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La « tech » dans le champ des gendarmes en zone rurale


AFP le 11/03/2025 à 09:15
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« Tout drone avec caméra doit être enregistré », rappelle la gendarmerie. (© anatskwong, Adobe Stock)

Drones, GPS, cyber-attaques : ce n'est pas le bandeau promotionnel d'un roman d'espionnage mais le terreau de missions méconnues des gendarmes auprès des exploitants agricoles.

Le grand public ne fait pas « forcément le lien entre cybercriminalité et agriculture », convient auprès de l’AFP le lieutenant Eddy Rouf, chef du bureau de la prévention au sein de l’unité nationale cyber de la gendarmerie.

Tout part du « constat simple » de « l’évolution technologique et numérique » du monde agricole, brosse le responsable qui cite des « robots pour désherber, pour la cueillette des arbres fruitiers, des moissonneuses-batteuses autonomes, etc. ».

Une technologie aussi au service de la « conservation des céréales, du lait » dans des coopératives agricoles. Un outil qui peut donc « être piraté », prévient le lieutenant Rouf.

Sensibiliser

« Au moment du Covid et à la naissance du conflit russo-ukrainien, des actions ont été menées envers divers exploitants agricoles, justement, pour impacter certaines nations ou pour faire varier les cours des productions agricoles », prolonge-t-il.

La sensibilisation en zones rurales n’a pas pour but de « faire peur aux exploitants agricoles » mais « d’élever leur niveau de maturité cyber, leur culture en la matière, pour comprendre les enjeux ».

L’idée est « de répondre à leurs questions », qu’ils se sentent « moins isolés » et, le cas échéant, les orienter vers des relais mis en place par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi).

« Les drones peuvent devenir un danger »

Toujours dans le sillon « tech », des gendarmes ont récemment parlé usage de drones au Salon de l’agriculture à Paris.

Les agriculteurs les utilisent parfois « pour des constatations d’assurance de dégâts dans leurs champs après un passage de sangliers », décrit à l’AFP l’adjudant Charly Lebrun, référent drone du bureau aéronautique de la gendarmerie des transports aériens. L’épandage par drone a été limité par les députés à des cultures particulières – bananeraies, certaines vignes – sur des parcelles spécifiques.

« Le souci est que le drone reste dans l’esprit de certains un jouet, jouet qui peut devenir un danger », met en garde ce gendarme télé-pilote.

Vols de GPS

Même avec une vidéo embarquée, un drone « à 2 km » de son pilote devient « aveugle et sourd » alors qu’il peut « croiser un parachute ou une montgolfière ». L’adjudant Lebrun rapporte « de plus en plus de retours de pilotes d’hélicos ou de pilotes d’avions de ligne qui croisent des drones dans leur couloir d’approche » d’un aéroport.

Au delà des conseils de sécurité – « toujours garder le drone à vue » -, les gendarmes au Salon de l’agriculture ont fait un point réglementation.

Notamment sur les démarches administratives – « tout drone avec caméra doit être enregistré » – souvent ignorées et pourtant répertoriées et facilitées par le portail AlphaTango.

Et qui dit technologies, dit aussi convoitises. Un réseau international de vols de GPS dans les fermes – Gers, Landes, Yonne, Vendée, Seine-et-Marne – a récemment été démantelé par les gendarmes. Soit plus de 100 équipements, avec un préjudice à plus d’1,5 million d’euros.

« Diagnostic de sûreté »

Une autre bande neutralisée visait « des analyseurs de grains, avec une grosse valeur unitaire », mentionne pour l’AFP le colonel Rémy Moulinier, chef du bureau de la prévention et des partenariats de sécurité de la gendarmerie.

Pour prévenir ces méfaits, les gendarmes misent sur leur maillage, leur présence lors des comices agricoles, leur contact avec les chambres d’agriculture ou les compagnies d’assurances du monde rural.

Pour « le phénomène des GPS volés », la gendarmerie délivre une série de conseils, comme « retirer systématiquement antennes et consoles des cabines des tracteurs », établit le colonel Moulinier.

Ce responsable évoque aussi un « véritable diagnostic de sûreté » proposé par les gendarmes. Soit une « intervention gratuite », « sans obligation ». « Et sans chercher à vendre à tout prix un matériel proposé par une société », comme pourraient le faire d’autres prestataires privés, déroule l’officier.

Un bilan qui peut s’articuler ainsi : la vidéoprotection est-elle utile à votre exploitation ? Si oui, comment la disposer efficacement ? Faut-il la coupler avec un système lumineux ? etc. En 2024, 610 exploitations agricoles ont sollicité les gendarmes pour bénéficier d’études de sûreté.