Entre inconnue Trump et incertitudes météo, les cours des grains restent fermes
AFP le 12/02/2025 à 20:00
Épargnés dans l'immédiat par la politique de la Maison Blanche, les marchés des céréales et oléagineux restent fermes, de Chicago à Paris, dans l'attente notamment d'une meilleure visibilité sur la campagne agricole dans l'hémisphère Sud.
Le maïs à Chicago reste proche de ses plus hauts depuis plus d’un an, le blé et le soja depuis plusieurs mois.
La publication mardi du rapport mensuel du ministère américain de l’Agriculture (USDA) sur la demande et l’offre de produits agricoles a tout de même entraîné un repli des cours du blé, du grain jaune et du soja.
Selon les analystes, ce mouvement est lié aux décisions d’investisseurs de vendre quelques positions pour profiter des cours élevés, le rapport de l’USDA montrant une stabilisation américaine tant sur les stocks, les exportations que la production.
« Il n’y avait aucune raison de rationner la demande par des prix plus élevés (…) et certains investisseurs ont décidé de prendre des bénéfices, en particulier sur le marché du maïs », explique Arlan Suderman, de la plateforme de courtage StoneX Financial. « Le marché est alors devenu nerveux, et lorsque le maïs a commencé à se vendre, le soja et le blé ont suivi. »
Retour aux préoccupations météo
Désormais les opérateurs s’intéressent de près aux conditions de production latino-américaine, notamment aux pluies tardives en Argentine et au Brésil, ainsi qu’aux perspectives de plantation dans le centre des Etats-Unis avant la période de semis.
Dans son rapport, l’USDA a revu à la baisse le potentiel de récolte de maïs en Argentine et au Brésil « en raison d’une baisse des rendements » due à une météo défavorable, ainsi que pour le soja en Argentine.
Mais du côté des analystes, on se veut moins pessimiste, alors que la pousse du soja commence juste.
« Les conditions météorologiques en Amérique du Sud commencent à s’améliorer et pourraient aider à stabiliser la récolte », estime Dax Wedemeyer, de US Commodities. Le recul de la production argentine « pourrait être compensée par les gains réalisés cette année au Brésil », où globalement « la récolte est très bonne », anticipe-t-il.
De fait, en cette mi-février, le marché redevient un « weather market », dépendant de la météo, résume Damien Vercambre, du cabinet Inter-Courtages.
Faiblesse de l’euro face au dollar
En Europe aussi, le cours du blé reste ferme, soutenu notamment par la mise en place par la Russie de quotas sur ses exportations, explique l’expert.
Idem pour le maïs, qui profite d’une « petite fermeté » et se rapproche de ses plus hauts d’octobre 2024, dit Gautier Le Molgat, PDG d’Argus Media France : blé comme maïs bénéficient de la faiblesse actuelle de l’euro face au dollar (qui rend moins chers les achats effectués avec la monnaie américaine) mais aussi d’une « demande qui se réveille » (appel d’offre algérien…).
Mais outre ces facteurs « traditionnels », le secteur doit aussi faire avec le contexte de guerre commerciale lancée par Donald Trump autour des droits douaniers.
A ce jour, cela n’a « pas vraiment eu d’impact sur les marchés des céréales et des oléagineux », note Arlan Suderman. « Le marché fait preuve d’une résilience surprenante à l’heure actuelle même s’il reste beaucoup d’incertitudes. » L’USDA dans son rapport a aussi confirmé un repli de la demande chinoise de blé et de maïs. Le pays, qui consomme ses stocks, continue en revanche à importer soja et orge.
Ce ralentissement des importations de la Chine cependant « n’a pas été un facteur baissier pour les marchés » car « c’était largement anticipé par le secteur », explique l’expert de StoneX.