La CR échoue à prendre la Chambre d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine
AFP le 15/03/2025 à 07:38
La Coordination rurale (CR) n'a pas réussi à s'emparer de la chambre d'agriculture de Nouvelle-Aquitaine vendredi, dénonçant un « vol » après être arrivée en tête dans sept départements sur douze à l'issue du scrutin organisé en janvier auprès des exploitants.
Le candidat de la FNSEA, Bernard Layre, a été élu président de l’instance régionale face à celui de la CR, Bertrand Venteau, avec 39 voix contre 26 et trois bulletins blancs, parmi l’assemblée de 71 élus composée aux deux-tiers d’exploitants.
Les deux syndicats rivaux étaient à égalité parmi ces derniers et la FNSEA a obtenu l’essentiel des voix des autres représentants du monde agricole (salariés, retraités, banques, mutuelles ou coopératives, etc.).
C’est du vol
« Lorsque les organismes para-agricoles votent contre nous et ne pensent même pas à s’abstenir, c’est du vol », a dénoncé Xavier Desouche, président régional de la CR, dont les membres ont craqué deux fumigènes dans les locaux de Bordeaux Sciences Agro, où avait lieu l’élection, avant de quitter les lieux.
« Les agriculteurs de Nouvelle-Aquitaine ont voté en majorité pour nous (avec 39% des voix contre 38% à l’alliance FNSEA/JA, NDLR) et aujourd’hui la FNSEA va garder son hégémonie sur l’ensemble de l’agriculture, alors qu’un peu d’ouverture ferait du bien à la France », a-t-il ajouté.
« Il n’y a pas eu match parce qu’aujourd’hui, tous les acteurs de l’agriculture ont souhaité qu’il y ait peut-être une stabilité face aux discours démagogiques, populistes et je dirais même cyniques, qui ont marqué d’une certaine indécence cette assemblée », a rétorqué Bernard Layre.
La chambre d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine était la seule à pouvoir échapper à la FNSEA, ce qui aurait été une première. La CR avait prévenu la semaine dernière qu’un vote défavorable à son candidat « pourrait dégénérer en un véritable chaos ».
On n’a pas besoin d’une situation de chaos
« On n’a pas besoin d’une situation de chaos. Au contraire, on a besoin d’une situation de construction, d’un vrai projet », a répondu le nouveau président FNSEA de la chambre. « C’est beaucoup plus facile d’être dans la critique et un peu moins d’être au boulot. » Pour l’heure, la CR compte demander à ses membres de quitter les structures accusées de les avoir « trahis », à l’instar du Crédit agricole et Groupama, première banque et premier assureur du secteur qui siègent à la chambre régionale.
Au niveau départemental, comme en Gironde ou en Lozère (Occitanie), le vote des différents collèges avait aussi abouti au maintien d’une présidence de l’alliance FNSEA/Jeunes Agriculteurs – première force syndicale au niveau national – pourtant arrivée derrière la CR à l’issue du vote des seuls agriculteurs.
La Confédération paysanne, autre syndicat ayant obtenu près d’une voix sur cinq en Nouvelle-Aquitaine mais un seul élu exploitant à la chambre régionale, appelle de son côté à « une révision de ce mode de scrutin injuste ».
Au niveau national, la CR a effectué une percée avec 30% des voix chez les exploitants, bousculant l’hégémonie historique de la FNSEA/JA, passée sous les 50%.
Acteurs-clés du secteur, les chambres d’agriculture sont des établissements publics qui conseillent et offrent des prestations aux exploitants, tout en représentant les intérêts agricoles auprès des pouvoirs publics.