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Semis direct : C. Barois a construit un semoir adapté à ses besoins


TNC le 28/03/2025 à 04:49
SemoirdeChristopheBarois

Le JPC Drill est un semoir à dents auto-porté de 3,4 m de large avec deux trémies de 500 kg. (© Christophe Barois)

D’abord pour des raisons économiques, Christophe Barois, agriculteur dans le Pas-de-Calais, a fait le choix de l’auto-construction pour un semoir adapté à ses besoins et son contexte de production.

« En agriculture de conservation des sols (ACS), le premier levier de réussite, c’est la maîtrise du semis ! » indique Christophe Barois, installé à Herbelles dans le Pas-de-Calais sur une exploitation de grandes cultures de 53 ha. L’agriculteur, aussi double actif, a abandonné le labour il y a 25 ans et transité progressivement vers l’ACS depuis 8 ans. Il est d’ailleurs aujourd’hui le président de l’Apad 62*.

« Dans la réflexion, il faut d’abord penser à son système. Le matériel vient ensuite, précise le producteur. En 2018, il réfléchit à l’acquisition d’un semoir de semis direct, mais personne n’est intéressé au sein de sa Cuma. Avec un voisin et un cousin avec qui il commence à travailler un assolement commun, Christophe Barois se penche alors vers l’auto-construction d’un semoir à dents.

Entre les premières étapes de réflexion et l’étape de finalisation, le chantier dure environ 9 mois pour aboutir au modèle JPC Drill, un semoir à dents auto-porté de 3,4 m avec deux trémies de 500 kg et une cuve pour la fertilisation localisée. 

Ce dernier arbore les initiales de ses trois créateurs : Jean-Luc, Patrice et Christophe. Les producteurs ont choisi « un châssis de cover-crop, enlevé tous les éléments et essayé d’y adapter la cuve. Ils ont également installé des dents de type Stripel achetées sur un vieux déchaumeur, des porte-pointes Bourgault et des pointes fines 16 mm. On a ajouté une roue plombeuse derrière chaque élément semeur pour assurer une bonne stabilité de la profondeur de semis », détaille Christophe Barois.

Pour la construction d’un semoir, il faut « être vigilant sur le calepinage et la chute des graines », note Christophe Barois (© Christophe Barois)

Après plusieurs années d’utilisation, l’agriculteur voit le JPC Drill comme « un semoir plus adapté à la réussite des couverts pour la gestion des pailles ou au colza aussi, il permet de bien dégager la paille des sillons. Il bouleverse un peu plus le sol en revanche, comparé à un semoir à disques ». 

Retrouvez la liste des avantages et des inconvénients du JPC Drill selon ses créateurs et utilisateurs :

Avantages

Inconvénients

Contact terre-graine, sillon épuré de résidus

Bouleversement du sol, flux de terre

Double cuve avec 2 profondeurs de semis (grosse graine et petite graine), inclinaison du châssis

Ratissage (couverts à moins de 4 t MS/ha)

Polyvalence face au climat

Manque de couverture des lignes de semis

Prix

Régularité de profondeur de semis

Qualité de levées des couverts et des colzas

Levée des adventices

Effet sur la minéralisation

« Il faut chercher la simplicité »

Sur le plan économique, les producteurs estiment un prix de revient à 14 600 € et 4 000 € pour l’équipement de fertilisation localisée, soit un total de 18 600 € sans la main d’œuvre et de 26 420 € avec.

Prise en compte du coût de la main d’œuvre, comparaison entre l’entraide et l’intervention d’un mécanicien agricole  :

Estimation selon les tarifs du barème d’entraide

Estimation si le travail était réalisé par un mécanicien agricole

Coût (€/h)

16,71

50

Temps passé (h) (39 h/semaine)

156

156

Pour 3 personnes

468

468

Total (€)

7 820

23 400

Total du coût du semoir avec temps de travail (€)

26 420

42 000

De cette expérience, et pour les agriculteurs qui souhaiteraient se lancer, Christophe Barois retient « qu’il faut surtout chercher la simplicité et ne pas fabriquer une usine à gaz. Il est nécessaire aussi d’être vigilant sur le calepinage et la chute de graines. Plusieurs solutions techniques existent, ne pas hésiter à essayer avant de finaliser. Le semoir idéal n’existe pas ».

Enfin, « il convient de rappeler que ce n’est pas le semoir qui fera la réussite du système, il y participe mais d’autres leviers doivent d’abord être activés », conclut Christophe Barois.

*Apad : Association pour la promotion de l’agriculture durable.