Normes antipollution

SCR, EGR et Fap sur tous les modèles de tracteurs agricoles à l’horizon 2020 ?


Innovations et machinisme le 18/05/2016 à 07:25
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Les normes antipollution en vigueur pour les moteurs agricoles atteindront un nouveau palier à l’horizon 2020, avec la mise en application du Stage V, qui abaisse encore le niveau maximal d’émissions de particules. Une redéfinition des limites qui devrait aboutir à la généralisation des filtres à particules (Fap) sur les tracteurs et autres engins motorisés.

Le mois de janvier 2019 marquera une nouvelle étape dans l’évolution des normes antipollution des moteurs agricoles, avec l’arrivée du Stage V qui diminuera encore le seuil maximal d’émissions de particules autorisé. Pour les tracteurs de 75 à 750 ch, il passera de 25 à 15 mg/kWh, soit – 80 % ! En plus, le comptage des particules selon leur taille deviendra obligatoire.

Effectivement, toutes celles émises par un moteur diesel n’ont pas la même toxicité. Les plus fines restent les plus dangereuses. Jusqu’à présent, elles étaient bien évidemment comptées sans se soucier cependant de leur taille. En revanche, pas de changement prévu au niveau des rejets d’oxydes d’azote (NOx) qui correspondaient déjà, avec le Stage IV (0,4 g/kWh), aux normes actuellement en vigueur pour les poids lourds (Euro 6).

Autre nouveauté du Stage V : la plage de puissance encadrée par les normes est étendue et englobera désormais les moteurs de 750 ch et plus, qui n’étaient pas concernés jusque-là. Toutefois, elle sera un peu moins sévère que pour les autres motorisations, avec des émissions limitées à 45 mg/kWh pour les particules et à 3,5 g/kWh pour les oxydes d’azote.

Reste à savoir quand ces moteurs arriveront sur le marché car, comme pour les étapes précédentes, les motoristes seront autorisés à constituer des stocks. Autrement dit, les fabricants pourront stocker des moteurs à l’ancienne norme pour les monter plus tard, pendant un an seulement.

Autre changement : avec le Stage V, l’Europe prend de l’avance sur les États-Unis qui, pour le moment, n’ont pas prévu de norme équivalente. Avec le Stage V effectivement, un autre paramètre doit être surveillé : le nombre de particules émises. Il ne devra pas y avoir plus de 1 x 10e12 particules par kWh, soit un million de millions de particules maximum. Relèvent de cette nouvelle règle celles de plus de 23 nm. Le filtre à particules risque donc d’être de rigueur sur les engins agricoles.

Dernière modification notable, le Inservice Monitoring ou l’introduction de mesures de conformité en conditions réelles d’utilisation. Concrètement, les moteurs devront être testés sur un banc d’essai mais également au champ.

Passons sous le capot. Après le Stage IV (Tier 4 final), qui a réellement démocratisé les motorisations utilisant un système de dépollution avec AdBlue (catalyseur SCR), le Stage V va imposer le filtre à particules (Fap). Un cadre législatif qui rend désuets les débats, pas si lointains, pour savoir quel est le dispositif le plus efficace entre les moteurs SCR ou EGR (recirculation des gaz d’échappement), avec ou sans Fap. Comme pour les poids lourds, le durcissement des normes implique une convergence des solutions techniques même si, à l’instar d’Iveco (groupe Fiat) sur son marché, certains tractoristes devraient pouvoir se passer de vanne EGR pour adopter l’association SCR + Doc + Fap.

À noter toutefois, si elle augmente l’encombrement, la vanne EGR présente cependant l’intérêt de réduire la consommation d’AdBlue en comparaison d’une motorisation type « SCR only ». Côté portefeuille, les motoristes interrogés prévoient une augmentation du prix des moteurs bien inférieure à celle observée lors du passage du Stage IIIa au Stage IIIb et du Stage IIIb au Stage IV.

Ces contraintes supplémentaires annoncent-elles la fin du règne des motorisations diesel dans le monde agricole ? Pas si sûr. Car avec un nouveau « Stage » tous les trois à quatre ans depuis 1999, le rythme de développement imposé aux motoristes s’avère très rapide.

Trop, diront certains, pour pouvoir étudier réellement (pour le moment en tout cas) des alternatives aux énergies fossiles avec de nouveaux types de motorisation (hybride, électrique, hydrogène).