Trump intensifie sa guerre commerciale et taxe l’UE à 20 %

Donald Trump a annoncé cette nuit des droits de douane massifs visant plusieurs pays, dont ceux de l’Union européenne. Emmanuel Macron réunira ce jeudi les représentants des secteurs les plus concernés, notamment l’agriculture et la viticulture.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, au terme d’un « Liberation day » censé marquer le début de « l’indépendance économique » des États-Unis, Donald Trump a intensifié sa guerre commerciale contre le reste du monde, en donnant le détail des droits de douane qui seront appliqués aux produits venant de pays jugés hostiles en matière commerciale.

Avec 46 % pour le Vietnam, 34 % pour la Chine, 32 % pour Taïwan, 31 % pour la Suisse, 26 % pour l’Inde, 24 % pour la Japon, 20 % pour l’Union européenne, 10 % pour le Royaume-Uni, ces droits de douane sont massifs. Ils entreront en vigueur le 5 avril. S’y ajoutera, à partir du 9 avril, un droit de douane plancher d’au moins 10 % qui concernera tous les produits entrant sur le sol américain. Notons aussi qu’une surtaxe sur les voitures importées s’applique depuis cette nuit, et qu’elle sera bientôt étendue aux pièces détachées.

Via ces mesures, la Maison blanche entend renflouer le budget de l’État fédéral, tout en promettant une hausse de la production et une baisse des prix à la consommation… malgré les risques de récession aux États-Unis pointés par de nombreux économistes.

Ces annonces-choc ont notamment provoqué une plongée du dollar et un bond de l’or, dont le cours atteint un record historique. Les bourses européennes et asiatiques ont ouvert en net repli et les cours du pétrole ont dégringolé.

La plupart des pays visés ont plutôt appelé à la retenue et à la négociation avec Washington, tout en annonçant préparer de possibles ripostes. La présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, a ainsi indiqué qu’elle « regrettait profondément » l’attaque américaine et que l’UE travaillait à « un nouveau paquet de contre-mesures » au cas où la voie du dialogue n’aboutirait pas.

L’UE « prête à la guerre commerciale »

« C’est un coup porté à l’économie mondiale, européenne et française », a réagi la porte-parole du gouvernement français, Sophie Primas, sur RTL : « la France répondra avec l’Europe », qui prépare une riposte en deux temps et envisage « d’attaquer les services numériques » américains (Google, Amazon, Facebook…), qui ne sont pour l’instant pas taxés.

Sur les tarifs américains, la France répondra avec l'Europe.

D'abord par la négociation, car nous ne sommes pas à l'origine de ces attaques commerciales. Puis par la riposte s'il le faut, en européens. pic.twitter.com/jG5TQAtCDM

— Sophie Primas (@sophieprimas) April 3, 2025

Pour François Bayrou, interrogé par Public Sénat, la hausse des droits de douane de 20 % imposée aux produits venant de l’Union européenne est une « immense difficulté » pour l’Europe et une « catastrophe » pour les États-Unis.

De son côté, Emmanuel Macron a annoncé réunir, ce jeudi à 16h, les représentants des filières les plus impactées par les mesures américaines : l’aéronautique, l’industrie et la chimie, l’automobile, la pharmacie, le luxe, et les secteurs agricoles et viticoles (Coopération agricole, Ania et FEVS).

La FEVS (Fédération des exportateurs de vins et spiritueux) a d’ailleurs déjà réagi ce matin dans un communiqué : « En France, on peut craindre un recul des exportations d’environ 800 millions d’euros, ce chiffre passant à 1,6 milliard pour l’UE-27. Un tel recul aura un impact énorme sur l’emploi et l’économie du secteur », mais aussi « sur les importateurs, grossistes et détaillants américains ».

Les agriculteurs européens, via le Copa-Cogeca, appellent de leur côté à la désescalade et exhortent l’UE et les États-Unis à privilégier la voie diplomatique.