Retenue illégale de Caussade : la CR, réélue, rejette toute mise en conformité
AFP le 07/02/2025 à 16:35
La Coordination rurale du Lot-et-Garonne, « renforcée » par sa réélection jeudi à la tête de la chambre d'agriculture du département, a rejeté la mise en demeure du préfet visant à mettre en conformité une retenue d'irrigation construite en 2019 sans autorisation.
Cette réserve utilisée par une quarantaine d’agriculteurs s’étend au nord de Villeneuve-sur-Lot sur 20 hectares de terrains dont la chambre d’agriculture, contrôlée depuis deux décennies par la CR47, est propriétaire. « Bien entendu que le lac de Caussade restera tel quel », a déclaré jeudi soir Karine Duc, coprésidente la CR47, après la victoire du syndicat avec quelque 70 % des voix, estimant que ce score donne « raison » à la Coordination rurale de « tenir tête à des décisions hors-sol ».
« Le lac de Caussade, pour nous, n’est plus un sujet et l’État doit également tourner la page », a-t-elle lancé. Fin décembre, le préfet du département a exigé de mettre le site en conformité afin d’assurer sa sécurité et de respecter le code de l’environnement en matière d’entretien des ouvrages hydrauliques, de partage de la ressource en eau et de préservation des milieux aquatiques.
La chambre d’agriculture et l’association syndicale autorisée (ASA) de Caussade, qui exploite l’ouvrage, doivent désigner un expert hydrologue pour examiner la digue et proposer d’éventuels travaux. Le tout à leurs frais, sous peine d’astreintes financières et de poursuites pénales.
« Si le préfet s’obstine à vouloir nous contraindre, ça pourrait faire des dégâts collatéraux que le préfet ne pourrait pas maîtriser », a prévenu jeudi Patrick Franken, président de l’ASA et membre de la CR47.
La retenue de Caussade avait initialement fait l’objet d’une autorisation préfectorale en juin 2018, retirée quelques semaines plus tard. Jeudi, le tribunal administratif de Bordeaux a débouté plusieurs associations qui réclamaient que l’État soit condamné pour « faute » pour n’avoir pas empêché cette construction.
Les juges ont toutefois rappelé « l’illégalité » de l’autorisation préfectorale initiale, estimant que le projet était « susceptible d’entraîner des risques sur le niveau de la ressource en eau et la qualité de celle-ci », selon la décision consultée par l’AFP.
En 2022, Serge Bousquet-Cassagne, président sortant de la chambre, et Patrick Franken avaient été condamnés en appel à dix mois de prison avec sursis pour cette construction illégale.