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Les agriculteurs de Mayotte « toujours debout » au Salon après le cyclone Chido


AFP le 27/02/2025 à 10:38

« On ne va pas lâcher » : un peu plus de deux mois après le passage dévastateur du cyclone Chido, les agriculteurs de Mayotte affichent leur résilience au Salon de l'agriculture à Paris, qui leur a offert un stand en guise de soutien.

Discrètement accrochés dans un coin sur un pilier métallique, des t-shirts montrent l’archipel de Mayotte dans le cyclone et lancent un appel à la solidarité : « Soutenons nos agriculteurs, replantons les fruitiers de Mayotte. » Cette campagne locale, destinée à faire repousser cocotiers, bananiers et manguiers, est la seule sur le stand mahorais du Salon international de l’agriculture à Paris à faire directement référence à Chido.

Car, quand ses vents à plus de 200 km/h ont fait 40 morts, autant de disparus et des dégâts considérables le 14 décembre dernier, la préparation de l’événement était déjà bouclée.

Miel de Bandrani, café, huile essentielle d’ylang-ylang ou cannelle en poudre : « On a apporté des produits transformés, pas des produits frais », note Ibrahim Fonte, de la chambre d’agriculture mahoraise.

Destruction de la quasi-totalité des terres cultivables

« Ce sont les années à venir qui vont être très compliquées, quand il n’y aura plus de stock. Comment va-t-on faire? » Malgré la catastrophe et la destruction de la quasi-totalité des terres cultivables de l’archipel de l’océan Indien, la présence de Mayotte à la « plus grande ferme de France », entre les stands de La Réunion et de la Guadeloupe, n’a jamais été remise en cause.

Elle permet d’abord aux agriculteurs mahorais de se faire entendre par les dizaines de délégations politiques attendues jusqu’à dimanche au parc des expositions de la porte de Versailles.

« C’est le moment de discuter, de revendiquer un soutien fort pour relever l’agriculture de Mayotte », dit Ibrahim Fonte, qui voit aussi dans ce séjour en métropole « une parenthèse » dans un quotidien morose pour la dizaine d’exposants présents.

« Je suis revenu humainement bouleversé »

Les organisateurs ont offert aux Mahorais la location de leur stand de 90 m2, un geste représentant un peu plus de 30 000 euros. « C’était la moindre des choses », estime auprès de l’AFP le président du Salon Jérôme Despey, qui s’est rendu sur place début janvier dans le cadre de ses activités syndicales – il est aussi vice-président du syndicat agricole historique FNSEA.

« J’en suis revenu humainement bouleversé. Tout était dévasté. » « Il ne faut pas qu’on oublie ces hommes et ces femmes qui font l’agriculture à Mayotte et qui ont beaucoup souffert », ajoute-t-il. « Il faut qu’on puisse parler d’eux et qu’ils se sentent soutenus. » Mercredi, le président Emmanuel Macron a reçu des agriculteurs ultramarins à l’Élysée et a affirmé vouloir faire de Mayotte un « laboratoire ».

« C’est-à-dire, pas simplement aider en urgence pour récupérer mais se dire qu’on doit améliorer, on doit trouver des cultures plus résilientes », a-t-il souligné. En train de remplir des sachets de curcuma amada, communément appelé « gingembre mangue », Fatima Daoud ressent au Salon une pointe de culpabilité à ne pas se trouver sur son exploitation.

« Les gens achètent nos produits pour nous soutenir »

« Il y a tellement de choses à faire. En deux semaines là-bas, j’aurais pu déblayer, dégager des arbres tombés », témoigne-t-elle, tout de même heureuse de pouvoir faire passer un message par sa venue à Paris. « On veut montrer que Mayotte, malgré le cyclone, est toujours debout. Qu’on est prêt à aller de l’avant, qu’on ne va pas lâcher », souligne l’agricultrice, à la fois éleveuse et maraîchère.

De l’autre côté du stand, Abassi Dimassi, jeune producteur de vanille et apiculteur, garde lui aussi le sourire, même s’il sait qu’il lui faudra quatre à cinq années avant de pouvoir proposer de nouvelles gousses.

« Quand on vit à Mayotte, on est obligé d’être résilient », relativise-t-il, touché par les marques de soutien du public. « Beaucoup de visiteurs viennent nous voir pour nous demander comment ça se passe chez nous. Certains achètent même nos produits en nous disant que c’est pour nous soutenir. »