Produits phytos : la pulvérisation par drone autorisée pour certaines cultures
AFP le 10/04/2025 à 10:01
Des produits phytosanitaires pulvérisés sur des bananeraies et certaines vignes à l'aide de drones : une autorisation en ce sens, très encadrée, a été définitivement adoptée mercredi au Parlement, avec l'appui du gouvernement.
La proposition de loi du député Renaissance Jean-Luc Fugit, déjà adoptée par l’Assemblée nationale, a été approuvée à l’identique au Sénat à 237 voix contre 97, lui assurant une entrée en vigueur rapide malgré l’opposition farouche de la gauche.
Soutenu par le gouvernement qui y voit une « loi de progrès », le texte autorise l’épandage par drone de certains produits phytosanitaires sur les parcelles agricoles présentant une pente supérieure à 20 %, plus précisément dans les cas de bananeraies et de « vignes mères ».
Alors que la loi actuelle interdit toute pulvérisation de produits phytosanitaires par voie aérienne hormis dans des cas très encadrés de « danger sanitaire grave », cette évolution aurait pour avantage, selon ses défenseurs, d’éloigner les travailleurs agricoles de la zone d’épandage ou encore de diminuer la quantité de produits utilisés grâce à une plus grande précision.
Ils s’appuient notamment sur une expérimentation menée entre 2019 et 2021, et les conclusions d’un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), dont l’interprétation diffère selon les camps politiques.
🕹️ La technologie au service de notre agriculture !
Le Sénat ouvre ce soir la possibilité d’utiliser l’épandage par drone. Cette technique d’agriculture de précision permettra :
👉 De protéger efficacement nos cultures
👉 D’améliorer les conditions de travail des agriculteurs… pic.twitter.com/08C788HkAU— Annie Genevard (@AnnieGenevard) April 9, 2025
Un dispositif figurant également dans la loi Duplomb
« Les interdictions brutales nuisent à l’ensemble du monde agricole », or « le progrès technique et notamment l’agriculture de précision sont des alliés fidèles : ils permettent de préserver le même niveau de bénéfice en matière de protection des cultures, tout en réduisant considérablement les risques environnementaux et sanitaires », a plaidé la ministre de l’agriculture, Annie Genevard.
Mais pour la gauche, ce dispositif – certes circonscrit à certains cas – est une manœuvre qui cache son intention réelle. « Il ne s’agit là que d’un cheval de Troie afin d’enterrer à terme le principe d’interdiction de pulvérisation aérienne », a accusé l’écologiste Daniel Salmon.
« Il s’agit surtout de préserver le potentiel agricole. On en revient inévitablement, comme toujours, à la logique productiviste, commerciale et compétitive », a poursuivi le socialiste Jean-Claude Tissot.
Le dispositif adopté par le Parlement figurait par ailleurs quasiment à l’identique dans une autre initiative parlementaire, celle de la loi du sénateur Laurent Duplomb visant à « lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur », que l’Assemblée doit encore examiner. Ce volet sur l’épandage par drone est donc désormais satisfait.