Les marchés agricoles sous influence d’un dollar en baisse


AFP le 16/04/2025 à 19:35
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Mercredi 16 avril, le dollar s'échangeait à près de 1,14 dollar pour un euro, contre moins de 1,05 dollar début mars. (© Vitalii, AdobeStock)

La faiblesse du dollar a influé cette semaine sur les cours des céréales et oléagineux en Europe, où les prix du blé et du maïs ont reculé tandis que les grains américains résistaient grâce notamment à une meilleure compétitivité à l'export.

Dans un contexte de guerre commerciale, le billet vert s’échangeait mercredi à près de 1,14 dollar pour un euro, contre moins de 1,05 dollar début mars, rendant plus attractives les commandes de produits américains pour les acheteurs munis d’autres devises.

« Cette envolée assez violente (de l’euro) pénalise la compétitivité à l’export des céréales européennes, surtout du blé européen et notamment français », qui avait déjà du mal à s’écouler en dépit des faibles volumes de la récolte 2024, souligne Sébastien Poncelet d’Argus Média.

« La Chine n’achète plus à l’extérieur, l’Algérie ne prend plus jusqu’à présent… Ca bouchonne un peu sur le portuaire français, et c’est un élément supplémentaire de pression », ajoute-t-il.

En une semaine, le blé sur Euronext est passé de 219 à 210 euros la tonne, entraînant aussi le maïs, bien que moins fortement, le grain jaune profitant d’un manque de maïs ukrainien.

Mercredi seulement le blé semblait se raffermir, des acheteurs comme le Maroc ayant répondu présents, souligne Damien Vercambre d’Inter Courtage.

Le colza en revanche n’a pas pas été affecté par la situation des changes, profitant d’une offre limitée en fin de campagne.

Demande forte en maïs

Outre-Atlantique, à l’inverse, le blé est resté pratiquement stable, le maïs a largement progressé, tout comme le soja.

« Dans la tempête financière mondiale, les grains (à Chicago) ont plutôt résisté, la baisse du dollar leur redonne de la compétitivité », souligne M. Poncelet.

« La demande de maïs est très forte, tant au niveau national que mondial » et il s’agit d’une céréale « qui, selon les fonds d’investissement, présente le moins de risques de droits de douane de rétorsion », relève Arlan Suderman, de StoneX Financial.

« Après l’annonce des droits de douane, le maïs était stable » alors que plusieurs denrées agricoles, comme le soja, ont réagi à la baisse, rappelle l’analyste. Le maïs apparaît moins menacé du fait de l’accord de libre échange entre les Etats-Unis et le Mexique, importateur important du grain américain.

Les contraintes météorologiques poussent aussi les cours. « La principale culture d’exportation du Brésil, le maïs safrinha, commence tout juste à être pollinisée et présente des risques météorologiques », poursuit M. Suderman.

Aux Etats-Unis, « de nombreux prévisionnistes annoncent des conditions chaudes et sèches dans le Midwest cet été, à l’ouest du Mississippi, ce qui pourrait nuire à la récolte américaine. »

Influence des fondamentaux

Selon lui, le soja est aussi « dans l’attente d’une annonce de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) », concernant un possible renforcement des obligations fédérales en matière de diesel à base de biomasse.

Concernant la prolongation de la guerre commerciale ou des mesures spécifiques visant les denrées agricoles, c’« est un risque constamment présent dans l’esprit des négociants. (Mais) même si le marché se sentira mieux une fois que toutes les questions commerciales auront été résolues », il reste dans l’idée qu’il ne sera pas plus touché qu’actuellement, estime-t-il.

« Avec la suspension des droits de douane par l’administration Trump, les fondamentaux de l’offre et de la demande ont été en mesure d’influer davantage sur l’action des prix à terme aux États-Unis et, en particulier, le rapport WASDE du ministère américain de l’Agriculture (USDA) qui a ramené les stocks de maïs en fin de campagne à moins de 1,5 milliard de boisseaux », ajoute Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting.

Pour M. Vercambre à Paris, on reste « dans un marché qui se cherche parce qu’on est vraiment secoué par Trump, avec le dollar, les Bourses, le pétrole qui intéresse les matières agricoles… Ca peut donner un peu le tournis ».