« Il faut être observateur pour y trouver de l’agrément », complète sa compagne. « Le veau peut rester avec sa mère, ou avoir des « ma tantes » chez qui il va boire. Il faut regarder tout ça pour analyser les données au robot et suivre l’alimentation des vaches. »

Du côté du veau, le sevrage est forcément un moment difficile. « On a dû aménager un enclos de sevrage. Physiquement, le veau est séparé de sa mère, mais il la voit, ça fait passer la chose. » Une dizaine de jours plus tard, le veau retrouve un autre bâtiment ou il sera élevé.

Pour Frédéric Tremblay, vétérinaire, la pratique mérite d’être expérimentée. « L’enjeu de la séparation des veaux à la naissance est compliqué à aborder. C’est un peu comme si on disait qu’ils ne font pas de la bonne manière. » Mais rien n’empêche de tester des méthodes différentes.

« À l’heure actuelle, il n’y a aucune étude scientifique en faveur la séparation des vaches et des veaux. Par contre, il y a de la recherche assez robuste pour appuyer un contact plus prolongé. On sait qu’il y a une amélioration de la santé des veaux, des vaches… Il faut sortir de notre habitude et essayer tester quelque chose de nouveau. »

Et la pratique a d’autres avantages. « C’est un gros plus pour l’organisation du travail, et au niveau familial, avec moins de travail autour du vêlage et de l’élevage des veaux », constate Mariane.