Des dizaines d’agricultures manifestent contre le Mercosur le long des Pyrénées
AFP le 10/02/2025 à 16:55
Des Pyrénées-Orientales aux Pyrénées-Atlantiques, des dizaines d'agriculteurs ont manifesté lundi pour protester contre l'accord commercial conclu par l'Union européenne avec les pays sud-américains du Mercosur, prédisant la « fin » de leur agriculture.
« Depuis un an, on réclame une harmonisation des normes, mais rien n’avance », fustige Didier Dolheguy, agriculteur à Came (Pyrénées-Atlantiques), depuis un vaste rond-point à l’entrée de Bayonne. « Nos revendications sont surtout tournées vers l’Europe, mais comme dans notre propre pays on n’a aucune stabilité politique, les dossiers n’avancent pas. On est là pour se faire entendre », dit-il à l’AFP.
Plus tôt dans la matinée, une cinquantaine d’agriculteurs « sans étiquette syndicale » à bord d’une trentaine de tracteurs ont été empêchés d’entrer sur l’autoroute A64 où ils voulaient bloquer un péage à hauteur de Bayonne.
Le « dispositif de sécurité » aux abords de différentes sorties des autoroutes A63 et A64 comprenait une centaine de policiers, gendarmes et CRS, selon la préfecture des Pyrénées-Atlantiques.
« L’autoroute était un symbole d’un grand axe européen, pour contester ce Mercosur. On nous contraint à embêter les locaux en passant par la route départementale, mais la cible visée n’est pas la bonne », a réagi Xabi Dallemane, éleveur de bovins et de canards à Bidache.
Blocage à la frontière
Plus à l’est, une trentaine d’agriculteurs, dont quelques espagnols, bloquaient le trafic par intermittence à la frontière près de Fos (Haute-Garonne) au moyen d’un tracteur et d’une bétaillère, ont constaté des journalistes de l’AFP.
« Le Mercosur, c’est la fin de notre agriculture », a lancé l’éleveur Jérôme Bayle, figure du mouvement de colère agricole début 2024 et dont la liste indépendante a récemment ravi la chambre agricole de Haute-Garonne à l’alliance FNSEA-JA. « On se bat pour la santé de nos enfants, qui seront les premières personnes impactées par cette malbouffe qui va venir des pays du Mercosur, (…) on se bat pour notre survie », a-t-il poursuivi, déplorant « des normes européennes drastiques » d’un côté, et l’importation de viande et céréales « issues de l’agriculture de déforestation de la forêt amazonienne ».
Dans les Pyrénées-Orientales, une trentaine d’agriculteurs français et espagnols se sont également rassemblés au col d’Ares, sans bloquer la frontière.
L’accord contesté permettrait à l’UE, déjà premier partenaire commercial du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay, Bolivie), d’y exporter plus facilement ses voitures, machines et produits pharmaceutiques. Il permettrait en échange à ces pays sud-américains d’écouler vers l’Europe des denrées telles que viande, sucre, riz, miel, soja.