« On parlait de suicide, aujourd’hui on parle de mal-être »
TNC le 28/02/2025 à 10:27
Avec 30 % de signalements supplémentaires aux caisses de MSA en 2024, le recours aux dispositifs d’accompagnement des agriculteurs en situation de détresse a nettement progressé par rapport à l’année précédente. Si ces chiffres témoignent d’une augmentation des difficultés, cette évolution est également liée à une meilleure connaissance des outils mis à disposition, a indiqué la MSA le 27 février.
Après une année 2024 particulièrement difficile, la MSA a dressé un bilan de ses actions de prévention contre le mal-être agricole, le 27 février, au Salon de l’agriculture. « On a recensé près de 6 000 signalements aux caisses de MSA en 2024, soit + 30 % par rapport à l’année précédente », a expliqué Magalie Rascle, directrice déléguée en charge des politiques sociales à la Caisse centrale de la MSA. Deux-tiers des signalements qui parviennent à la MSA font l’objet d’un accompagnement social, précise-t-elle.
Augmentation des recours, mais aussi de la détection
« Ces chiffres traduisent une augmentation du mal-être des agriculteurs, mais ils traduisent aussi, et il est difficile de faire la part des choses, une meilleure détection », puisque les moyens d’action ont augmenté, indique Magalie Rascle. Ainsi, si le plan interministériel prévoyait la formation de 5 000 sentinelles fin 2023, ce nombre dépasse les 8 000 fin 2024, voire « 10 000 si on ajoute les personnes formées au premiers secours en santé mentale », précise-t-elle.
Les sollicitations sont également en hausse sur la plateforme Agri’Ecoute, qui a reçu plus de 4 000 appels en 2024. « La moitié des personnes qui vont nous appeler vont le faire pour une consultation avec un psychologue, les autres pour obtenir de l’information pour elles ou pour un proche ». Or, au lancement du dispositif, il y a 10 ans, la MSA s’attendait à une proportion importante de signalements de personnes à risque élevé de mal-être ou risque suicidaire.
« Finalement, les personnes nous appellent plus tôt, on est identifiés comme une ressource pour trouver des solutions », salue Magalie Rascle. « On parlait de suicide, maintenant on parle de mal-être, j’espère qu’on a vraiment inversé la tendance. On sent qu’on en a moins qu’avant, on est loin des deux suicides par jour », estime de son côté Olivier Damaisin, coordinateur national interministériel du plan Prévention du mal-être en agriculture.
« Chez les artisans et commerçants, il y a aussi du mal-être mais il n’existe pas de structure comme la MSA pour les accompagner. C’est l’avantage en agriculture du guichet unique, car c’est facile de critiquer le côté financier mais sur le côté social, la MSA est là et répond », souligne l’ancien député du Lot-et-Garonne.
Un succès fulgurant de l’aide au répit administratif
Si tous les dispositifs d’accompagnement ont connu un recours accru – aide au répit, recours au service de remplacement… – le lancement de l’expérimentation, en 2024, d’une aide au répit administratif a connu « un succès fulgurant ». Cette aide vise à prendre en charge ponctuellement un assistant administratif quand une personne est submergée par les démarches et n’ouvre plus son courrier. Elle répond notamment à l’un des besoins exprimés lors des manifestations agricoles, celui de la simplification, de l’accès aux droits, explique Magalie Rascle.
Ce dispositif qui « répond à une urgence et à un besoin précis est un exemple criant de ce que l’on sait faire au niveau de la MSA », souligne ainsi Jean-François Fruttero, président de la caisse centrale. Avec ce succès, « on est même inquiets, car on doit trouver la ressource financière pour pérenniser le dispositif dans le temps », ajoute Magalie Rascle.