Améliorer ses surfaces prairiales en 5 points
TNC le 03/12/2019 à 10:37
Les prairies assurent des fonctions essentielles pour l'environnement : gestion de l'eau, stockage de carbone, biodiversité... Une bonne gestion est primordiale pour leur productivité. Cela passe par l'élimination des causes de dégradation, l'introduction de nouvelles espèces, la fertilité, le mode d'exploitation et l'aménagement des parcelles.
« Sur les 10 millions d’hectares de prairies naturelles en France, au moins la moitié ne pourront jamais être des terres, à proprement parler, cultivées. Les graminées et les légumineuses fourragères sont cependant capables de valoriser ces espaces pour l’alimentation humaine, par l’intermédiaire de l’animal », rappelle le Gnis.
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Ainsi, les prairies ont leur importance et leur productivité en va d’une bonne gestion. L’interprofession dresse alors les 5 points pour l’amélioration des surfaces prairiales :
Connaître et éliminer les causes de dégradation de la prairie
Les causes possibles de dégradation d’une prairie sont multiples :
- surpâturage ou fauche trop rase
- sous pâturage
- piétinement en mauvaises conditions
- absence de déprimage
- fertilisation mal raisonnée
- flore mal adaptée à l’objectif d’utilisation
- sénescence naturelle
- négligence : fumier mal émietté ou rouler sur herbe gelée par exemple
- accidents : gelée, sécheresse, inondation exceptionnelles
- activité biologique du sol ralentie
Choisir et introduire de nouvelles espèces
Le choix des espèces se fera en fonction des contraintes pédoclimatiques de la parcelle, de l’itinéraire cultural et du mode d’utilisation prévue (fauche, pâturage ou les deux). Pour nous aider, l’interprofession met à disposition de tous un outil de choix des espèces (prairies-gnis.org) et un autre sur les variétés (herbe-book).
Selon l’état de dégradation de la parcelle, on choisira d’améliorer ou de rénover la parcelle avec ou sans destruction. Ainsi, le choix se fera entre sursemis ou semis d’une nouvelle prairie. Les experts du Gnis rappellent les règles essentielles à la réussite de l’implantation : chaleur suffisante, humidité, bon contact terre-graine (enfouie à 1 cm) puis un accès facile à la lumière pour les premières feuilles afin de permettre aux jeunes plantules de faire de la photosynthèse.
Fertilité et vie du sol
« La fertilité est d’abord liée à l’activité biologique du sol qui, elle-même, est liée au pH et aux échanges d’air entre l’air atmosphérique et l’air du sol. Une trop forte accumulation de matières végétales peut former une barrière étanche à ces échanges gazeux. Le hersage, en réduisant cette litière, peut permettre de restaurer une bonne activité biologique et faciliter l’activité des vers de terre. Ces derniers assurent des fonctions essentielles. Ils brassent les différents horizons du sol et leurs galeries aèrent, drainent et favorisent l’enracinement profond. »
« Avec l’activité biologique, des amendements peuvent être envisagés sous forme organique ou minérale. Il ne faut pas oublier que pour chaque tonne de matière sèche produite, il a fallu 25 unités d’azote, 8 unités de phosphore et 28 unités de potasse. Il ne s’agit pas là d’une préconisation d’apport ! Il faut tenir compte de la restitution des déjections des animaux, de leur répartition et enfin de la présence de légumineuses. »
Adapter le mode d’exploitation
Le mode d’exploitation est à prendre en compte pour le choix des espèces mais il est aussi à prendre dans l’autre sens : une fois la prairie implantée, il faut parfois s’adapter. « Il est plus facile d’éviter une dégradation grâce à une bonne conduite de la prairie plutôt que de la récupérer par la suite. »
L’alternance fauche-pâture est toujours bénéfique pour la qualité de la prairie. L’intervalle entre les phases d’exploitation est également important : si trop court, cela dégradera la qualité de la prairie. En pâturage tournant dynamique, Aurélien Dubos (27) témoignait dans un reportage : « On compte une trentaine de jours de repos avant de revenir dans une parcelle. »
Certaines pratiques ont aussi de l’influence sur l’évolution de la végétation, comme le temps de présence des animaux, provoquant soit une surconsommation ou une sous consommation. Sur ce point, le broyage des refus peut être envisagé.
Aménager les parcelles
Pour le pâturage, l’aménagement des parcelles est déterminant. En ce qui concerne les chemins, mieux vaut les stabiliser (compter environ 6 €/m2 pour un chemin en cailloux et tout venant contre 15 €/m2 pour béton + cailloux et tout venant). La largeur sera à définir selon le nombre d’animaux (on préconise souvent 3 à 4 m de large pour 50 vaches).
Certains vont plus loin qu’un simple chemin : au Gaec de la Petite Ronde (85) par exemple, la construction d’un boviduc a rendu la surface accessible de 7 à 39 ha. Et les associés ne semble pas regretter leur investissement de 50 000 €.
C’est souvent l’eau le plus gros casse-tête. « J’ai seulement 2 points d’eau dans les chemins d’accès mais l’optimum serait que les vaches aient accès à l’eau dans tous les paddocks », témoignait Jean-Baptiste Carrié (12) dans une vidéo sur le pâturage de son troupeau de Limousines. Si l’idéal est d’avoir un bac dans chaque parcelle, on peut au moins se servir d’un point d’eau pour deux. Le couloir n’est pas non plus la solution (piétinement, concentration des bouses, risque de sous-consommation). Les petits bacs à fort débit sont à privilégier pour les déplacer d’une parcelle à l’autre sans trop de difficultés.