Chez Damien Bronn, les Simmental affichent des croissances dignes du Charolais


TNC le 18/04/2025 à 05:34
DamienBronn

En contrôle de performance, l'éleveur présente des courbes de croissance comparables à celles des éleveurs charolais de son secteur. (© TNC)

En Alsace, Damien Bornn s’est inspiré des pratiques d’outre-Rhin sur son élevage de Simmental. Sélectionnées non pas pour le lait mais pour la viande, ses vaches affichent des performances de croissances comparables à celles des races allaitantes françaises.

La Simmental est un véritable couteau suisse. Née dans la vallée de la Simme dans les Alpes bernoises, la race originelle était utilisée comme vache laitière, bête de force et race à viande. Cette mixité historique perdure encore aujourd’hui. Si le tracteur a rendu obsolète ses qualités d’animal de trait, ses qualités bouchères demeurent, et ailleurs en Europe, il n’est pas rare de trouver des troupeaux de Simmental élevés pour la viande. Sur le modèle allemand, Damien Bronn a ainsi monté un petit cheptel de Simmental allaitantes sur le village de Gerstheim en Alsace.

« Nous avons un historique laitier » confie l’éleveur. « Mon père avait 25 Simmental laitières en étable entravée. Il a été contraint d’arrêter les vaches en 2008, touchées par la maladie ». Un crève-cœur pour Damien, alors trop jeune pour s’installer. Mais la passion pour la race ne l’a jamais quitté. À tel point que quatre ans plus tard, « mes copains m’ont offert une génisse Simmental ». Un cadeau encombrant, mais qui a ravivé la flamme. « À partir de là, j’ai commencé à chercher des animaux pour monter un troupeau ».

Pas question pour autant de poursuivre l’activité laitière. « J’étais jeune, la reprise du lait aurait demandé de gros investissements et la conjoncture n’incitait pas à partir sur cette voie ». La viande a donc été une option, selon le modèle présent sur les fermes bavaroises ou autrichiennes. Aujourd’hui, la structure compte 22 vêlages, et l’agriculteur espère bien monter à une quarantaine de têtes. « Le projet à terme, c’est d’engraisser toute la suite pour capter la plus-value ».

[bs5slideshow id= »62947″]

Des croissances comparables au charolais

D’autant que les Simmental de Damien n’ont rien à envier aux Charolaises. En contrôle de performance, l’élevage affiche des poids 210 jours à 339 kg sur les mâles. « La moyenne régionale en Charolais tourne autour des 315 kg. On est vraiment sur des courbes de croissances qui se chevauchent », apprécie l’éleveur. Côté femelles, compter 275 kg à 210 jours. Les Charolaises du secteur oscillent entre 250 et 350 kg. Autrement dit, compter un GMQ de 1 140 g pour les femelles de 0 à 8 mois, et 1 300 g pour les mâles. « Les croissances mettent en avant le potentiel laitier des mères » résume Damien. 200 g d’orge broyée viennent compléter le lait maternel dès l’âge de 4 mois, jusqu’à atteindre les 2 kg lorsque les broutards avoisinent les 7 à 8 mois.

Les réformes bouchères affichent quant à elles des poids de carcasse autour des 430 kg pour une conformation R =. « On a un rendement carcasse un petit peu moins bon qu’en Charolaise, mais j’essaie de travailler sur la finesse d’os » précise l’éleveur.

À force de se comparer aux standards des races françaises, on pourrait se demander pourquoi ne pas succomber à des modalités d’élevage plus usuelles. Mais pour Damien, il était important de faire perdurer la Simmental sur la ferme. « Ça aurait été plus simple de prendre des Charolaises, mais ça m’intéressait de sélectionner en Simmental ». Et pour cause, l’éleveur est à la tête d’un troupeau unique en France. « Je travaille beaucoup avec des taureaux étrangers pour avoir des animaux typés viande ». Sur le catalogue Elitest, seul Sam PP trouve grâce à ses yeux. C’est en Allemagne que l’éleveur trouve ses doses d’animaux de la branche « viande » de la race. « J’aime bien Lancelot PP, qui donne des animaux bien trapus. Il y a aussi des taureaux britanniques que je trouve jolis, mais il faut trouver un moyen de faire venir les paillettes ».

Monter un tel troupeau est un travail au long cours. « Cela fait 10 ans que je sélectionne, et ça n’est pas terminé » poursuit Damien. L’aventure est supportée par l’atelier cultures de la ferme. « Mon objectif, c’est de valoriser les 20 ha de prairies permanentes via l’élevage, et de produire les fourrages autant que possible en dérobées ». Sur les 40 ha de cultures de la structure, l’éleveur compte 32 ha de soja en agriculture biologique pour l’alimentation humaine. Une culture de niche, qui permet de récolter du méteil avant les semis. « On est sur un système bio assez intensif, mais le soja est essentiel pour sortir un revenu », assume l’agriculteur.

La valorisation reste le bémol de la race. Car même avec de belles carcasses, la Simmental reste une vache mixte aux yeux des maquignons. « Quand le broutard charolais se vend dans les 5 €, je tourne autour des 4,20 € en Simmental ». On retrouve le même delta sur les réformes bouchères. « J’ai vendu la dernière dans les 5,20 € kg carcasse, j’imagine qu’elle aurait pu dépasser les 6 € si on était sur une race à viande ». Pourtant, la Simmental n’est pas absente des étals des bouchers. « La Simmental allemande, c’est typiquement ce que l’on retrouve en restauration collective… Elle est connue des bouchers de l’Est, il y a un marché pour cette qualité de viande et ces tailles de carcasses ». Un constat qui le pousse à terme à développer l’engraissement sur la structure.