Abondance : les jeunes éleveurs voient « l’avenir positivement »
TNC le 21/02/2025 à 08:38
Pour Éloïse Novel, prendre la suite de ses parents, producteurs d'abondance, était une « volonté depuis toujours », travailler en famille quelque chose de « naturel ». « Une façon de vivre plus qu'un métier » où elle prend « beaucoup de plaisir », tout en ayant conscience du travail à poursuivre au sein de la filière sur « les aspects plus qualitatifs que quantitatifs » et des impacts du changement climatique.
« Mes parents font du fromagedepuis que je me rappelle de ma vie. » Éloïse Novel les a toujours vu fabriquer de l’abondance. Alors, depuis toute petite déjà, s’installer dans l’élevage familial où elle a grandi est « une volonté » tout aussi « naturelle ». Comme de travailler en famille. « C’est merveilleux, parfois un peu difficile, mais partager la même vision des choses et les mêmes valeurs aide à avancer dans la même direction », argue-t-elle.
« Profiter et me balader avant »
Après un bac STAV et un BTS Acse au lycée agricole de Poisy (Haute-Savoie), puis un certificat de qualification professionnelle vendeur-conseil en crémerie/formagerie à Lyon, la future éleveuse a « voulu profiter, se balader, voyager, faire ses expériences ». Avant de revenir sur la ferme il y a deux ans.
L’année dernière, elle a remplacé son père, à son départ en retraite, et s’est associée à son frère, déjà présent sur la structure, au sein du Gaec Le Chalet à Boëge, près d’Annemasse. Avec deux salariés, ils élèvent une trentaine de vaches et une vingtaine de génisses de race Abondance, et transforment le lait en fromage.
La jeune éleveuse s’occupe principalement de l’affinage et de la commercialisation, son frère de l’exploitation et de la transformation. Ils sont toutefois « à même de se remplacer ». « Chacun a sa spécialité, mais est capable de tout faire. » La journée débute à 6 h : traire, soigner les bêtes, effectuer les tâches d’astreinte. Puis, place à la fabrication de 8 h à 12 h suivie, l’après-midi, des travaux des champs et le soir, à nouveau, de la traite, des soins aux animaux, de l’alimentation.
« Le matin, je suis sur les marchés, pas à la ferme »
« Le matin, on ne me voit pas à la ferme, je suis sur les marchés », détaille la jeune femme de 33 ans. Le moment de la journée qu’elle apprécie particulièrement, de partage avec sa fille : aller chercher les vaches au pâturage. Le troupeau a sa mascotte, Nude, très câline qui « vient toujours faire un bisou avant d’aller en salle de traite ». « Tant qu’elle n’a pas son câlin, elle n’entre pas. »
Éloïse est, en 2025, ambassadrice de la campagne de communication du Syndicat interprofessionnel du fromage abondance (Sifa), diffusée du 17 février au 2 mars sous forme d’affiches – 450 ont été dispatchées dans les villes du département – et par voie digitale. Objectif : mettre en avant ce fromage AOP, son terroir et ceux qui le produisent.
Un avenir serein mais des enjeux aussi
Participer à cette opération est important pour elle : « L’abondance et notre beau métier méritent d’être connus ! », lance-t-elle, saluant la notoriété croissance de ce fromage, et les évolutions en termes de qualité et de goût observées au sein de la filière. Alors elle voit « l’avenir plutôt positivement » si les professionnels poursuivent leurs efforts « sur les aspects qualitatifs plus que quantitatifs ». Le changement climatique risque néanmoins d’impacter « la qualité de l’herbe et du foin, donc du lait », pointe-t-elle.
« Les sécheresses font désormais partie de notre quotidien », appuie Émilie Jacquot, présidente du Sifa. Parmi les autres enjeux à relever, comme pour l’ensemble des productions, elle cite « les contraintes économiques et les hausses vertigineuses des tarifs de l’énergie » et « le renouvellement des générations d’éleveurs ». « Aujourd’hui, les transmissions et reconversions professionnelles permettent à des familles » de s’installer dans cette appellation, se réjouit-elle.
« L’AOP assure une rémunération plus juste »
Promouvoir le fromage abondance, aux côtés de sa fille, l’occasion également d’aborder la transmission en élevage, un sujet très présent au sein de sa famille et qui lui tient à cœur. Son principal message aux futur(e)s installé(e)s justement : « Il s’agit d’un choix de vie, une façon de vivre plus qu’un métier. » Quant à la qualité première d’un producteur d’abondance ? La jeune agricultrice répond : « La patience puisqu’il faut 100 jours d’affinage. »
Antoine Chessel, 24 ans, deuxième ambassadeur de cette campagne de promotion,est salarié agricole sur la ferme familiale à Larringes, près d’Évian-les-Bains, en Haute-Savoie. Avec son père et un cousin de celui-ci, il produit au Gaec Les Contamines du lait en AOP Abondance. Depuis cinq ans, il travaille également dans deux autres élevages de cette même filière.
S’il reconnaît qu’il « n’est jamais très évident de se prêter à ce type d’exercice », il estime « essentiel de montrer ce qu’est le métier de producteur et la relation avec les animaux, mais aussi de défendre le fromage Abondance, qui permet grâce à l’appellation AOP de préserver les conditions de travail et d’assurer une rémunération plus juste ».