Des éleveurs aux manettes du changement climatique dans les Mauges
TNC le 26/11/2018 à 05:56
À travers le programme Climalait, initié par l’interprofession laitière, dans 30 micro-régions laitières françaises, des éleveurs ont pu réfléchir à adapter leur système de production, au travers d’un jeu, le Rami Fourrager. Explication dans la région des Mauges.
« Ensiler une partie des céréales ou les valoriser à travers des rations paille alimentaire + grain, maintenir ou développer la luzerne, mettre en place davantage de couverts hivernaux (ray gras, seigle, triticale) récoltés tôt soit avant le semis du maïs, mettre en place de la betterave à distribuer ou faire pâturer, déléguer l’élevage des génisses, garder un deuxième troupeau (taurillons) qu’on pourra éventuellement réduire face à un aléa, etc. », telles sont quelques-unes des multiples solutions qu’ont trouvé, ensemble, éleveurs et techniciens dans la région des Mauges (Maine-et-Loire) lors d’une partie de Rami fourrager, ce « serious game » inventé par l’Institut de l’élevage.
Cette réflexion rentre dans le cadre du programme Climalait, initié par le Cniel, dont le but est d’évaluer l’impact du changement climatique sur les différents systèmes d’élevage et de fournir des pistes d’adaptation.
30 micro-régions ont été ainsi analysées et la région des Mauges a livré ces résultats en avant-première. Pour ce faire, il a fallu réaliser un exercice de prospective quant à l’évolution du climat dans la zone. Plusieurs modèles ont été utilisés pour des prévisions à l’horizon 2030-2060, voire plus.
Du micro-climat à l’évolution des systèmes d’élevage
Il ressort de ces modèles que, dans les Mauges, « les températures moyennes sont en augmentation sur les dernières décennies et dans le futur, notamment en ce qui concerne les maximales. Au printemps, cette augmentation pourrait permettre d’avancer la mise à l’herbe. En été, elle se traduirait par une augmentation des épisodes caniculaires, qui impliquent un arrêt de la croissance voire la mort de certaines espèces prairiales, et un stress thermique plus ou moins marqué chez les animaux. Les précipitations sont variables d’une année sur l’autre, et cette variabilité se retrouve dans le futur », selon les résultats de l’étude.
Cette évolution se traduit sur le plan agricole par « un démarrage en végétation plus précoce accompagné de bonnes conditions au printemps, qui permettent d’avancer la mise à l’herbe, les premières coupes et les semis des cultures de printemps. Conséquence de l’augmentation des températures, les rendements restent stables voire en légère hausse pour ces coupes précoces, malgré un cycle de croissance raccourci. »
Des surprises dans les résultats
L’étude décrypte l’évolution par saison : « En été, l’augmentation du déficit hydrique se traduit par un ralentissement de la croissance de l’herbe plus marqué et plus long. En revanche, la reprise automnale pourrait se prolonger en fin de saison. En ce qui concerne le maïs, on observe une avancée des dates de floraison et récolte, pour des rendements stables ou en légère hausse. La variabilité inter-annuelle des rendements reste importante, notamment sans irrigation ».
À l’aide d’une typologie des systèmes de production, les éleveurs ont ensuite réfléchi à faire évoluer leur exploitation, riches de ces données. Cela a également permis de soulever quelques interrogations, notamment face à la gestion de l’eau et de faire certains constats. Ainsi, « la production sous cahier des charges AB est moins facile à réguler face à des aléas climatiques majeurs : les achats étant extrêmement coûteux […] La sécurisation du système est plus facile à raisonner sur un enchaînement de deux ans que sur la seule campagne en cours. ».