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Collecte, prix du lait… Renouveler les éleveurs, l’enjeu des coops


TNC le 14/03/2025 à 08:29
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Sur les 60 élevages adhérents de la Coopérative laitière de Yenne, une dizaine seront concernées par un départ d'associé ou une transmission à court et moyen terme. (© Coop laitière de Yenne)

Un éleveur adhérent, qui part à la retraite ou cesse son activité de manière anticipée, et n’est pas remplacé, c’est du litrage en moins pour la coop. Or maintenir la collecte est indispensable pour diluer les charges fixes et d’investissement, et préserver le prix du lait, explique Loïc Bertand, producteur et président de la Coopérative de Yenne, dans l’Avant-Pays savoyard, dans une vidéo tournée au Salon de l’agriculture.

« Même si le prix du lait y est attractif – 750 €/ 1 000 l en conventionnel et 875 € en bio – le renouvellement des générations d’éleveurs est un enjeu pour notre coop », pointe Loïc Bertrand, producteur laitier (dans un Gaec à trois associés, en bio, avec un troupeau de 100 vaches laitières tarines, l’une des trois races autorisées, aux côtés de l’Abondance et la Montbéliarde, par les appellations tomme et raclette de Savoie dont il fait partie) et président de la Coopérative de Yennedepuis six ans.

Continuer de bien valoriser la production

Pourtant la moyenne d’âge des coopérateurs, 45 ans, est jeune comparé à celle des éleveurs bovins lait en France. Mais sur les 60 exploitations adhérentes, une dizaine, bientôt à céder, n’ont pas de successeur familial. Sans compter les cessations anticipées, moins prévisibles. Elles sont plus fréquentes qu’avant, notamment parce qu’on ne s’installe plus forcément pour toute une carrière.

Le risque : mettre à mal notre construction du prix.

Or, « si nous voulons continuer de valoriser le lait à ce niveau-là, il ne faut pas perdre de litrage, alerte-t-il. Il faut a minima maintenir la collecte laitière, voire l’augmenter un peu. Le risque, sinon, est de mettre à mal notre système de construction du prix, de valorisation du lait. »

Continuer à investir dans l’outil coopératif.

Sans oublier que, dans cette dernière, il y a la valeur du fromage mais aussi la couverture des charges, en particulier la dilution des charges fixes (les salaires des employés par exemple) et des investissements dans l’outil coopératif de transformation, affinage, commercialisation (amortissements). « Pour pouvoir l’entretenir et le moderniser, nous devons préserver le volume collecté », insiste Loïc Bertrand.

Attirer les jeunes par le prix, même venant d’ailleurs

Un prix du lait rémunérateur permet d’attirer des jeunes vers le métier d’éleveur et la coopérative de Yenne. « Il montre l’intérêt de s’installer en élevage laitier dans cette zone sous appellation, insiste le président de la coop. D’autant que notre profession est de plus en plus difficile, économiquement, avec le changement climatique », les normes, les pressions environnementales, sociétales… « Alors celle-ci doit être rémunérée. »

Je venais de Bretagne, je voulais m’installer dans une zone de production où je pourrais créer de la valeur ajoutée.

La jeune génération doit pouvoir accéder à un confort de vie se rapprochant de celui du reste de la société, avoir des temps de repos, des week-ends, des vacances. « Il faut une rémunération qui permette de recourir au service de remplacement, d’embaucher des salariés, ou de dégager suffisamment de rentabilité pour que la structure puisse accueillir plusieurs associés », fait-il remarquer.

Il est possible d’intéresser de futurs éleveurs venant d’ailleurs. « Comme moi il y a près de 30 ans. J’étais de Bretagne et je suis venu reprendre une ferme dans un endroit où je pouvais créer de la valeur ajoutée parce que les producteurs, réunis en coopérative, maîtrisent leurs produits, de la production à la vente. » À l’époque, le RDI (répertoire départ installation) n’existait pas, les autres plateformes de mise en relation entre cédants et repreneurs, comme Éloi ou Feve, encore moins. Loïc Bertrand s’est donc débrouillé par lui-même.

Aider les coopératives au renouvellement générationnel

Éloi vient d’ailleurs de lancer, au Salon de l’agriculture, le programme Coop d’avenir. L’objectif est d’aider les petites coopératives (moins de 300 adhérents) à relever le défi du renouvellement des générations agricoles. « 70 % des 150 fermes à transmettre que nous accompagnons travaillent avec des coopératives. Le système coopératif, bien implanté, a l’avantage de sécuriser les débouchés et les prix. Il rassure les investisseurs », fait valoir Maxime Pawlak, président cofondateur de la société à mission.

Selon lui, ses atouts sont indéniables pour la transmission des exploitations et l’installation des jeunes agriculteurs. C’est pourquoi il présente les coops du secteur, le plus en amont possible, aux repreneurs potentiels avec lesquels il est en relation. « Les coopératives sont souvent informées des cessions de fermes un peu tard », estime-t-il. Grâce à sa présence dans plusieurs régions et sur les réseaux sociaux, Éloi donne de la visibilité, auprès des candidats à l’installation en agriculture, à des structures au budget communication limité.

Les coops ont jusqu’au 4 avril pour déposer leur candidature. Parmi les critères de sélection : les engagements territoriaux et sociaux pris par l’entreprise. « Certains élevages adhérents cherchaient un successeur depuis plus de deux ans. Avec Éloi, ils en ont trouvé un en quelques mois. Coop d’avenir devrait permettre de renforcer cette dynamique », fait savoir Loïc Bertrand, rappelant que la filière bovine laitière est la plus critique en termes de renouvellement générationnel.