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« La tomate ne résume pas les échanges entre Rabat et Paris »


AFP le 25/02/2025 à 17:15

Alors que la tomate marocaine a été érigée en symbole de la « concurrence déloyale » par des agriculteurs français, un représentant du secteur agricole marocain estime que « la polémique sur la tomate » ne résume pas les échanges entre les deux pays.

« Se focaliser sur un produit, comme la tomate, n’a pas de sens. On ne peut pas réduire les échanges à un produit », a déclaré mardi à l’AFP Rachid Benali, président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (Comader), qui représente le secteur des producteurs aux exportateurs.

Le Maroc est l’invité d’honneur du 61e Salon international de l’agriculture. Une attention qui irrite certains agriculteurs, qui ont fait de la tomate marocaine un des symboles de la « perte de souveraineté » agricole, alors que la France importe déjà la moitié de sa consommation de fruits et légumes.

L’association de producteurs Tomates et Concombres de France a dénoncé l’augmentation des importations de tomates marocaines en France de près de 8 % en 2023, avec environ 400 000 tonnes.

« Nous importons du blé français »

« Le Maroc exporte ses tomates dans le cadre d’un accord avec l’Union européenne, qui permet d’exporter un contingent de 280 000 tonnes sans droits de douanes. Au-delà, ce sont les règles du commerce international qui s’appliquent, à nous comme aux autres », a rappelé Rachid Benali.

« Nous exportons notre tomate vers la France, mais nous importons beaucoup d’autres choses. Nous importons du bœuf du Brésil parce qu’il est moins cher à produire que chez nous, comme nous importons du blé français » du fait de la sécheresse persistante qui frappe le Maroc, a-t-il expliqué.

Dans le cas de la tomate, entre en jeu ce qu’il appelle « le coût de revient climatique » : il est paradoxalement plus facile pour le Maroc de faire de la tomate sous serre que d’irriguer ses plaines céréalières. « C’est parce que nous ne chauffons pas les serres, qui sont dans la région d’Agadir (sud) et que nous utilisons de l’eau de mer dessalée », a indiqué Rachid Benali.

« Nous avons beaucoup à nous apporter »

Mais pour le président de l’interprofession françaises des fruits et légumes (Interfel), Daniel Sauvaitre, les « règles du jeu » ne sont pas les mêmes dans les deux pays.

Face à des « barquettes de tomates cerise marocaines à 0,99 euro en supermarché en France », les producteurs français « ne peuvent pas lutter », estime-t-il, rappelant que le coût de la main d’œuvre a augmenté pour les maraîchers de « 13 % depuis 2020 ».

Il appelle à retrouver « la complémentarité des filières », qui existait il y a quelques années quand la tomate venait du Maroc l’hiver « quand la France n’en produisait pas », alors que « maintenant elles viennent toute l’année ».

À l’issue d’une rencontre bilatérale, les ministres marocain et français de l’agriculture, Ahmed El Bouari et Annie Genevard, ont appelé « les professionnels français et marocains du secteur des légumes à renforcer leur coopération et leur dialogue sur les questions agricoles, à l’occasion du Sia, face aux défis et aux enjeux communs auxquels ils sont confrontés ».

« Nous avons beaucoup à nous apporter », estime Rachid Benali, citant l’exemple du savoir-faire marocain dans la culture de l’olivier en zone semi-aride. « On gère ce problème depuis maintenant plus de 20 ans. »