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Les profits de John Deere, Agco, Claas et CNH font grise mine, Kubota résiste


TNC le 10/03/2025 à 05:33
JohnDeere6R155

John Deere, porté par ses best-sellers comme le tracteur 6R 155, affiche toujours des bénéfices sans commune mesure avec ses concurrents. (© John Deere)

Les grands tractoristes ont connu un exercice 2024 compliqué après une année 2023 record. Les premiers mois de 2025 confirment cette tendance. Dans ce contexte morose, le constructeur japonais tire son épingle du jeu.

Après les records, la soupe à la grimace. À la suite d’une année 2023 prospère, les grands tractoristes ont connu un exercice 2024 plus difficile, marqué par un recul mondial des ventes. Mauvaises récoltes, climat capricieux, suréquipement, prix de vente des machines, incertitudes géopolitiques, taux d’intérêt élevés, prix des céréales tendus… Les causes sont multiples. Et les premiers résultats de 2025 confirment, voire accentuent, cette tendance.

Les effets sont là. La frénésie des nouveautés est, depuis l’Eima, bien calmée. John Deere et compagnie se réservent-ils pour un feu d’artifice d’innovations à Agritechnica à la fin de l’année ? Ou se concentrent-ils sur leur gamme actuelle en mettant de côté des lancements de produits toujours coûteux ? Dans ce contexte, l’accumulation des salons pose aussi question, alors que les budgets marketing et communication baissent, avec par exemple la relance du Sima, rebaptisé AgriSima, en février 2026.

Des investissement pour l’avenir

Ces mastodontes du machinisme restructurent et recentrent leurs activités, à l’image de CNH, qui a revendu les marques Kongskilde et Överum. Agco s’est lui séparé de son activité de stockage de grains. Ces groupes ne restent toutefois pas sans ressources : Agco a ainsi créé PTx, un géant de l’agriculture de précision, regroupant sous une même bannière les technologies issues de Trimble et Precision Planting. Claas a investi 330 millions d’euros dans des activités stratégiques d’avenir.

En attendant, les chiffres, dans le détail, sont éloquents. Commençons par un groupe à lui tout seul : John Deere affiche pour 2024 un chiffre d’affaires de 51,7 milliards en baisse de 16 % pour un bénéfice de 7,1 milliards, en recul de 3 milliards. Début 2025, le chiffre d’affaires accélère sa baisse : – 30 % et surtout – 38 % pour la division agriculture. John Deere table sur un bénéfice situé entre 5 et 5,5 milliards de dollars pour cet exercice.

Les stocks pésent chez CNH Industrial

« Face aux défis importants du marché cette année, nous avons ajusté de manière proactive nos opérations commerciales pour mieux nous adapter à l’environnement actuel, déclare John May, président-directeur général de Deere & Company. Associés aux améliorations structurelles apportées au cours des dernières années, ces ajustements nous permettent de servir nos clients plus efficacement et d’obtenir de solides résultats tout au long du cycle économique. »

Chez CNH Industrial, avec ses marques phares Case IH, New Holland et Steyr, le bénéfice a presque été diminué de moitié, atteignant 1,2 milliard de dollars alors qu’il culminait à 2,2 milliards l’an passé. Suivant la tendance générale, les profits se sont effondrés au quatrième trimestre 2024 avec « seulement » 176 millions de dollars.  Le chiffre d’affaires chute de 24,7 à 19,8 milliards de dollars, avec un recul persistant en 2025 de 13 à 18 %. La mise à niveau des stocks chez les revendeurs a fortement pesé dans ces résultats.

Agco perd de l’argent

« Comme prévu, l’inventaire des concessionnaires agricoles a diminué de plus de 700 millions de dollars au quatrième trimestre grâce à un soutien ciblé aux ventes et à une réduction de 34 % des heures de production. Les efforts déployés pour aligner nos structures au contexte actuel de l’industrie nous ont permis de livrer nos produits avec une raisonnable érosion des marges », reconnaît Gerrit Marx, le PDG du groupe, arrivé en avril 2024.

Comme tous les autres groupes, Agco (Massey Ferguson, Fendt, Valtra) n’échappe pas à la conjoncture défavorable. Son chiffre d’affaires atteint les 11,7 milliards de dollars, en retrait de 19,1 %. Pour le quatrième trimestre 2024, la baisse s’emballe à – 24 %. Le groupe table sur 9,6 milliards de dollars pour l’année en cours. Agco perd de l’argent : alors que son bénéfice s’élevait à près d’1,2 milliards de dollars en 2023, il a connu une perte de 424 millions de dollars en 2024.

Kubota reste stable

 « Nous avons réduit nos heures de production de 33 % au quatrième trimestre et avons terminé l’année avec des stocks d’entreprises et de concessionnaires inférieurs à ceux de 2023. La solide performance de 2024, tirée par nos trois leviers de croissance à marge élevée et par l’accent mis sur le contrôle des coûts, souligne la transformation structurelle en cours chez Agco », commente son PDG Éric Hansotia.

Kubota fait figure d’exception. Grâce à ses résultats à l’international, en progression de 0,3 %, la groupe compense la légère baisse de 1,7 % enregistrée au Japon et affiche un chiffre d’affaires stable (- 0,1 %) pour 2024 à environ (selon les fluctuations du yen) 19 milliards d’euros. Les bénéfices du groupe baissent de 4 % et se placent à environ 2 milliards d’euros. Kubota est porté par sa branche machinisme agricole et industriel qui représente 87,4 % des activités. Le constructeur nippon compte continuer sur sa lancée en 2025 et mise sur un chiffre d’affaires légèrement en hausse.

Claas reste bénéficiaire

Claas a clôturé l’exercice 2024 avec un chiffre d’affaires de 5 milliards d’euros ce qui correspond à une baisse de 19 %. L’excédent annuel du groupe s’est élevé à 253 millions d’euros contre 347 millions d’euros l’année précédente.

« Notre capacité bénéficiaire, malgré une baisse significative du chiffre d’affaires, en dit long sur notre résistance. Le fait d’avoir adapté nos structures et nos processus suffisamment tôt et au milieu d’une phase de forte dynamique de marché et d’incertitudes géopolitiques croissantes s’avère payant », réagit le CFO (directeur administratif et financier) de Claas, Henner Böttcher.

Les résultats de Same Deutz-Fahr n’ont pas encore été publiés.