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Les cours des céréales hésitent, entre droits de douane et météo


AFP le 27/02/2025 à 09:13
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Le marché s'interroge principalement sur les conséquences de ces taxes douanières vis-à-vis du Mexique, le pays étant le plus gros acheteur de maïs américain. (© TNC)

Les marchés des céréales et oléagineux sont indécis, contenus par les interrogations sur les droits de douane de Donald Trump, sur fond d'aléas météorologiques.

Les marchés agricoles « hésitent, on le voit bien », résume Damien Vercambre, du cabinet Inter-Courtages. Il est « un peu nerveux » en raison des signaux contradictoires concernant la mise en place des droits de douane par les États-Unis sur le Mexique et le Canada, ajoute l’analyste.

Mercredi, le secrétaire au Commerce Howard Lutnick a déclaré que les surtaxes visant ces deux pays, annoncés début février, puis suspendus jusqu’au 4 mars, devraient finalement être effectives à compter du 2 avril.

Quelques jours plus tôt, le président américain Donald Trump avait pourtant assuré que les États-Unis allaient relever leurs droits de douane contre le Canada et le Mexique « à la date prévue », soit début mars, en dépit des gages apportés par ces deux pays.

Le marché « se consolide en prévision » de ces mesures, « qui incitent de nombreux traders et fonds à se tenir à l’écart en raison des inconnues à venir », estime Dax Wedemeyer, de US Commodities.

Mercredi à la Bourse de Chicago, le maïs américain lâchait 0,42 %, le blé reculait de 1 % et le soja perdait 0,92 %, sur l’échéance la plus proche (mars).

« Le marché européen est resté assez insensible »

Le marché s’interroge principalement sur les conséquences de ces taxes douanières vis-à-vis du Mexique, le pays étant « le plus gros acheteur de maïs américain et est également un acheteur important de blé américain », commente Rich Nelson, de la maison de courtage Allendale.

Selon les données du ministère américain de l’agriculture (USDA), les achats mexicains de maïs ont représenté, en valeur, environ 40 % des exportations américaines de la céréale en 2024.

La question des droits de douane visant le Mexique, et des potentielles mesures de rétorsion, « est probablement plus psychologique que pertinente », argumente toutefois Rich Nelson, selon qui « le Mexique connaît actuellement une sécheresse importante au moment où ils plantent leur plus petite récolte de céréales d’hiver ».

Aussi, « quel que soit le type de structure tarifaire, ils devront probablement s’approvisionner auprès des États-Unis de manière agressive au cours des prochaines semaines », ajoute l’analyste.

Suite aux propos de Donald Trump, mardi a été « une journée de fortes baisses à Chicago par peur des sanctions », relève Sébastien Poncelet, analyste spécialiste des céréales chez Argus Media France. Mais, « le marché européen est resté assez insensible au sujet », étant « un peu loin » de ces préoccupations, ajoute l’expert.

« Meilleures conditions météorologiques »

La baisse des cours du maïs observée ces derniers jours est attribuable à l’attente de la conférence agricole Agricultural Outlook Forum à Washington jeudi et vendredi, durant laquelle le ministère américain de l’agriculture devrait annoncer « des semis de maïs plus importants aux États-Unis » pour la campagne 2025-2026, a souligné dans une note Carsten Fritsch, de Commerzbank.

De plus, « la météo sud-américaine, avec les pluies en Argentine (…) change la physionomie des cultures » et laisse augurer de meilleurs rendements, ce qui tire à la baisse les cours du maïs, relève Damien Vercambre.

« Nous avons eu de meilleures conditions météorologiques au Brésil, ce qui a permis de faire progresser la récolte et de planter la deuxième récolte de maïs, (…) ainsi que de meilleures pluies en Argentine, ce qui a également contribué à consolider la récolte », abonde Dax Wedemeyer.

Dans le sillage du maïs américain, les cours du soja étaient en baisse à Chicago. Mais cette dynamique ne jouait pas sur un autre oléagineux, le colza, en Europe, où le prix du boisseau était en hausse mercredi.

Il y a une « tension sur les huiles végétales dans le monde » avec notamment un « bilan extrêmement tendu » sur le colza en Europe, où l’on s’interroge quant au fait qu’il y ait suffisamment de graines de colza disponibles « pour faire tourner les usines jusqu’à la fin de la campagne », assure Sébastien Poncelet.