Été 2019, troisième été le plus chaud en France
TNC le 09/09/2019 à 08:09
Comme en 2018, 2019 a connu un été particulièrement chaud, ensoleillé et sec, bien qu’un chouia moins que l’an dernier. Frédéric Decker, météorologue à MeteoNews, dresse le bilan du mois d’août et de l’été.
Le mois d’août aura été le mois le moins chaud de l’été 2019 côté excédent thermique, celui-ci se réduisant à 1,1 degré au dessus de la moyenne 1981-2010 (contre + 1,7 en juin et + 2,1 degrés en juillet). La chaleur très présente a connu une semaine d’interruption en milieu de mois pour le long week-end du 15 août. Avec une moyenne nationale mensuelle de 21,2 degrés pour une normale de 20,1 degrés, août 2019 se situe en sixième position des mois d’août les plus chauds derrière 1991 (21,3), 2018 (21,6), 1947 (21,7), 1997 (22,1) et surtout 2003 (23,9 degrés).
La température moyenne saisonnière nationale calculée sur 170 stations atteint précisément 21,02 degrés, positionnant l’été 2019 en troisième place des étés les plus chauds derrière 2018 (21,15 degrés) et 2003 (22,24 degrés). Il s’agit du troisième été consécutif dépassant 20 degrés de moyenne, une première ! En tous cas depuis au moins 1946, date des premiers relevés météo départementaux.
Avant 2017, 18 et 19, il n’y avait jamais eu… deux étés consécutifs au-dessus de ce seuil ! Cette chaleur omniprésente ces trois derniers étés s’inscrit clairement dans le contexte de réchauffement climatique observé en France ces 40 dernières années. La chaleur s’est installée à partir de la mi-juin après une première quinzaine un peu fraîche. On notera deux pics caniculaires record, fin juin avec 46 degrés dans le Gard, nouveau record absolu national, et fin juillet avec plus de 40 degrés au nord de la Loire dont 42,6 degrés à Paris, record parisien absolu depuis au moins 360 ans !
Sécheresse
La longue sécheresse, débutée l’été 2018, s’est éternisée cet été 2019 avec deux mois sur trois sous les normales : juillet et août. Juin est resté dans les clous (55 mm pour une normale de 54 mm) grâce aux orages de la première quinzaine. La sécheresse de juillet (34 mm pour 48 mm) s’est poursuivie en août avec un total mensuel moyen national de 41 mm pour une normale de 51 mm, soit un déficit de 20 %. Ce chiffre reste loin du record du mois d’août le plus sec, à savoir 1991 et ses 21 mm. Sur ces trois mois d’été, la France a reçu 130 mm pour une normale de 153 mm, soit un déficit de 15 %.
Quinze étés ont été plus secs que cette année depuis 1946, en particulier l’été 1989 qui n’avait reçu que 84 mm en moyenne en trois mois. L’été 2019 est le cinquième été consécutif sec, faisant suite à un été 2014 très arrosé (212 mm). Entre 1983 et 1990, huit étés sur neuf avaient été trop secs à part 1987, avec une série particulièrement difficile de 1988 à 1991 ! Les cinq saisons consécutives en cours sous les normales pluviométriques ne sont pas inédites non plus, déjà vu récemment entre l’été 2016 et l’automne 2017 (6 consécutives), entre l’été 1988 et l’automne 1989 (6 consécutives).
La sécheresse de surface marquée à exceptionnelle selon les régions a temporairement reculé en août au gré des pluies et des orages, notamment au nord et à l’est. La sécheresse en profondeur reste relativement limité malgré le manque d’eau récurrent, et a contrario plus marquée dans l’est que dans l’ouest ! La Corse s’en sort même avec des nappes phréatiques excédentaires.
Beaucoup de soleil
Comme juin et juillet, août 2019 conserve un bon niveau en ensoleillement, dans une moindre mesure tout de même. Le début et la fin du mois ont connu de belles périodes de lumière, alors que le milieu de mois était temporairement plus sombre. Au final, l’astre du jour s’est montré durant 258 heures dans le mois sur l’Hexagone pour une moyenne 1981-2010 de 242 heures, soit un petit excédent de 7 %. Sur les trois mois d’été, du 1er juin au 31 août, la France a reçu 844 heures de soleil pour une normale de 735 heures, soit un surplus de 15 %.
L’été 2019 dépasse l’été 2018 qui comptabilisait 825 heures d’ensoleillement. Depuis 1946, cinq étés ont été encore plus lumineux que 2019, et il faut remonter à 1976 pour trouver un chiffre au moins équivalent avec 882 heures. Les quatre autres étés devant 2019 sont 1962 (862 heures), 1959 (865 heures), 1952 (849 heures) et surtout 1949 qui maintient son record (911 heures).
Qui dit chaleur dit orages… Eh bien non, pas toujours ! Cet été 2019 a au contraire été particulièrement peu orageux avec 196 000 impacts de foudre sur les trois mois pour une normale de 336 000, soit un gros déficit de 42 % ! Il s’agit de l’été le moins orageux en France depuis 2000 (début des relevés fiables des impacts de foudre) et de l’année en cours la moins orageuse : 221 000 impacts seulement du 1er janvier au 31 août, c’est à peine plus de la moitié de la normale (403 000). Les masses d’air sec et les contrastes thermiques peu marqués expliquent ce manque d’orages.
Un été donc « estival » si l’on s’en tient à l’image d’Épinal de l’été, mais réellement très chaud, sec et très ensoleillé. Le deuxième consécutif de ce type, un peu à l’image des étés 1989 et 90, mais en plus chaud avec une ribambelle de records absolus, battant l’été 1947 ! Une chaleur une fois de plus au sommet dans un contexte de réchauffement climatique indéniable !
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