Vague jaune, percée de la Conf’, FNSEA-JA sous les 50 % : ce qu’il faut retenir des élections chambres 2025
TNC le 07/02/2025 à 18:25
Si la percée de la Coordination rurale est indéniable au niveau national, qu’en est-il dans le détail de l’évolution des forces syndicales sur le territoire français entre 2019 et 2025 ? Retrouvez, en cartes interactives, ce qu’il faut retenir des élections chambres d’agriculture 2025
Parfois nette, parfois très serrée – ce qui devrait présager plusieurs recours devant les tribunaux, d’autant que les différents syndicats ont dénoncé plusieurs irrégularités – la victoire des bonnets jaunes de la Coordination rurale dans plusieurs départements constitue le fait marquant de ces élections aux chambres d’agriculture. Pour autant, la Confédération paysanne a, elle aussi, conforté en partie son assise dans certains départements, emportant la chambre d’agriculture de l’Ardèche.
Le duo FNSEA-JA reste cependant largement majoritaire à la tête des chambres d’agriculture, malgré un score national qui passe en dessous des 50 %.
Retrouvez en détail l’évolution des votes entre 2019 et 2025 pour les trois principaux syndicats agricoles.
La Coordination rurale prend 14 chambres, 11 de plus qu’en 2019
Avec 14 chambres départementales potentiellement remportées, contre trois en 2019, la Coordination rurale a capitalisé sur le mal-être et les difficultés agricoles dans ses fiefs historiques, autour du Lot-et-Garonne notamment, mais conquiert aussi de nouveaux territoires, comme les Ardennes, la Lozère, ou le Cher. Des voix qui sont principalement prises au duo FNSEA-JA. « Les chambres d’agriculture vont redevenir des moyens de défendre les agriculteurs », a salué le syndicat le 6 février, mettant en avant une « victoire historique ».
Outre les départements qu’elle a remportés, la Coordination rurale progresse très fortement dans l’Ain, l’Allier, la Creuse, les Hautes-Alpes, l’Hérault, ou encore le Lot.
Dans l’ensemble, la progression du syndicat est notable dans la quasi-totalité des départements, mais elle recule légèrement dans certains comme le Finistère ou le Maine-et-Loire, des départements où la Confédération paysanne a gagné des points.
Le duo FNSEA-JA conserve la main sur 80 chambres environ
« Nous avons porté le goût d’entreprendre, mais force est de constater que dans les territoires où les difficultés s’accumulent, les agriculteurs n’ont plus foi en l’avenir », a pris acte le président de la FNSEA dans la soirée du 6 février. Pour Arnaud Rousseau, une partie des basculements en faveur de la Coordination rurale a eu lieu dans les territoires où les difficultés agricoles sont les plus fortes, et en partie dans les zones intermédiaires qui ont pâti de la dernière réforme de la Pac.
C’est dans le Var, l’Ariège, la Haute-Garonne, la Gironde, le Loir-et-Cher, les Ardennes et la Moselle que le syndicat perd le plus de voix. Néanmoins, le duo FNSEA-JA ne perd pas du terrain partout et augmente son assise dans la Manche, le Loiret, l’Alsace ou les Alpes-de-Haute-Provence.
Le mode de répartition des voix reste très favorable au syndicat qui conserve près de 80 chambres départementales : la liste arrivée en tête obtient la moitié des sièges à pourvoir, l’autre moitié étant répartie proportionnellement au nombre de voix.
Quatre chambres au total pour la Confédération paysanne
Si elle est moins générale que celle de la Coordination rurale, la Confédération paysanne réalise également une percée dans plusieurs départements, et remporte trois nouvelles chambres : la Guyane (collèges 1a et 1b), la Corse et l’Ardèche, tout en conservant celle de Mayotte, où les élections ont été reportées d’un an.
Le syndicat progresse fortement dans une douzaine de départements dont le Maine-et-Loire, la Drôme, l’Indre-et-Loire, l’Isère, l’Allier, les Hautes-Pyrénées, la Haute-Vienne, la Martinique. Au niveau national, le score obtenu par le syndicat dépasserait légèrement celui de 2019, autour de 20,5 %. « Un agriculteur sur cinq s’est exprimé pour ce projet syndical de l’agriculture familiale, seul projet alternatif au rouleau compresseur du modèle industriel porté par les autres syndicats », a salué Laurence Marandola, porte-parole du syndicat, le 7 février.
Autre progression notable, la Conf’ atteint le seuil de représentativité de 10 % dans des départements clés comme en Île-de-France ou dans le Lot-et-Garonne, où ses concurrents sont très bien implantés.
Une participation stabilisée autour de 45 %
Enfin, si les chiffres de la participation ne sont pas définitifs, celle-ci ne semble pas supérieure à celle de 2019 (46 %), avoisinant les 45 %. Dans un contexte de baisse régulière depuis 2007, avec 10 points de moins à chaque scrutin, ce taux de participation pourrait tout de même être le signe d’un regain d’intérêt pour ces élections et, en tout cas, d’une mobilisation importante du monde agricole pour élire ses représentants.