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[Sécheresse] Blé, maïs, foin...

Les agriculteurs auvergnats inquiets après une récolte catastrophique


TNC le 23/08/2019 à 12:05
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« Aujourd'hui, rien ne pousse. Si demain ça continue, c'est le désert et la fin de l'agriculture en Auvergne », comme Marion Vedel, agricultrice à Solignat (Puy-de-Dôme), exploitants et professionnels s'inquiètent pour leur avenir après la faible récolte due à la sécheresse.

À l’inverse du reste de la France, où les producteurs de blé et autres céréales ont globalement réalisé une bonne année, les récoltes en Auvergne se sont révélées décevantes.

Lors de son bilan de la moisson 2019, le président de l’Association générale des producteurs de blé (AGPB), Éric Thirouin a d’ailleurs déclaré : « J’ai une pensée pour nos confrères de la Limagne, touchés par la sécheresse depuis de nombreux mois et qui ne peuvent donc pas partager aujourd’hui notre satisfaction ».

En effet, en Limagne, plaine de grandes cultures située au cœur du Puy-de-Dôme, le rendement moyen du blé s’établit à 50 quintaux par hectare contre 60 habituellement, a indiqué à l’AFP la coopérative Limagrain, qui regroupe 2 000 adhérents.

« L’impact financier sera malheureusement fort pour les exploitations car le produit brut pour un blé standard à 50 quintaux par hectare ne permet pas de couvrir les charges opérationnelles et les charges fixes », ajoute le semencier. Selon ses propres relevés météo, la pluviométrie sur les 12 derniers mois a été de 380 millimètres en Limagne contre 600 mm habituellement.

Particularité de l’Auvergne : la région subit sa deuxième sécheresse estivale consécutive « après un hiver et un printemps très secs sur toute sa partie centrale, du sud de l’Allier au nord de la Haute-Loire », explique David Chauve, président de la FDSEA du Puy-de-Dôme.

Certaines exploitations « ont fait des récoltes à 15 quintaux l’hectare »

« Mes parcelles peinent à dépasser les 45 quintaux à l’hectare en blé tendre, alors que mon rendement moyen était de 60 quintaux l’année dernière », témoigne Mathieu Trillon, céréalier dans le Puy-de-Dôme.

Dans le sud de la Limagne, certaines exploitations « ont fait des récoltes à 15 quintaux l’hectare », selon Nicolas Coudrey de la chambre départementale d’agriculture. « Les pertes sont conséquentes. Globalement, c’est historique : nous n’avions pas des pertes aussi importantes, même les années exceptionnelles », assure-t-il. Quant aux autres cultures, elles ne devraient pas être meilleures : « les maïs ont manqué d’eau comme partout en France ». « Ils ne sont pas beaux et doivent parfois être détruits. Mais ici, les exploitants ne pourront pas se rattraper sur le blé », souligne Adeline Juvion, de la FDSEA du Puy-de-Dôme.

Barrage à sec

Conséquence spectaculaire de cette sécheresse : le barrage de la Sep, dans le nord du département, construit en 1994 pour l’irrigation de quelque 200 exploitations de la Limagne, est à sec depuis le 20 juillet, une situation habituellement constatée à l’automne. « C’est une première depuis la construction du barrage », relève Michel Cohade, lui-même agriculteur et président du syndicat mixte pour l’aménagement de la Haute-Morge, qui gère le barrage, ajoutant qu’une réflexion est en cours « pour sécuriser le remplissage ». « Nous ne pouvons plus irriguer et c’est une catastrophe pour toutes les récoltes : blé, colza, maïs, betteraves, légumineuses », détaille Michel Cohade.

À Solignat, dans le sud du département, Marion Vedel estime justement avoir été « sauvée » par l’irrigation. Mais « on a récolté moitié moins de blé qu’une année normale, 70 % de foin en moins et 30 % de maïs en moins », déplore l’exploitante qui élève par ailleurs près de 1 000 brebis.

La récolte des betteraves à l’automne s’annonce tout aussi mauvaise : « on devrait perdre entre 30 % à 40 % », estime-t-elle. Comme d’autres cultivateurs également éleveurs, elle récupère habituellement la pulpe de ses betteraves (après l’extraction du sucre) pour nourrir ses animaux : « on ne pourra pas compter là-dessus cette année pour pallier le manque de foin », regrette-t-elle. En attendant, elle n’agrandira pas son troupeau comme prévu et se tourne vers des cultures comme l’avoine et le trèfle qui ont l’avantage de pousser plus vite, pour remplacer le fourrage.

Le département du Puy-de-Dôme est en situation de crise sécheresse depuis plusieurs semaines. Le 1er juillet dernier, le ministre de l’agriculture a aussi mis en œuvre une procédure dite de « cas de force majeure », pour permettre aux éleveurs d’utiliser « leurs jachères pour assurer l’alimentation de leur troupeau ».