L’Ania dénonce un « coup de communication » des géants de la distribution
AFP le 25/02/2025 à 12:45
La conférence de presse que tiendront mercredi plusieurs patrons de la grande distribution au Salon de l'agriculture à l'invitation de l'animatrice Karine Le Marchand est « un énième coup de communication », dénonce mardi l'Association nationale des industries alimentaires (Ania).
L’événement, annoncé par ses participants comme l’occasion de présenter des « actions pour soutenir l’agriculture française », permet aux patrons tels qu’Alexandre Bompard (Carrefour), Thierry Cotillard (MIntermarché) ou Dominique Schelcher (Coopérative U) de « détourner l’attention et faire oublier qu’ils écrasent les prix, les entreprises agroalimentaires et les agriculteurs depuis des années », estime l’Ania dans un communiqué.
L’association professionnelle invite plutôt les distributeurs à « commencer à appliquer la loi Égalim dans les négociations commerciales qui se déroulent actuellement en France et à stopper son contournement via l’utilisation de leurs centrales d’achat internationales ».
Sur sa page LinkedIn, la fédération professionnelles des grandes surfaces (FCD) a assuré en retour que les « distributeurs respectent la sanctuarisation de la matière première agricole, comme l’exige la loi Égalim » et a appelé la Répression des fraudes (DGCCRF), service du ministère de l’économie, à « s’exprimer publiquement sur le sujet afin de rétablir la vérité » concernant notamment la part des produits négociés par les centrales internationales.
Chaque année, entre début décembre et le 1er mars, la grande distribution négocie avec ses fournisseurs de l’industrie agroalimentaire, des PME aux géants du secteur, les conditions (prix d’achat, place en rayon, calendrier promotionnel…) auxquelles elle va acheter une grande partie des denrées vendues dans ses rayons pour le reste de l’année.
« De mauvaises pratiques chez les distributeurs encore constatées cette année »
Les distributeurs sont régulièrement pointés du doigt par le monde agricole, accusés de tirer les prix vers le bas dans une stratégie préjudiciable aux producteurs agricoles.
« À quelques jours de la fin des négociations commerciales, force est de constater cette année encore que les mauvaises pratiques des distributeurs persistent pour tenter, par tous les moyens, d’obtenir des prix les plus bas possibles néfastes pour les 450 000 agriculteurs français et les 20 000 entreprises agroalimentaires », affirme, cité dans le communiqué de l’Ania, Jean-François Loiseau, président de l’association, qui rassemble 32 organisations représentant notamment les filières industrielles du sucre, du lait, de la bière, ou encore celui des céréales du petit déjeuner.
Invité mardi matin sur RTL, il a déploré l’utilisation des centrales d’achat internationales « pour sortir de la réglementation française », « ne pas respecter le prix payé aux agriculteurs » ou « contourner éventuellement les délais de paiement ».
Grande distribution : « Nous demandons des prix justes »@JeanFLoiseau, président de l’ANIA (Association Nationale des Industries Alimentaires), invité de @ThomasSotto dans #RTLMatinpic.twitter.com/aEfMkbEeIu
— RTL France (@RTLFrance) February 25, 2025
Les enseignes présentes à la conférence de presse de mercredi doivent présenter « trois initiatives communes », selon la communication de l’événement, qui n’a pas souhaité donner davantage d’information. Sont également annoncés Guillaume Darrasse, directeur général d’Auchan Retail et président d’Auchan France, et Philippe Palazzi, directeur général de Casino.
Le secteur a multiplié ces derniers mois les annonces pour témoigner de sa prise en compte des inquiétudes du monde agricole, non sans susciter du scepticisme.