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« Panzootie inédite » de grippe aviaire : l’ONU veut une réponse coordonnée


AFP le 18/03/2025 à 11:15

Face aux conséquences « dévastatrices » de la « panzootie inédite » de grippe aviaire, l'agence de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a appelé lundi ses membres à amplifier leurs efforts et à envisager la vaccination lors des discussions sur les possibles solutions.

« Le monde fait face à une panzootie (équivalent d’une pandémie pour les animaux, NDLR) inédite d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) (…) et cela nécessite une réponse mondiale coordonnée », a déclaré lundi Godfrey Magwenzi, directeur général adjoint de la FAO lors d’un briefing destiné aux 194 pays membres.

L’inquiétude grandit face à la diffusion particulièrement rapide du virus aux Etats-Unis, parmi les élevages de volailles mais aussi de bovins. Ont été signalés quelques dizaines de cas de transmission à l’homme, dont un ayant entraîné un décès.

Les craintes sont renforcées par l’installation de la nouvelle administration américaine, qui a suspendu certains canaux de communication avec des organisations internationales sur la grippe aviaire et coupé dans ses effectifs de chercheurs et de fonctionnaires dédiés, avant d’en rappeler certains.

Lundi, des cas de grippe aviaire de type H7N9, une des principales souches à l’origine des contaminations humaines, ont été confirmés dans un élevage de poulets dans le Mississippi pour la première fois depuis 2017. La souche H5N1 prédomine pour le moment aux Etats-Unis et une autre souche, H5N9, a aussi été identifiée pour la première fois dans le pays fin janvier.

Prix des oeufs

Les consommateurs américains font face à des pénuries locales d’oeufs. « On a désormais tous entendu parler du prix des oeufs (aux Etats-Unis, ndlr) mais il y a aussi une pénurie d’oeufs utilisés dans la production de vaccins » pour des maladies humaines communes comme la grippe, s’est alarmée Madhur Dhingra, responsable sur la santé animale à la FAO.

Elle pointe aussi l’impact sur la biodiversité, avec la mort de dizaines de millions d’oiseaux sauvages.

« La maladie s’est diffusée dans 124 pays avec des conséquences dévastatrices pour les agriculteurs, la sécurité alimentaire et les économies, ce qui veut dire aussi sur les consommateurs », a ajouté Beth Bechdol, directrice générale adjointe de la FAO.

Sa diffusion « incontrôlée » comporte aussi des risques pour « la santé publique mondiale, la santé humaine et la stabilité économique », a-t-elle ajouté, faisant écho aux craintes grandissantes d’une nouvelle pandémie parmi les experts.

Les deux dirigeants de la FAO ont appelé les gouvernements à « amplifier leurs efforts » à l’échelle nationale mais aussi la concertation avec l’ensemble des acteurs, privés comme publics, dans le cadre d’une approche globale incluant santé humaine, animale et environnementale.

« Certains des donateurs bilatéraux clés, historiques même, changent leurs priorités de financement », a regretté Beth Bechdol, ajoutant que les pays les plus pauvres ne « peuvent porter seuls ce fardeau ».

Vaccination à étudier

« Malgré les différents points de vue sur la vaccination, le sujet doit être inclus dans nos discussions sur les réponses » à la grippe aviaire, a-t-elle par ailleurs plaidé.

Charles Akande, de l’Organisation mondiale des oeufs, lui a emboîté le pas.

Selon lui, l’évolution rapide du virus et ses mutations montrent que « les stratégies de prévention (biosécurité) et de contrôle existantes ne sont plus suffisantes ». « Il nous faut un outil additionnel et cela passe par un accès à des programmes de vaccination efficaces. » Si certains pays asiatiques, comme la Chine, vaccinent des volatiles depuis plusieurs années, cela reste interdit dans de nombreux pays comme le Royaume-Uni ou les Etats-Unis, où des voix s’élèvent pour l’autoriser malgré les inquiétudes pour les exportations.

L’exemple de la France, où l’épizootie a été contenue ces deux dernières années grâce à la vaccination des canards, est souvent cité. Mais le gouvernement a annoncé vendredi qu’il allait réduire sa participation financière aux futures campagnes, ce qui a indigné les filières volaille et canard, qui affirment ne pas pouvoir en porter le coût.

Début mars, la FAO et l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) ont publié une stratégie à horizon 2033 pour une meilleure prévention et gestion de la grippe aviaire. Lundi, la FAO a relayé un appel à candidatures de projets pour que ceux-ci bénéficient d’une nouvelle enveloppe du Fonds de lutte contre les pandémies, géré par la Banque mondiale.